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Les Sables-d’Olonne Vendée. Municipales 2ème Tour: rencontre politique avec Yannick Moreau





Interview du jeudi 25 juin 2020

Les Sables-d’Olonne Vendée. Municipales 2ème Tour: rencontre politique avec Yannick Moreau

 

Le Reporter sablais: Sécurité – Les forces de Police municipale et le nombre de caméras ont été augmentées. Quel est le bilan que vous en faites ?
Yannick Moreau: Il y a eu un effort particulier pour les moyens de sécurité en 2019 en matière de ressources humaines avec des policiers supplémentaires, deux maîtres-chiens et des caméras de vidéo-protections. Cela a porté ses fruits en 2019 puisqu’on a eu une baisse des agressions physiques là où il y en a habituellement l’été, sur les quais, la plage et le Remblai durant la nuit.
En 2019 également, les résultats n’étaient pas très bons pour les cambriolages, sur le plan local mais aussi au niveau national. C’est un point que l’on entend gérer grâce à des caméras positionnés sur les axes principaux, les enregistrements pouvant alors servir aux autorités judiciaires dans le cadre d’une réquisition. Il ne s’agit donc pas d’un contrôle permanent par des agents de police mais d’une faculté mise à la disposition de la justice afin de confondre des délinquants, des auteurs de cambriolages.
Cette année, avec la période de confinement, il y a eu moins de délinquance. Nous sommes en net recul en terme d’infractions par rapport à 2019, mais l’été arrive…
Le mois de juin est toujours délicat car la population présente est en augmentation et nous n’avons pas encore reçu les renforts habituels qui arrivent le 1er juillet. Les ASVP permettent de soulager les policiers municipaux qui peuvent alors se concentrer sur certaines tâches de sécurité et sur des tranches horaires élargies.
Pour les caméras, nous avons fait une demande d’autorisation pour 60 sites d’implantation (ce sont une vingtaine de caméras qui pourraient être budgétées dès 2020); la réponse de la Commission dédiée a du retard en raison du décalage dû au Covid. Les caméras ont leur utilité; on en aurait eu sur certains zones aux Plesses, on aurait plus facilement régler certains problèmes récents liés aux gens du voyage. Sur la place du palais de Justice, c’est un réel besoin. On va en installer une à l’Île Penotte où cela devient nécessaire. Les caméras ont un effet dissuasif indiscutable.

LRS: Qu’en est-il du projet de Centre de supervision urbain ?
YM: Une évolution importante en matière de sécurité sera obtenue quand on pourra mettre en place le Centre de supervision urbain (NDLR: qui permet un contrôle régulier et en Live par écrans) qui sera installé dans le nouvel Hôtel de Police municipale qui va voir le jour début 2021 à la place de la Pépinière d’entreprises. L’idée est de mutualiser ce Centre de supervision entre la Police municipale et la Police nationale. A terme, j’espère que l’on pourra aller vers un Hôtel de Police commun aux deux polices. Mais l’urgence était d’abord de permettre de bonnes conditions de travail pour les policiers municipaux.

LRS: Dans votre document de campagne vous faites référence à la résolution de trois conflits: le projet de médiathèque, le dossier de la route littorale, et le projet de l’ancien Tabarly. Qu’en est-il de ce dernier projet ?
YM: La démolition du lycée est en cours. Le projet initial d’un promoteur privé prévoyait 60 logements. Un compromis a été trouvé avec l’Etablissement Public Foncier (EPF) de Vendée; il y aura finalement une petite trentaine de logements pour des jeunes ménages, mais dans le respect du caractère de l’urbanisation de ce quartier. C’est d’ailleurs la vocation de l’EPF. Un très vaste espace vert public de plusieurs milliers de mètres carrés en plein cœur de La Chaume est prévu dans le projet. Il reste encore à définir les emplacements nécessaires pour de nouvelles places de stationnement, tellement utiles à cet endroit.

LRS: Les parkings. Un nombre restreint de stationnement est passé en gratuit certains jours afin de faciliter l’accès aux commerçants du centre ville. Mais certains souhaiteraient des zones bleues d’une durée de 3 heures pour accéder à la plage ou pour avoir le temps d’aller au restaurant et se promener. Envisagez-vous ce genre d’évolutions pour tout le Centre ville?
YM: Le problème des parkings c’est qu’on doit aborder ce sujet de manière globale. On ne réglera pas les conditions de stationnement, on ne rendra pas celui-ci attractif et lisible si on ne peut proposer une offre globale à la fois sur les espaces publics actuels de stationnement mais aussi sur ceux concédés à Indigo. Nous avons besoin d’une renégociation avec Indigo pour avoir une réponse cohérente permettant de se garer plus facilement en centre ville. Prenons un exemple: pouvoir se garer gratuitement sur le port de pêche tard dans la saison et durant les vacances scolaires n’est pas forcément une bonne chose car cela facilite le stationnement de voitures ventouses et gêne donc les facilités de parking pour l’accès au centre ville et aux commerces.

LRS: C’est l’intérêt d’une zone bleue, qui permet d’avoir un peu de temps pour le stationnement mais oblige une rotation des voitures.
YM: Oui, mais l’installation d’une zone bleue c’est en parallèle une perte de recettes de stationnement, ce sont donc les finances publiques qui payent cette facilité. Des recettes municipales disparaissent. Il ne faut pas oublier que le budget de la Ville doit s’appuyer sur un équilibre fragile entre les recettes et les dépenses.  Les aides au stationnement doivent répondre à un cycle vertueux: apporter une dynamique pour les commerçants grâce à un stationnement facilité tout en restant raisonnable d’un point de vue économique et financier. En plus cette année, nous allons avoir les répercussions financières liées à la crise du Covid, avec des impacts les années suivantes en raison de baisses de rentrées fiscales.
On ne peut pas toujours raser gratis! Qui paye lorsque des projets de gratuité sont proposés ici ou là ? Ce sont les contribuables et non plus les usagers ! Et comme il faut un équilibre budgétaire, quels services doit-on supprimer pour assurer en échange la gratuité des parkings ou des bus ? Je ne suis pas sûr que ce soit une voie raisonnable.

LRS: Navettes électriques de bus: beaucoup louent leur succès. Mais des candidats aux Municipales estiment que c’est toute la mobilité aux Sables d’Olonne qu’il faut revoir et notamment les cadences. Si l’on veut réduire la place de la voiture, il semble nécessaire de revoir des lignes, des cadences. Qu’est-ce qui empêche cette évolution ?
YM: Je n’ai jamais entendu deux candidates aux Municipales demander ces changements lorsqu’elles étaient en responsabilité au Conseil municipal précédent ou au Conseil d’Agglo.
Or, il y a une Délégation de service public (DSP) qui a été accordée pour six années depuis 2019. On peut certes apporter des corrections au schéma global des lignes et des cadencements mais on ne peut pas revoir l’ensemble du dispositif.
C’est encore une fois une question d’argent public. Deux fois plus de cadences, c’est deux fois plus cher ! Qui devra alors payer ? Encore une fois le contribuable! Il faut savoir rester raisonnable.
Notons que les transports publics urbains Oléane, qui ont obtenu cette DSP, ont vu une augmentation de 20% de leur transport passager. Le transport public n’a pas encore une place suffisante dans l’Agglomération mais nous sommes dans une évolution positive puisque chaque année depuis cinq ans l’évolution du nombre de passagers se situe entre +10 et +20%.
Il y a aussi de plus en plus de Sablais qui utilisent un vélo, c’est heureux et nous l’encourageons avec des primes attribuées pour l’achat d’un vélo électrique neuf. Et un Plan vélo a été lancé avec un projet de 25 km de pistes cyclables en ville dans les six années à venir.


LRS: La place des piétons. Des habitants regrettent un manque de place accordée aux piétons dans les réalisations de voirie, avec des trottoirs étroits, une trop grande place donnée aux voitures – ou aux pistes cyclables sur des trottoirs – et l’absence de passage en voie piétons de rues comme la rue des Halles ou la rue de l’ancienne sous-Préfecture. Alors que dans d’autres villes davantage de rues sont transformées au profit des piétons.
YM: Qu’il faille plus de place pour les piétons en ville, bien sûr on est tous d’accord là-dessus. Mais l’enjeu est de faire cohabiter les différents usages: le piéton qui doit avoir plus de place, le vélo qui doit avoir plus de place, le transport public qui doit avoir plus de place.
Mais on ne doit pas vivre non plus dans l’utopie. On a aussi besoin de faire circuler les voitures et que chacun puisse utiliser son moyen de locomotion correctement.

LRS: Navettes fluviales. Deux nouvelles navettes voient le jour. Cela va-t-il changer les choses car en très forte saison il y a des attentes pour les passeurs.
YM: Il y en avait avec les anciennes navettes. L’année dernière celles-ci, depuis le ponton du Vendée Globe, étaient prévues toutes les heures pour des raisons d’autonomie de batteries.
Une heure c’est long. Cette année, les deux nouvelles navettes auront des batteries nouvelles et des panneaux photovoltaïques, elles pourront donc tourner toutes les demi-heures.
Pour les passeurs quai de La Chaume / quais des Sables, les passages sont en continu. Et pour des raisons de sécurité maritime, il serait difficile de rajouter encore des navettes de passeurs.

YM: Plan Forêt 2050. N’est-ce pas un peu électoraliste de proposer ce plan juste avant les élections ? L’écologie est à la mode, vous n’êtes pas le seul à « verdir » un programme, d’autres candidats le font aussi…
YM: L’idée est ancienne. Le projet décidé publiquement peut apparaître nouveau mais l’idée est ancienne. Et c’est parce qu’on a réussi à fusionner Les Sables, Olonne et Le Château, qu’on a eu la dimension suffisante et cohérente pour porter un projet de cette envergure. Si Olonne-sur-Mer l’avait lancé sur son seul territoire municipal, ça n’aurait pas servi à grand chose alors qu’en plus elle disposait de la forêt d’Olonne. On aurait pu planter sur une dizaine d’hectares sur les rives de la Vertonne, guère plus, et cela avait un intérêt limité en raison des 1000 hectares de la forêt d’Olonne. La vraie pertinence d’un projet de cette ampleur là c’était à l’échelle de la Ville nouvelle. On a commencé à y travailler sur un plan purement technique au printemps 2019, donc après la fusion.
Cela correspond aussi à une nouvelle approche de la future urbanisation de la Ville. Au lieu de fonder l’urbanisation future sur une logique d’extension et d’expansion continue, la nouvelle équipe municipale a affirmé comme principe une auto-limitation en surface de développement, la priorité n’étant pas aux hectares construits mais aux hectares plantés. Et cela concorde avec le projet de lancement du PLUi début 2020 avec les quatre autres communes de l’Agglo. Le Plan Forêt sera inséré dans le futur PLUi.

LRS: Poursuivons sur l’urbanisme et parlons par exemple de l’avenue François Mitterrand qui mène à Olonne-sur-Mer (ainsi que de l’avenue de Gaulle). C’est quand même un échec visuel et architectural. Des constructions peu esthétiques, au ras de la rue, peu en phase avec ce que l’on pourrait attendre d’une ville balnéaire, et en plus sans végétation qui pourrait atténuer la vision de matériaux modestes. A quoi doit-on ce manque de réussite ? Un manque de contrôle, une absence de souci esthétique des architectes ?
YM: Les règles d’urbanisme à Olonne-sur-Mer, aux Sables d’Olonne et au Château sont obsolètes, elles ont été mises en place il y a dix ans. On espérait mettre en place de nouvelles règles il y a 5 ans s’appuyant sur des contraintes qualitatives, avec une plus grande végétalisation, tout en permettant de loger les jeunes familles. Mais, il y a 5 ans, alors que nous voulions adopter de nouvelles règles d’urbanisme à partir de 2017, le transfert de la compétence vers l’Agglo avec la création d’un PLUi a été refusé (NDLR: Les Sables d’Olonne et l’Ile d’Olonne ont empêché ce transfert pour des raisons essentiellement politiques).
On vit donc aujourd’hui encore avec des règles dépassées.
Pour les opérations immobilières sur l’avenue François Mitterrand, il est indiscutable qu’elles n’ont pas la qualité dont on rêve dans une ville balnéaire comme la ville des Sables d’Olonne. C’est indéniable et il y a beaucoup à dire sur la qualité esthétique de ces opérations.
Il faut cependant avoir à l’esprit que dans le document d’urbanisme qui date d’il y a dix ans, l’Etat nous obligeait à une densité moyenne de 25 logements par hectare. Or de nombreux habitants souhaitent vivre dans une maison individuelle, donc avec une surface foncière importante contraignant à compenser avec des logements collectifs; ceux-ci sont cependant à taille humaine, en R+2.
Dans le PLU qui date d’il y a dix ans, et que j’ai voté mais qui est désormais dépassé, on a voulu limiter la consommation d’espaces naturels et agricoles afin de les préserver. Et pour cela, en dehors de grandes opérations spécifiques, on a défini deux seuls lieux où il serait possible de construire en R+2, ce sont l’avenue François Mitterrand et l’avenue de Gaulle. Cette logique a permis de continuer à construire des habitations au sein même des zones urbanisées sans étaler les constructions sur des espaces naturels ou agricoles dans la volonté de préserver l’avenir.

LRS: Mais l’esthétisme, il y a bien des moyens de contrôles sur les projets architecturaux ?
YM: Je mesure depuis que je suis maire d’une ville de 45.000 habitants, que nous avons beaucoup plus de poids, vis-à-vis des architectes et des promoteurs, pour être exigeant sur la qualité architecturale. Bien plus que je ne pouvais le faire comme Maire d’une ville de 13.000 habitants, à Olonne-sur-Mer.
Le PLU oblige à respecter des règles, mais certains éléments architecturaux peuvent rentrer dans ces règles du PLU sans que nous soyons en droit de les refuser. Et puis pour certains constructeurs il y a la loi de la rentabilité financière. C’est là où le poids d’une grande ville peut permettre d’influer sur ces choix esthétiques.
Les récentes constructions ont fait l’objet de permis anciens. Depuis 18 mois, depuis la fusion, les permis de construire sont déjà beaucoup plus exigeants. Cela sera visible dans les constructions à venir.

LRS: Aspects culturels. Une belle nouveauté avec les Folles Journées. Toujours de grands événements mais, malgré tout, bien souvent du nautisme. On se réjouit de ces fêtes du nautisme. Mais là aussi un équilibre est nécessaire. Réfléchissez-vous à d’autres vecteurs artistiques, culturels, historiques, comme des Festivals de BD, de cinéma etc….?
YM: Notre objectif était de faire des Sables d’Olonne une ville de culture, d’art et d’histoire. Cela se traduira par plein de manières différentes: la création d’un Musée de la Mer, d’un Conservatoire de théâtre qui viendra compléter le Conservatoire de musique, la mise à disposition de la Bibliothèque maritime de la Villa Chailley etc…
Sur le plan des événements, les Folles journées sont un symbole d’un virage pris par la Ville des Sables d’Olonne pour accueillir des événements qui ne soient pas seulement nautiques.
On réfléchit à des événements culturels de nature littéraire et aussi à faire rayonner notre Musée d’art moderne qui est une pépite mais qui est méconnu des Sablais et relativement méconnu du grand public national. Il y a là un potentiel de développement et de rayonnement culturel dont nous voulons tirer partie.
En 2020, on aurait dû voir naître un nouveau festival, au Prieuré, un festival de Jazz « Swing aux Sables » qui devait avoir lieu à la mi-septembre et qui a été annulé en raison de la crise sanitaire. Il verra le jour en 2021. A l’automne, on doit accompagner un nouveau festival d’art, « le Vendée Art Show » aux Atlantes, qui aura un fort rayonnement régional.
On poursuit cette orientation afin de consolider notre statut de ville de culture, d’art et d’histoire.
En matière de cinéma, il y aura le Festival des Ecrans de la Mer avec la Guilde (mer et voile, durant le Vendée Globe) dont la conception a été modifiée.

LRS: Projet de discothèque de La Vannerie. Avec la crise sanitaire qui risque d’impacter ce genre d’établissements sur du moyen terme, allez-vous poursuivre ce projet de création ?
YM: Clairement, ce n’est pas l’urgence de 2020, chacun l’aura compris. En même temps, je défends cette idée de lieu de fête pour les Sablais et Sablaises de toutes générations parce que les aînés comme les plus jeunes, à des horaires différents, n’ont pas d’espace pour se retrouver dans la convivialité, pour s’épanouir. Dans une ville de 45.000 habitants, ce n’est pas acceptable; on a besoin de lieu de fêtes, du bal à la discothèque de fin de nuit.
S’il n’y a pas d’initiative privée pour cela, l’initiative publique devra pallier cette carence. Le terrain reste disponible même si, je le répète, ce n’est pas l’urgence de 2020…

LRS: Le Tourisme est un support économique indéniable. mais ne faut-il pas commencer à envisager des limites au trop-plein afin d’éviter les excès? Embouteillages, plages envahies, incivilités etc… Vous parlez souvent d’équilibre, mais une régulation semble désormais nécessaire pour éviter d’être submergés…
YM: Effectivement, le tourisme est vital pour Les Sables d’Olonne et c’est notre vocation de station balnéaire centenaire que de partager nos plages, notre littoral, notre qualité de vie avec les visiteurs estivaux mais il ne faut pas que ce soit dans une situation de déséquilibre. On a besoin de rééquilibrer les choses car, en plein été, c’est parfois invivable. Que l’on ait une fréquentation plus soutenue en avant et après saison c’est souhaitable, mais ça ne l’est pas en plein coeur de l’été. C’est un enjeu pour l’avenir. Et je pense que cela fera partie des questions de recherche d’équilibre qui pourraient très bien faire l’objet d’une consultation de la population.


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Philippe Brossard-Lotz

Le Reporter sablais

 




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