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Vendée Deux-Sèvres. HISTOIRE Napoléon: d’étonnantes histoires de Grognards…




 

Vendée Deux-Sèvres. HISTOIRE Napoléon: d’étonnantes histoires de Grognards..

Laurent Delenne – archiviste à Niort – signe ici un ouvrage qui lui a demandé quatorze années de labeur et de recherches:
« Sur les routes d’Europe avec Napoléon: histoires de grognards »

Histoires de grognards par Laurent Delenne

 

Derrière ce titre qui donne l’illusion d’un récit guerrier aux côtés de Napoléon, on découvre surtout les affres de la conscription ! Mais aussi le quotidien de ces grognards à travers des lettres qui ont pu être retrouvées aux archives des deux-Sèvres et chez des particuliers.
Le sujet traite de ceux qui ont accompagné Napoléon, en Espagne, en Allemagne, en Italie, en Russie…

On est loin de l’image d’Epinal à propos de l’Empereur Napoléon, loin de l’image que l’on se fait de grognards désireux de donner leur vie pour Napoléon et pour l’Empire.
On y trouve plutôt de jeunes Français qui cherchaient par tous les moyens à éviter la conscription, à frauder, à déserter…. (Il fallait avoir 20 ans révolus, puis 19 ans pour la conscription).
Il y avait un tirage au sort et l’Armée pouvait donc puiser dans le « dépôt du sort » mais également dans la liste des réformés.
Moyennant finances, on pouvait se faire racheter sa place afin de faire partir quelqu’un d’autre à sa place (exista jusqu’en 1872).
Dans les Deux-Sèvres, la concription s’étale de 1802 à 1814 et concernera 16.000 hommes.
Entre 1809 et 1813, il y eut des rappels de classe avec une conscription concernant même les 19 à 32 ans !

Certes, certains sont fiers de servir l’Empereur (il y a des enrôlés volontaires) mais il semble que beaucoup étaient désabusés et rêvaient plutôt de rester dans leur petit village plutôt que de parcourir l’Europe pour des rêves de grandeur.
Ceux qui eurent la chance de pouvoir rentrer et reprendre leur vie attendirent le plus souvent une hypothétique reconnaissance de la part du pouvoir…

Bien plus tard, en 1852, certains attendaient encore des réponses à leurs demandes de secours ou d’obtention de médaille.

Il n’existe aucun portrait de ces grognards sans grade, la plupart cultivateurs ou artisans.
Les témoignages qui ont été étudiés par l’auteur sont des lettres reçues dans les Deux-Sèvres et en Vendée (Sud et Est), des lettres envoyées à leurs familles par les grognards.

Une correspondance qui en dit long sur leurs motivations et leur vie quotidienne faite de longues marches et de privations dans des pays souvent hostiles.
A leur lecture on peut arriver, en se créant nos propres images, à avoir l’impression de les côtoyer. Certains détails fascinent et donnent l’illusion de faire partie des intimes puisque ces missives étaient envoyées à leur plus proche famille.

Cela rend particulièrement poignant, alors que deux siècles se sont écoulés, cette immixtion dans la relation épistolaire !

Le 30 avril 1807, Pierre Rodier écrit à ses parents depuis Berlin. Il leur fait part des longues marches – durant cinq semaines – dans la montagne enneigée; les bêtes sauvages ne sont pas rares, cerfs, ours. Beaucoup de ses camarades sont morts en route ! Ils leur restent deux cents lieues pour rejoindre la Grand Armée.
Il se plaint du coût de la nourriture, de l’absence de vin. Seulement de la bière… Et il ne lui reste plus beaucoup d’argent…
Plus tard, Pierre raconte sa blessure:
« J’ai été blessé le 21 avril (1809). Mon capitaine a voulu me faire aller à l’hôpital mais je n’ai pas voulu. Je m’ai forcé à marcher. Le lendemin, la balle a tombé dans mon pantalon en marchant. J’ai perdu peut-être plus de deux bouteilles de sang le long du jour en marchant, mais je suis guéri, Dieu merci. Le même jour, mon capitaine a été tué à côté de moi, ce qui m’a bien fait de la peine. »

L’ouvrage ne se limite pas à proposer des extraits de lettres. Il donne des éléments détaillés sur la famille du conscrit, les lieux, les activités, apporte des descriptions y compris physiques.

La santé, l’argent, le prix de la viande et du pain font partie des préoccupations permanentes du grognard, mais aussi le besoin de pantalons, chemises, habits. Certains interrogent sur la qualité de la récente récolte… Pierre Damy: « Vous me marquerez ce qui se passe au Pays… ».

 

Histoire de grognards par Laurent Delenne

Laurent Delenne a rédigé cet ouvrage, très complet, alors que ses recherches – lorsqu’il était étudiant portaient déjà sur ce sujet – la conscription (en Isère).
Ce livre est aussi une façon pour l’auteur de rendre hommage, alors que l’on fête le Bicentenaire de la mort de Napoléon, aux sans-grades. L’auteur le déclare sans ambages: il s’intéresse beaucoup moins aux officiers de l’Armée napoléonnienne.

On notera que les recherches dans les Deux-Sèvres ont été compliquées par le fait que le 20 décembre 1805, tout le dépôt des archives des Deux-Sèvres est parti en fumée ! Plus rien ne restait sauf lorsqu’un double existait dans l’une des mairies…!
Restaient toutefois des archives judiciaires (concernant les fraudes et les déserteurs), les archives préfectorales, celles des notaires, et les archives historiques de l’Armée au fort de Vincennes.

L’ouvrage mérite d’être découvert tant il regorge d’informations.
A titre d’exemple, on nous rappelle que dans l’Ouest, beaucoup de jeunes furent exemptés de conscription par Napoléon en raison des guerre de Vendée qui avaient suffisamment anéanti la jeunesse vendéenne.

Le livre est agrémenté d’une belle iconographie, les décors de certaines lettres valant le détour !

Histoires de grognards par Laurent Delenne
Publié le 1 mai 2021 – ISBN : 978-2-491575-04-5 – 424 pages
Vente en librairies ou via: https://tinyurl.com/38yhycd3

 

Philippe Brossard-Lotz

Le Reporter sablais




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