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Philippine Coast Guard – Le patrouilleur géant d’Océa pointe son nez sur les quais des Sables d’Olonne

 




 

Dossier réalisé par Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais

Précisions sur l’horaire officiel de mise à l’eau: mercredi 17 juillet 2019 à partir de 12h00

Note de la Revue: mais le début des installations de mise à l’eau dès 10h30.

 

 

Les Sables d’Olonne OCEA – Patrouilleur géant de 84 mètres

 

Après la fourniture de navires de 60 mètres à la marine indonésienne (en 2015) puis à la marine sénégalaise (en 2016), OCEA** a ancré encore davantage ses activités commerciales en Asie puisque ce sont les garde-côtes des Philippines qui ont reçu en 2018 quatre navires fabriqués par OCEA dont le siège social se situe à La Cabaude aux Sables d’Olonne.

Philippine Coast Guard

Quatre patrouilleurs rapides de 24 mètres pour le gouvernement philippin. Un contrat prévoyant cinq unités: ces quatre patrouilleurs mais aussi un patrouilleur géant de 84 mètres, de haute mer, de type OCEA OPV 270, avec « la formation des équipages et des équipes de maintenance et le maintien en condition opérationnel des navires » durant cinq années.
Le plus grand navire jamais construit aux Sables d’Olonne et le plus grand OPV en aluminium construit dans le monde !
(*OPV: Offshore Patrol Vessels).
(** OCEA, dont le siège est aux Sables d’Olonne, est basé aux Sables-d’Olonne, à Fontenay-le-Comte, à Saint-Nazaire et à La Rochelle).

Ces commandes viennent compléter les navires déjà en poste selon un plan de développement des ports philippins et des capacités des gardes-côtes mis en place par le département philippin des Transports (DOTr) et la direction des Gardes-Côtes philippins (PCG). Elles ont vocation à renforcer le sauvetage et la sécurité maritime ainsi qu’à développer la protection de l’environnement et du milieu marin.
Un accord fut signé le 9 septembre 2014 entre le DOTr et le constructeur de navires OCEA S.A. En avril 2016, le Secrétaire philippin des Transports avait visité le chantier OCEA aux Sables d’Olonne où étaient en cours de construction les 4 premiers patrouilleurs.
Et le 6 septembre 2016, les conditions préalables ayant été validées, le sous-Secrétaire aux Affaires maritimes du ministère des Transports, Felipe Judan, et le directeur de la sécurité maritime d’OCEA, Fabrice Weinbach, signèrent l’accord définitif d’achat des 5 patrouilleurs.

Particularité de ces navires ? Ils ne sont pas en acier mais en aluminium, un matériau dont OCEA est devenu l’un des spécialistes après une trentaine d’années d’expérience et de maîtrise en matière d’innovation dans le domaine de la conception et de la construction de navires en aluminium.
Mais ne demandez surtout pas au PDG, Roland Joassard, quel est le poids de ses navires en aluminium. C’est un secret d’Etat, la botte secrète de l’entreprise: un poids moindre permettant bien sûr des économies de combustibles – réduisant ainsi fortement le coût opérationnel par rapport à un navire en acier – mais aussi une augmentation des capacités et des performances. Des éléments qui collent aux besoins spécifiques pour des garde-côtes.
Mais ce n’est pas le seul argument qu’OCEA a pu avancer pour remporter le marché philippin dans une compétition internationale où la concurrence est sérieuse. Sur le plan environnemental, l’entreprise sablaise a mis en avant une solution permettant une forte réduction des émissions de CO2 puisque sur 20 ans d’exploitation prévisionnelle la baisse sera de plus de 20.000 tonnes de CO2 « soit une réduction d’environ 40% par rapport à celle d’un navire en acier de taille équivalente à performances égales » .
Concernant les prix de vente, il était question « d’un coût d’acquisition compétitif » avait alors déclaré OCEA.
Même si l’aluminium peut être plus onéreux que l’acier lors de la construction, les économies importantes de combustible réalisées compensent les choses (OCEA annonce des économies possibles de 400.000 litres annuels pour un OPV de 82 ou 84 mètres). De plus, les navires passeront moins de temps en cale sèche car l’aluminium ne rouille pas et ne se corrode pas comme le ferait un navire en acier.
L’aluminium utilisé est un alliage spécifique, épais, de type mil-spec, c’est-à-dire de spécifications militaires, afin de compenser une dureté et une résistance moindre que celle de l’acier.

Ces contrats concernent les navires OPV d’OCEA dont la nouvelle gamme (du 46 au 84 mètres) avait été présenté durant Euronaval, qui s’est déroulé du 27 au 31 octobre 2014 au Parc des expositions du Bourget. Une gamme dont la longueur des navires ne fait que s’allonger…. et qui reste importante pour OCEA puisque les navires de sécurité et sauvetage maritime représentent plus de 75% de son CA.

Accords financiers
Au-delà des qualités intrinsèques de ces navires, il faut noter qu’en mai 2016 la France et les Philippines ont signé un accord sur la défense visant à développer la coopération bilatérale entre les deux pays. Les deux signataires étaient le Secrétaire philippin à la défense, Voltaire Gazmin, et l’ambassadeur français Thierry Mathou.
Une coopération portant sur le développement des relations entre les services liés à la défense et les forces armées entre les deux pays intégrant l’équipements de défense, la logistique et l’industrie de la défense.
Dans tous ces contrats de navires militaires et de garde-côtes, nul doute que les ministères français de la défense et des affaires étrangères sont largement impliqués.
Comme le sont aussi les établissements financiers, OCEA ayant été soutenu par BpiFrance (détenue à 50/50 par l’Etat français et la Caisse de dépôts et consignations), BNP Paribas et Crédit Agricole-LCL.
Pour cet achat de 5 patrouilleurs philippins, le Gouvernement français a accordé un prêt de 97,03 millions d’€ par la biais d’une ODA, une aide pour les pays en voie de développement en leur accordant des prêts à taux très réduit sur du long terme.

Les nouveaux hangars OCEA à La Cabaude – Les Sables d’Olonne

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De nouveaux hangars / projet ORION

C’est dès 2015 qu’OCEA a engagé des travaux importants. Des constructions de nouveaux hangars pour faciliter une réorganisation des différents départements du constructeur et pour développer ses infrastructures dans la logique de la construction de navires de grandes dimensions tels ce patrouilleur de 84 mètres destiné à la haute mer, après l’expérience réussi des navires en aluminium de 60 mètres.
Quatre hangars ont été construits, visibles depuis le port de pêche, face à la zone dédiée à l’élévateur.


Cliquez sur la photo pour agrandir

Photos du patrouilleur géant de 84 mètres en fin de construction aux Sables d’Olonne

Les Sables d’Olonne – Projet OPV 270 d’OCEA © Photo: OCEA

 

 

 

OCEA – OPV 270
© Photo: OCEA

 

 

OCEA Caractéristiques de l’OPV de 84 mètres
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L’OPV 270 de 84 mètres: le plus grand navire qu’ait jamais construit OCEA

Il ferait en réalité 83,6 mètres de long et 15,4 mètres de large.
44 hommes d’équipage, 20 passagers classiques et de 3 à 6 personnalités VIP. En cas de sauvetage, il peut transporter 35 rescapés lors d’opérations de sauvetage ou humanitaires, avec les équipements médicaux nécessaires. Un total de 105 personnes environ.
Il peut voyager sur une distance de 4500 à 8000 milles marins à une vitesse de 15 noeuds. Sa vitesse maximale stabilisée est de 26 noeuds. En fonction de la charge, celle-ci peut évoluer de 20 à 30 noeuds.
L’autonomie, selon la vitesse et la charge, varie de 30 à 45 jours.

Zone de pilotage
© Photo: OCEA
Salle de commandement
© Photo: OCEA

Les missions sont très vastes, pouvant porter sur la surveillance de zone économique, le contrôle de l’immigration, la lutte contre la piraterie et les trafics, le contrôle de la circulation des navires, le sauvetage, la lutte contre la pollution marine, la protection du territoire et des opérations sous-marines.
Pour ces opérations, deux semi-rigides de 9,2m sont prévus dans les entrailles du navire. Une des plate-formes avant est prévue pour accueillir un système d’artillerie.
La zone de pilotage comprend l’appareillage nécessaire pour ce genre de missions de surveillance: radars et écrans adaptés.
Est également prévue une salle de commandement.
Une plate-forme d’hélicoptère (d’un poids jusqu’à 5 tonnes) est opérationnelle.

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Motorisation MTU

MTU Engine pour OCEA OPV 270 © Photo: MTU
© Photo: MTU

 

Le patrouilleur géant d’OCEA sera équipé de deux moteurs 16 cylindres de la série 4000 Diesel fabriqués par la société MTU (16V 4000 M73). Et avec le sytème automatique pour navire « Blue Vision New Generation ».
Des moteurs Diesel à injection de très haute performance dont les séries de fabrication ont démarré il y a plus de vingt ans. A ce jour, MTU a vendu plus de 90.000 moteurs depuis le début de la fabrication en 1996, 37.000 pour la Série 4000 dont 10.000 pour les 16 cyclindres 4000.
Ces moteurs ont été construits à la suite d’une collaboration entre MTU Friedricshafen et Detroit Diesel Corporation et sont basés sur des technologies de premier plan. Ils sont utilisés pour diverses applications liées à la propulsion marine, la génération d’énergie ou des véhicules tous terrains..
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Un élévateur insuffisant pour le patrouilleur géant
L’OPV ne pourra pas être mis à l’eau par l’élévateur à sangles – dont le coût fut de 13, 3 millions d’€ – comme l’ont été les patrouilleurs de 24 mètres (photos ci-dessous). En effet, son potentiel est à 500 tonnes maximum pour un bateau « classique » d’environ 12  mètres de large et 48 mètres de long.
Or l’OPV fait près de 84 mètres de long ! Impensable..
Cliquez sur les photos pour agrandir

Les Sables d’Olonne – Mise à l’eau d’un patrouilleur OCEA © Photo: OCEA

 

© Photo: Le Reporter sablais

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Des grues géantes
Dans l’incapacité de pouvoir utiliser l’élévateur, OCEA a été dans l’obligation de faire monter deux grues géantes mobiles (Entreprise Dufour), qui permettront de porter le patrouilleur géant pour la mise à l’eau. Auparavant, celui-ci sera sorti du hangar grâce à un système portant roulant.
Ces manipulations auront lieu mardi 16 (sans doute à partir de 14h02) et mercredi 17 juillet 2019 (toute la journée).


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Gabriela Silang

Pour finir cet article, il ne nous reste plus qu’à vous révéler le nom que portera ce patrouilleur géant. D’après nos sources, il s’appellera le BRP Gabriela Silang.
María Gabriela Cariño Silang (1731 – 1763) est la première femme à avoir mené, aux Philippines, une contestation contre l’occupant Espagnol. Elle a dirigé, à la mort de son époux et en en prenant la relève, un mouvement révolutionnaire philippin destiné à obtenir l’indépendance de son pays, jusqu’à sa propre arrestation et son exécution.

 

 

 

Ci-dessous la photo du nez du patrouilleur géant: photo HD en cliquant dessus.

Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais

 

OCEA: 350 salariés dont une centaine aux Sables d’Olonne.
Chiffre d’affaires 2018: 90 millions d’€ dont 90 à 95% à l’exportation. Une vingtaine de navires construits annuellement.
Ateliers d’une surface de 28.000 m2.

 

 

Les Sables d’Olonne – Patrouilleur OPV 270 d’OCEA de 84 mètres

 

 




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