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Les Sables-d’Olonne Vendée. CULTURE: une collection d’ouvrages maritimes à la Villa Charlotte

 

CULTURE: une collection d’ouvrages maritimes à la Villa Charlotte

Si pendant plusieurs années la destination de la Villa Tertrais-Chailley – propriété de la Ville des Sables d’Olonne – est restée très imprécise, celle-ci s’affine progressivement. Des collections culturelles devraient y trouver place et un projet de pensionnat culturel serait étudié à l’instar de ce qui se fait à la Villa Médicis à Rome (les lauréats du Prix de Rome devenaient pensionnaires de la Villa et pouvaient y séjourner de quelques semaines à un an).

Villa Médicis à Rome

Le premier don qui vient d’être dévoilé est celui de René Moniot-Beaumont, propriétaire d’une belle collection d’ouvrages maritimes qui comprend environ 5000 ouvrages.
Souhaitant que ces ouvrages ne soient pas dispersés et qu’ils puissent servir à la transmission des connaissances maritimes, il a décidé d’en faire don à la Ville des Sables d’Olonne. La seule condition qu’il a émise est que la destination et la vocation de la Villa Tertrais-Chailley reste culturelle afin que sa collection conserve sa dimension au sein d’un écrin culturel. A défaut, ses ayants-droits retrouveraient la pleine propriété des ouvrages.
Cette collection va apporter la première pierre à la mise en valeur de la Villa, qui pourra faire partie des Lieux littéraires référencés comme 390 autres sites en France.

L’inventaire informatique complet des ouvrages concernés va être réalisé durant l’année 2020. La convention de don ne sera signée qu’à l’issue de cet inventaire.
Cela permettra parallèlement de scinder la collection en deux parties: l’une regroupant 3 à 4000 ouvrages « classiques » avec des livres sur les instructions nautiques pour les cargos ou bateaux de pêche, des cours de navigations, des ouvrages techniques ou d’études, etc…. mais aussi des livres de littérature maritime (la collection n’est pas spécifiquement dédiée à l’histoire maritime)..
L’autre partie comprendra les plus beaux livres de la collection, environ 250, dont des beaux livres dans des éditions spéciales avec reliures d’art (L’Enfant de la haute mer par Jules Supervielle, ou Nos Marins par Paul Léonnec), ainsi que quelques chefs-d’oeuvre.
On pourra citer La France maritime, l’Histoire de la marine française, L’histoire de la Flibuste par Oexmelin, ou des livres d’art dont Le Vieil homme et la Mer d’Ernest Hemingway.

Selon René Moniot-Beaumont, deux pièces de la Villa seraient adaptées, l’une pour la mise à disposition sur place – uniquement en consultation – de la plupart des ouvrages tandis que l’autre recueillerait les rares et fragiles ouvrages à compulser de façon précautionneuse.

René Moniot-Beaumont, dont le père était dans l’Armée de l’Air, a effectué toute sa carrière dans la marine marchande, commençant comme novice de pont. Pendant 20 ans, il a poursuivi comme chef de quart puis lieutenant sur différents navires marchands qui sillonnaient les mers du monde. A 44 ans, il travaille comme affréteur pour la Cie maritime pétrolière Shell. A 53 ans, il part en pré-retraite.

Comme pour beaucoup d’enfants, c’est après les premiers livres reçus de sa grand-mère que se développe son imaginaire: Robinson Crusoé (par l’anglais Daniel Defoe), Les Mutinés de l’Elseneur de Jack London, ou L’île au trésor (1883 – édition originale française en 1885) de l’écossais Robert Louis Stevenson.

 

 

 

 

A la lecture de ces ouvrages il rêve de partir sur les mers.
Son attention pour les livres est née de la conjonction de plusieurs facteurs. Son père lui-même avait une passion pour les livres et possédait déjà une belle bibliothèque. De plus sa mère travaillait chez Denoël ce qui l’a amené à assister à des « cocktails littéraires » . Il y croise Cendrars ou le Commandant Armand Hayet, un capitaine au long cours de la marine à voile, également écrivain et connu pour avoir diffusé dans ses ouvrages de nombreux chants de bord marins – des chansons pour aider à hisser…. – ou des dictons sur la marine à voile.
René recevra par sa mère un ouvrage dédicacé par Armand Hayet.

Armand Hayet

 

Chansons de Bord par Armand Hayet

Alors, la vie des marins le passionne, il a envie de découvrir le monde, de vivre des aventures…de connaître le Cap Horn.
Mais depuis la Lorraine, où il habite, le chemin vers la mer n’est pas le plus propice.
Ses vacances se déroulent plutôt dans le Beaujolais, le Jura, en Alsace, à St-Dizier, à Brie-Comte-Robert, dans des lieux liés à sa famille ou ses grands-parents qui le reçoivent durant les vacances.

Des vacances à St-Gilles-Croix de Vie
Cependant, il y aura une année particulière où il passera ses vacances avec ses parents et au bord de la mer. Ce sera à St-Gilles-Croix de Vie. Il a alors 12 ou 13 ans, mais il est bien incapable de dire pourquoi ses parents sont venus au bord de la mer à St-Gilles.
Qu’importe. Pour lui, ce sera un déclencheur. Il se souvient encore visuellement du port et des pêcheurs qui s’affairaient autour des filets. L’ambiance particulière, le bruit si distinct des clapotis, les allées et venues des pêcheurs, les amarrages, tout cela est gravé dans sa mémoire.
Et c’est décidé, les livres d’aventures maritimes ne seront plus les déclencheurs de ses rêves, car ces aventures il va tout faire pour les vivre lui-même, réellement.
Quatre ans plus tard, il est inscrit à l’Ecole d’apprentissage maritime à Etel (Morbihan).

La promotion 1963 de l’Ecole d’apprentissage maritime d’Etel. René Moniot est sur la photo.
Ecole d’apprentissage maritime d’Etel

 

Il a alors 16 ou 17 ans et obtiendra à Etel son Certificat de Formation nautique.
En 1968, il a 22 ans et est engagé comme chef de quart par la Compagnie des Chargeurs réunis puis par Delmas-Vieljeux. A bord de cargos, il sillonne les mers depuis les ports de Bordeaux, Marseille ou Le Havre avant de poursuivre chez Shell sur des cargos de 2 à 500.000 tonnes !
Après une vingtaine d’années sur les ponts, il arrête la navigation et intègre Shell Chimie à Paris. C’est à partir de là que sa frénésie d’achats de livres maritimes va commencer. Il court les bouquinistes parisiens et, à force d’acheter des ouvrages – maritimes ou des oeuvres littéraires – et de se passionner pour ce thème, lui prend même l’idée de poursuivre sa carrière comme… bouquiniste. Il passe alors une formation délivrée par l’Institut supérieur des Arts de Paris pour devenir expert en livres. Mais il abandonnera vite cette direction. « Je ne sais pas vendre » avoue René.

Il quitte Paris pour vivre pleinement sa retraite en Vendée, près de la mer qu’il chérit tant.
Et c’est là qu’il intervient pour lancer la Maison des Ecrivains de la Mer à St-Gilles-Croix de Vie, un lieu dédié à la littérature et à la mer, avec une bibliothèque, des conférences et des expositions.
Il s’agit de l’ancienne Maison des Ponts et Chaussées, qui servait alors de façon temporaire à la Communauté de Communes Côte de Lumière.
Et c’est grâce à l’académicien Michel Mohr, à l’académicien de Marine Yves La Prairie, et à l’ancien sénateur de Vendée, Jean-Claude Merceron, qui le soutiennent et qui lui accordent leur parrainage, qu’il emporte la décision auprès du maire de St-Gilles-Croix de Vie d’alors, Patrick Nayl pour obtenir l’utilisation du lieu. La Région des Pays de la Loire soutiendra le projet en 2004 en accordant un budget pour son acquisition.

Maison des Ecrivains de la Mer

 

La collection de René Moniot-Beaumont fera donc partie des éléments culturels proposés par la Villa Tertrais-Chailley.
Elle aurait pu aller à l’Académie de Marine ou dans d’autres villes du littoral. C’est donc heureux pour la Ville des Sables d’Olonne qu’elle puisse bientôt s’y trouver.
Cela est dû à l’esprit de conviction de quelques dirigeants d’associations sablaises qui font le nécessaire pour redonner à cette Villa du Second Empire toute son âme.

 

Marc Elder

 

 

Page d’une édition d’art du Peuple de la Mer
Page d’une édition d’art du Peuple de la Mer


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A propos du manuscrit de Marc Elder

Marc Elder, nantais, a passé sa jeunesse à La Bernerie-en-Retz. Il fut conservateur du château des Ducs de Bretagne à Nantes.
Il a obtenu le Prix Goncourt en 1913 pour son livre « Le Peuple de la Mer. »
Il s’agit de 3 chroniques, La Barque, la Femme, la Mer, qui racontent la vie des habitants du village de l’Herbaudière, sur l’île de Noirmoutier. L’auteur y décrit la vie et les destins croisés et typiques de marins, de pêcheurs ou de gardiens de phares (depuis 2014, une rue porte désormais le nom de Marc Elder à Noirmoutier).
Dans le cadre de ses recherches biographiques, René Moniot-Beaumont s’était intéressé à cet auteur et avait donc rencontré ses descendants, les Tendron, Marc Elder n’étant qu’un pseudonyme de Marcel Tendron.
René et certains descendants gardent des relations étroites, à tel point qu’ils lui confient le manuscrit de l’ouvrage, paru en 1913 aux Editions Oudin, et lauréat du Goncourt la même année.
Le Peuple de la Mer a fait l’objet de nombreuses polémiques – dont nous reparlerons une autre fois – mais il est intéressant de noter qu’il a été élu au onzième tour de scrutin, et que parmi ses concurrents se trouvaient « Le Grand Meaulnes » d’Alain Fournier et « Du Côté de chez Swann » de Marcel Proust !!….
Le manuscrit est toujours la propriété de la famille Tendron. Il ne fait donc pas partie de la donation effectuée par René Moniot-Beaumont. On peut cependant espérer qu’il pourra être exposé au sein de la Villa Tertrais-Chailley.

En conclusion, le mieux est de laisser la parole à Armand Hayet qui dédicaça un de ses livres à René Moniot et à son frère Dominique:
« Pour René et Dominique Moniot, ces pages d’un vieux capitaine de la Voile disparue, qu’ils liront dans quelques années et qui peut-être les inciteront plus tard, à servir dans le plus beau métier du monde, le métier de marin qui exige: honneur, courage et fidélité. »

Ci-dessous quelques planches du manuscrit du Peuple de la Mer

 

Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais

 

Manuscrit Le Peuple et la Mer de Marc Helder

 

 

 

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Philippe Brossard-Lotz

Philippe Brossard-Lotz

Le Reporter sablais

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Lancement de la campagne de donation 2022 pour « Le Reporter sablais »
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