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Bretagne – Pollution pétrolière des côtes: la menace persistante liée aux anciens naufrages

 


 

Historique: le drame du naufrage du Tanio le 7 mars 1980
Le 7 mars 1980, au large des côtes Nord du Finistère, le pétrolier Tanio (pavillon malgache), faisait route entre Wilhelmshaven (Allemagne) et Civitavecchia (Italie).
Il s’était brisé en deux à 25 nautiques (46 kilomètres) au nord de l’Ile de Batz.
Un hélicoptère Super Frelon de la Marine nationale avait alors hélitreuillé trente et un rescapés mais huit hommes d’équipage étaient portés disparus.

28.600 tonnes de pétrole
Le Tanio transportait 28.600 tonnes de pétrole dont environ 10.000 tonnes se sont alors déversés en mer.
Ce sont 200 kilomètres de littoral qui furent contaminés.

Le reliquat
La partie arrière du pétrolier, contenant 7 500 tonnes de pétrole, est remorquée jusqu’au Havre. Mais la partie avant coule avec les 10.000 tonnes restantes, par environ 80 mètres de fond.
Des opérations sous-marines furent alors conduites pendant quinze mois par la COMEX pour récupérer environ 5 100 tonnes de pétrole et colmater les brèches.
Les opérations furent rendues difficiles par les marées, les courants de fond et les tempêtes.
Ce sont donc 5000 tonnes environ qui sont restées prisonnières du bateau par 80 mètres de fond.

Des traces d’hydrocarbures sur les plages du Finistère nord
Le samedi 16 novembre 2019 le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage (CROSS) Corsen est alerté de la présence d’une possible pollution maritime entre les plages de Saint Samson (commune de Plougasnou) et de Saint-Jean-du-Doigt (commune de Saint-Jean-du-Doigt) au nord du Finistère.
Plusieurs heures plus tôt, des témoins ont repéré des oiseaux blessés et un oiseau décédé sur les plages. Certains de ces oiseaux présentaient des traces d’hydrocarbures sur les ailes et les pattes. Dans les jours suivants, une trentaine d’oiseaux morts est retrouvée sur plusieurs plages du Finistère-Nord. Un certain nombre de ces oiseaux retrouvés morts appartiennent à des espèces migratrices. Certains d’entre eux portaient des traces d’hydrocarbure.

Dès la connaissance de ces faits, les services de l’Etat se mobilisent et travaillent en étroite collaboration avec:
– le Centre de Documentation de Recherche et d’Expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux (CEDRE);
– le Syndicat mixte pour de protection du littoral breton (VIGIPOL);
– la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO);
afin de caractériser l’événement et tenter d’en déterminer les causes.


Des moyens de prospection satellitaire

Des moyens satellitaires, aériens, nautiques et terrestres habituellement déployés dans le cadre de la surveillance régulière de nos approches maritimes, ont alors exercé une vigilance accrue et particulière en matière de pollution maritime sur lea zone du Finistère nord.
Les premières analyses du CEDRE, réalisées à partir d’échantillons prélevés sur les oiseaux portant des traces d’hydrocarbure, montrent de grandes similarités entre l’hydrocarbure retrouvé sur les oiseaux et le fioul lourd transporté par le pétrolier Tanio coulé le 7 mars 1980 au large de l’île de Batz.
Entre le 21 et le 22 novembre 2019, profitant d’une brève accalmie météorologique sur zone, le chasseur de mines tripartite (CMT) Pégase de la Marine nationale est déployé par les autorités maritimes pour relocaliser avec précision l’épave du Tanio, par plus de 80 mètres de fond au large de l’île de Batz.

Investigations du CEPHISMER
Le mardi 3 décembre 2019, à la demande des autorités maritimes, la CEllule Plongée Humaine et Intervention Sous la MER (CEPHISMER) de la Marine nationale a réalisé des investigations sur la coque du pétrolier Tanio. Cette opération avait pour but de dresser un état des lieux de la coque, près de 40 ans après son naufrage, et de rechercher d’éventuelles fuites d’hydrocarbure.

Déployée à bord du Bâtiment de Soutien et d’Assistance Métropolitain (BSAM) Rhône, la CEPHISMER a mis en œuvre son véhicule sous-marin téléguidé, le Remotely Operated underwater Vehicle (ROV) Diomède. L’ensemble des parties extérieures de la coque du Tanio a pu être inspecté en six heures d’intervention sous-marine. Deux plongées d’investigations ont permis d’observer quelques minimes fuites intermittentes d’hydrocarbure.
Au cours d’une troisième plongée, un échantillon d’hydrocarbure a été prélevé afin d’être analysé par le CEDRE.

Ci-dessous images des fuites intermittentes du Tanio réalisées par le ROV Diomède de la CEPHISMER et du prélèvement effectué (© Photo: Marine natioale)

Les orifices pour pompages en cause
Au cours des opérations réalisées en 1980 sur la coque retournée du Tanio par la COMEX, une quinzaine d’orifices ont été percés et équipés de vannes pour permettre de pomper une partie de la cargaison d’hydrocarbures. Les fuites repérées proviennent de deux de ces orifices dont les vannes ont été arrachées.
La faisabilité d’une intervention ultérieure est désormais à l’étude.

La surveillance renforcée du littoral et des approches maritimes du Finistère-Nord est maintenue, notamment via des observations satellitaires et aériennes régulières.
Aucune pollution en mer, ni sur les plages, n’a été repérée depuis.


Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais
(avec Premar)

 

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