L’histoire rocambolesque des Villas de la Corniche aux Sables d’Olonne

.
Dossier réalisé par Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais
En 2002, un projet visait à démolir les trois villas de la Corniche du Nouch, à La Chaume, et à construire sur ce front de mer et sur le terrain arrière mitoyen un ensemble résidentiel. Ces villas, proches les unes des autres, sont très réputées, pour leur beauté sans arrogance, mais surtout pour leur emplacement privilégié. La vue sur la mer, sur le Fort Saint-Nicolas et sur l’entrée du chenal est incomparable. Deux d’entre elles sont considérées comme jumelles car leur architecture et leur emprise au sol est identique, la troisième étant légèrement différente.
Depuis des décennies, on les appelle aux Sables d’Olonne « Les Villas de la corniche du Nouch ». Elles sont situées à La Chaume, ont été construites probablement entre 1952 et 54 (la photo ci-dessous ayant été prise en 1954), et les deux villas jumelles appartenaient à deux frères, André et Raymond Dubreuil (de simples homonymes de la famille vendéenne Dubreuil) qui avaient épousé deux soeurs (mais pas deux soeurs jumelles comme la légende le prétend, sous prétexte que les villas sont jumelles…), Huguette et Denise Leseuil.
Chaque villa disposait d’environ 160m2 auxquels s’ajoutait un sous-sol. Inhabitées depuis 2001, elles étaient squattées depuis fort longtemps, malgré quelques précautions, à cause de passages ouverts sur l’arrière. Leur état s’était donc, très logiquement, dégradé.
Cliquez sur les photos pour agrandir

Les anciens propriétaires
Les trois villas étaient situées sur des parcelles référencées 161, 162 et 163 puis – après alignement, 341, 338 et 337 – et étaient situées à l’adresse « Route de Corniche » (ou Corniche du Nouch) dans le prolongement de la Promenade Jean XXIII.
Dos à la mer:
1)- la villa de gauche (163), au n°11 Corniche du Nouch, appartenait à André Dubreuil (chirurgien-dentiste à Amiens, né à Valenciennes le 4 mars 1903 – décédé le 31 mars 1969 à La Bazoge – Sarthe) et son épouse Denise Leseuil, née à Rochefort le 30 juin 1913 ; d’une superficie de 8 ares et 53 centiares soit 853m2 (lot 163) à laquelle il faut retrancher 1 are et 20 ca d’alignement, soit 7 ares et 33 ca (lot devenu 337). Les enfants : Annie Jacquin née Dubreuil, Dr Alain Dubreuil, Françoise Lenne née Dubreuil, Marie Goire, née Dubreuil, Catherine Dubreuil.
Originairement, André Dubreuil a acquis la propriété par acte privé le 27 août 1952 par partage avec son frère Raymond d’un terrain de 1269,89 m2 – sans doute reçu en héritage de leurs parents -. Le présent terrain était situé au lieudit « La Cabosse », ce qui explique que André et son épouse Denise avaient dénommé leur villa « La Cabosse ».
2)- sa jumelle (162) au n°10 Corniche du Nouch, appartenait à Raymond Dubreuil, son frère, (né à Cambrai le 5 janvier 1901 – décédé le 23 juillet 1969 aux Sables d’Olonne – chirurgien-dentiste à Amiens), et Huguette Leseuil née à Rochefort le 24 avril 1912; d’une superficie de 9 ares et 13 centiares soit 913m2 (lot 162) à laquelle il faut retrancher 1 are et 43 ca d’alignement, soit 7 ares et 70 ca (lot devenu 338).
Enfants: Philippe Dubreuil, Nicole Dubreuil, divorcée de Jean-Claude Tricot,
3)- tandis que la troisième villa ((161) au n°9 Corniche du Nouch était la propriété de Charles Mauvillain (né à Rocheservière – Vendée – le 28 janvier 1898 – décédé le 17 mai 1960 à Orléans – PDG de la société de transports publics Mauvillain, à Orléans) et Elizabeth, née Avezard. d’une superficie de 6 are 06 ca (lot 161) à laquelle il faut retrancher 1 are 05 ca soit 105 m2 d’alignement, soit reste 5 are 07 ca (lot devenu 341). Enfants: Colette Luisard, née Mauvillain, née à Orléans le 12 août 1927. Charles Mauvillain et Elizabeth étaient propriétaires de leur terrain grâce, pour partie à un achat, et pour l’autre partie grâce à un échange : un achat le 26 janvier 1950 auprès de Maurice Bruneleau et son épouse Elise, née Coulion ; un échange de terrain avec Raymond Dubreuil.
Cliquez sur le plan pour agrandir

Extension et Urbanisation de la Côte sauvage
Le terrain en bordure de route des villas avait été légèrement réduit par les Ponts et Chaussées, en raison d’un programme d’extension et d’urbanisation de la Côte sauvage prévoyant le lotissement du terrain municipal Dombret. Quatre tours à R+8 – dites Tours de la Résidence St-Nicolas – comportant 144 logements étaient prévues à l’origine, et ces constructions imposantes avaient fait l’objet d’un accord préalable du Préfet de Vendée le 21 octobre 1964.
Les Ponts et Chaussées avaient donc étudié un élargissement – maximal – de la route de la Corniche, voie touristique, ainsi que le redressement de son tracé considéré comme dangereux (délibération du Conseil municipal en mars 1968). En 1969, il fut donc envisagé d’élargir le quai des Boucaniers à 13m (contre 8 à 10m), le quai du Brise-Lames à 15m (contre 8m), la promenade Jean XXIII jusqu’à la rue St-Nicolas à 20m (contre 8m), la promenade Jean XXIII de la rue St-Nicolas à la rue Pajot à 15m (contre 8m).
Cliquez sur les photos pour agrandir
Les documents d’archives montrent que des indemnisations de délaissés de terrain ont été effectuées à la suite de ces alignements pour construire la future route bleue avec une nouvelle largeur de 13m – contre 8m précédemment.
Concernant nos trois villas, un arrêté du maire du 8 mai 1952 donna autorisation pour la construction d’un mur servant de nouvelle clôture – en retrait de la limite de propriété et sans que le droit de propriété ne soit alors cédé. Mais l’enquête ne fut lancée qu’en mai 1968, soit 16 ans plus tard…. En avril 1970, une nouvelle enquête fut lancée…tandis qu’un achat définitif des délaissés fut effectué par la Ville en juin 1970.
La zone 164 à l’arrière était détenue en commun par les deux frères André et Raymond.
Malheureusement, aucune trace des permis de construire – ce qui aurait permis d’avoir des éléments intéressants sur leur construction et sur l’architecte qui en avait fait les plans – n’a pu encore être trouvée.
Grâce à quelques correspondances trouvées aux Services des archives, on a découvert que la première villa (163) s’appelait « La Cabosse » car l’ensemble se situait sur un lieu-dit du même nom.
Deux procès fleuve
Si les villas, construites sans doute entre 1952 et 54, sont inhabitées depuis 2001, c’est que deux longs procès ont jalonnés les tentatives de mise en vente par la famille Dubreuil (d’Amiens), leurs anciens propriétaires, avec différents intervenants du monde de l’immobilier.
– Arrêt de la Cour d’Appel de Poitiers du 3 septembre 2008 n°06/02733 (suite au jugement du 04 août 2006 du TGI des Sables d’Olonne)
– Arrêt Cour d’Appel de Paris du jeudi 27 mars 2014 n°11-09429 (suite au jugement du 24 mars 2009 du TGI de Paris n°08/04654)
Le déroulé des événements et l’historique judiciaire
Neuf enfants étaient propriétaires indivis d’une surface de 55a 58 ca soit 5558m2 en front de mer avec deux villas considérées comme « vétustes » (correspondant aux parcelles 337 (ex-163), 338 (ex-162), 164 (derrière les villas) et 103). Ils entendaient se dessaisir de ce bien auprès de la société INBC. La troisième villa 161/341 de M. Mauvillain devait faire l’objet d’un avant-contrat de vente qui, en cas de non réalisation, entraînait la suspension de la vente globale.
La promesse de vente avait été signée le 4 avril 2002 pour la somme de 1.219.592 euros hors taxes entre les indivis et Monsieur Pierre X. se présentant comme actionnaire majoritaire de la société INBC. Dans les conditions suspensives se trouvaient également la justification du dépôt d’une demande de permis de démolir et de construire sous trois mois ainsi que de leur obtention dans un délai de quinze mois.
Le 25 septembre 2002, un acte de substitution de la promesse de vente au profit de la Sarl La Corniche des Sables a été signé entre Monsieur Pierre X. se présentant comme représentant de la Société INBC et la Sarl La Corniche des Sables.
Tout semble sur les rails puisque le 25 novembre 2002, un protocole est signé entre la Sarl La Corniche des Sables – qui avait obtenu un permis de démolir les villas et un permis de construire – et la Société SACIF, société de promotion immobilière.
Mais le 19 juin 2003, à 15 jours de l’échéance de la promesse de vente, Pierre X. demande une prorogation de la promesse de vente et, à l’échéance de la promesse de vente, début juillet 2013, aucune vente n’a été signée par les indivis.
Aucune vente n’étant donc intervenue, la SACIF fait donc assigner devant le Tribunal le 23 janvier 2004 la Société La Corniche des Sables et Monsieur Pierre X. afin de faire prononcer la nullité pour dol de la convention signée le 25 novembre 2002, au motif que la promesse de vente conclue le 4 avril 2002 était nulle, faute pour Pierre X. de pouvoir représenter la Société INBC prétendue signataire de l’acte.
Le 24 janvier 2004, Pierre X. et La Corniche des Sables ont porté plainte en prétendant que Alain Y. et Gérard E. auraient cédé l’ensemble de leurs actions dans la Société INBC à Pierre X et le 23 septembre 2004, et ils ont assigné Monsieur Alain Y… en intervention forcée aux fins de (…) dire et juger que la Sarl La Corniche des Sables et ses associés n’ont pas commis de dol à l’égard de la SA SACIF, à débouter celle-ci de sa demande de nullité, à la condamner à consigner le prix de vente pour un montant de 1.969.812 euros TTC correspondant au prix de l’achat du terrain à bâtir (…), et condamner encore Monsieur Alain Y. à signer la vente du terrain à bâtir visé dans le compromis du 4 avril 2002 au profit d’une SCI St-Nicolas I, sous double condition de paiement par la SA SACIF et de transfert de droit.
A ce stade, certains se demandent si Monsieur Pierre X. est bien un représentant d’INBC, si la société La Corniche des Sables n’est pas une coquille vide et si des ventes d’actions ou des prises de participation n’ont pas été opérées entre certains des vendeurs et la société INBC.
– Tribunal de Grande instance de Paris – Jugement du 24 mars 2009
Dans un premier jugement, le Tribunal de Grande Instance de Paris a prononcé la nullité de la promesse de vente intervenue le 4 avril 2002 et de l’acte de substitution de la promesse de vente du 25 septembre 2002 au profit de la Sarl La Corniche des Sables, a prononcé la nullité de la convention conclue le 25 novembre 2002 entre la Société SACIF et la Société La Corniche, et a condamné la Société La Corniche des Sables à restituer à la Société SACIF la somme de 124 000€.
– Cour d’Appel de Paris du jeudi 27 mars 2014
La Sarl La Corniche des Sables a formé appel et par dernières conclusions du 5 février 2013, elle demande (…) de dire irrecevables les demandes d’annulation du compromis du 4 avril 2002 et de l’acte de substitution du 25 septembre 2002 (…), dire irrecevable la SACIF en ses demandes d’annulation du protocole du 25 novembre 2002 faute d’avoir mis en cause en première instance la société INBC signataire de ce compromis du 4 avril 2002 et de l’acte de substitution du 25 septembre 2002 (…), infirmer le jugement entrepris en toutes ses dispositions et statuant à nouveau, condamner l’ensemble des consorts Y. in solidum à procéder à la réalisation de la vente (…), faire interdiction à la Société civile de construction vente Le Quai de Nouch de participer, à quelque titre que ce soit, à la réalisation d’une vente ou d’un programme de construction immobilière portant sur le terrain à bâtir, dire que la SCI Le Quai de Nouch s’est rendue coupable de contrefaçon et d’imitation illicite des droits d’auteur dont elle est titulaire sur ces dessins, plans et maquettes, en reproduisant, sur le panneau qu’elle a implantée en accord avec les consorts Y. sur le terrain (…),
De leur côté les indivis, par dernières conclusions du 28 janvier 2013, sollicitent de la Cour qu’elle :
prenne acte de ce Alain Y…, Françoise Z…-Y…, Catherine A…-Y…, Annie B…-Y…, Marie-Christine GOIRE-Y…reprennent les droits et actions de leur mère décédée Denis Y… et que Nicole Y… et Philippe Y… reprennent les droits et actions de leur mère décédée Huguette Y…,, dise que la promesse de vente du 4 avril et le transfert du 25 septembre 2002 sont frappés de nullité pour dol et subsidiairement que la promesse de vente était frappée de caducité, dise que M. X… s’est rendu coupable de fraude et a commis des fautes engageant se responsabilité, (…) confirmer le jugement entrepris en ce qu’il a prononcé la nullité de la promesse de vente et de l’acte de substitution (…)
La SACIF, par dernières conclusions du 31 janvier 2013, demande à la Cour, de (…) prononcer la nullité pour dol et subsidiairement pour erreur sur la chose du protocole d’accord du 25 novembre 2002, en conséquence, dire que M. X… a commis des fautes personnelles qui ont directement contribué tant à la croyance des vendeurs d’une fausse qualité, qu’à la croyance pour la SACIF de qualité en vertu desquelles ils ont conclu des contrats et versé des sommes, dire que la Société La Corniche des Sables est en réalité une structure fictive et pour le moins qu’il a été fait un usage frauduleux pour dissimuler les actions de M. X. , en conséquence, le condamner à restituer la somme de 124 000€ (…) .
(…)
SUR CE, LA COUR:
(…) Sur la violation de la présomption d’innocence par les consorts Y… et la SACIF:
– Considérant que l’examen des conclusions des consorts Y… (…) ne permet pas de caractériser une quelconque violation de la présomption d’innocence au sens de l’article 9-1 du Code Civil ; Qu’il en est de même des conclusions de la SACIF du 31 janvier 2013 qui ne contiennent aucun propos diffamatoire ni aucune atteinte à la présomption d’innocence (…)
Sur la nullité des actes du 4 avril 2002, 25 septembre 2002 et 25 novembre 2002:
– Considérant que suivant acte du 4 avril 2002, l’indivision Y… a consenti une promesse de vente au profit de la Société INBC, représentée par M. X…, » agissant en qualité d’associé majoritaire de la dite société » portant sur un terrain aux Sables d’Olonne ;
– Considérant que l’indivision Y… soutient qu’elle a été trompée par les manoeuvres dolosives de M. X…qui s’est présenté dans cet acte comme associé majoritaire et représentant de la Société INBC alors que tel n’était pas le cas ; (…) Qu’il n’y a donc pas eu de confusion de la part des consorts Y… entre les responsabilités contractuelle et extra contractuelle lorsqu’ils soutiennent avoir été victimes d’un dol de la part de M. X…, celui-ci s’étant présenté comme représentant de la société INBC, même si en fait, il n’avait pas cette qualité, ce qui d’ailleurs n’a pas été immédiatement contesté par la Société INBC ;
– Considérant que dans ce contexte, M. X…s’est prévalu de deux actes de cession de parts de la Société INBC des 4 avril et 25 septembre 2002 signés respectivement par M. E…et Y… ; Que le vice du consentement s’appréciant au moment de la formation du contrat, seul l’acte de cession de parts du 4 avril 2002 aux termes duquel M. E… cédait 80 % de ses actions INBC à M. X… doit être apprécié pour savoir si le consentement de l’indivision Y… a été vicié ; Que M. E…a contesté être l’auteur de cet acte et qu’en tout état de cause, il n’a jamais été actionnaire de la Société INBC ; Qu’il n’est pas démontré qu’il était présent chez le notaire, le 4 avril 2002 ;
– Considérant que M. X… ne peut davantage valablement soutenir que ce sont MM E…et Y… qui lui auraient imposé cette usurpation de qualité alors qu’il résulte de l’ordonnance du 8 octobre 2010 du juge d’instruction du Tribunal de Grande Instance de Paris confirmée par arrêt de la chambre d’instruction du 2 mai 2011 (avec pourvoi rejeté contre cette décision) que M. X… n’a pas été victime d’escroquerie de leur part et que c’est au contraire lui qui s’est prévalu d’une qualité qu’il n’avait pas « car il savait que les consorts Y… avaient confiance en cette société, puisque l’opération avait été envisagée par elle. » Qu’au surplus, le non paiement allégué par M. Y… de la prétendue cession d’actions du 4 avril 2002 (pas plus d’ailleurs que celle du 25 septembre 2002) apparaît avéré ainsi que le tribunal l’a noté, à juste titre ; Que M. J…, filleul de M. X… a finalement indiqué lors de l’instruction n’avoir assisté à aucune remise d’espèces par M. X…, ni à M. E…ni à M. Y… ; Que dans ces conditions, M. X… ne saurait donc opposer à M. Y… l’acte de cession du 25 septembre 2002 pour prétendre qu’il ne pouvait être abusé le 4 avril 2002 alors que M. Y… n’a jamais été actionnaire de la Société INBC et que la cause de cet acte n’est pas établie ;
Qu’enfin, la Société INBC a indiqué dans un courrier du 17 février 2004 confirmé par ses conclusions prises devant la cour qu’elle n’a jamais contracté de promesse de vente avec l’indivision Y… et que M. X… qui a prétendu être mandataire et associé de sa société ne présente en réalité pas le moindre lien avec elle ;
Qu’au vu de ces éléments, (…) c’est par des motifs pertinents et exacts que la Cour adopte que le tribunal a prononcé la nullité de la promesse du 4 avril 2002 pour dol, celle de l’acte de substitution du 25 septembre 2002, a rejeté les demandes de la Société La Corniche des Sables et de M. X… tendant à la vente forcée, a jugé que la Société La Corniche des Sables était dans l’impossibilité d’apporter à la SCI St-Nicolas la promesse litigieuse, a annulé le protocole du 25 novembre 2002 conclu entre la Société La Corniche des Sables et la Société SACIF, a rejeté les demandes de dommages intérêts de la société SACIF dirigées tant contre M. X… (y compris sur la somme de 124 000€, en ce qui concerne ce dernier) que contre la Société La Corniche des Sables (et qui sont reprises devant la Cour).
Qu’à ce propos, il sera ajouté que le caractère fictif de la Société La Corniche des Sables n’est pas établie par la société SACIF qui ne procède que par allégations (le fait que M. X… ait agi comme gérant de fait étant insuffisant pour faire cette démonstration) ainsi de même que le caractère frauduleux de » l’action d’ensemble « , la fraude ne se présumant pas. (…)
PAR CES MOTIFS
Donne acte aux consorts Y… concernés de ce qu’ils reprennent les actions de leur mères décédées Mmes Denise et Huguette Y…,(…) Réforme le jugement en ce qu’il a condamné la Société La Corniche des Sables à payer à la Société SACIF la somme de 124 000€, à payer à chacun des consorts Y… une somme de 5000€ à titre de dommages-intérêts(…)
Statuant, à nouveau de ces seuls chefs, Fixe au passif de la liquidation de la Société LCS, le montant de la créance de la Société SACIF à la somme de 124 000€, Constate l’extinction de la créance de dommages-intérêts des consorts Y… à l’égard de la Société La Corniche des Sables, en liquidation,
Confirme le jugement, en toutes ses autres dispositions.
(…)
Nouvelle promesse de vente
Entre temps, une nouvelle promesse de vente avait alors été accordée par les indivis, par acte du 19 juillet 2004, à la Société civile de construction vente (SCCV) Le Quai du Nouch domiciliée à 31770 Colomiers, pour le prix de 1.900.000 euros.
Mais là aussi, des problèmes surgissent : à la suite d’une mésentente sur le prix, un procès-verbal de difficulté est rédigé par le notaire qui constate que les parties ne s’accordent pas sur le prix fixé, 1.588.628, 76 euros hors taxe étant mentionnés sur le projet de vente et admis par l’acheteur alors que l’autre partie, les indivis, considèrent que le prix convenu était celui de 1.900.000 euros HT et non 1.900.000 euros TTC. D’autre part des dations ont été refusées ou ne peuvent être mises en place. Enfin, refus est donné de garantir les conséquences du litige avec la SCI La Corniche des Sables.
– Tribunal de Grande instance des Sables d’Olonne – Jugement du 04 août 2006
La SCCV Le Quai du Nouch assigne en justice alors les indivis afin de voir déclarer la vente parfaite, tandis que ces derniers ont assigné la société Le Quai du Nouch pour voir déclarer cette vente caduque.
Par jugement du 4 août 2006, le Tribunal de grande instance des Sables d’Olonne a jugé que le compromis de vente du 9 juillet 2004 était caduc et a condamné la société Le Quai du Nouch à payer aux indivis la somme de 75.000 euros à titre d’indemnité d’immobilisation.
– Cour d’appel de Poitiers – chambre civile 1 – Arrêt du 3 septembre 2008
La Société Le Quai du Nouch a formé appel afin de dire que la vente intervenue le 9 juillet 2004 était parfaite, et a demandé 500 000 euros à titre de dommages-intérêts.
Les indivis considéraient alors qu’ils n’avaient pas à supporter la TVA, l’acte ne mentionnant que 1.900.000 euros sans que soit précisé HT ou TTC, aucune allusion à la TVA ne figurant à la clause relative au prix. L’acte indiquant que « le prix principal » est de 1.900.000 euros et « sera payable au vendeur » signifiant – pour la Cour – que c’est cette somme que le vendeur entend recevoir. De plus, aux termes de l’acte étaient à la charge de l’acquéreur les frais relatifs au contentieux généré par l’opération envisagée avec la société La Corniche des Sables et la SACIF.
Le prix pouvant être converti en dation de locaux à construire (…) à un prix exprimé hors taxe (…) il est alors logique – selon la Cour – que le prix de 1.900.000 euros est lui-même stipulé hors taxe. (…)
Par ces motifs, la Cour a confirmé le jugement (du TGI des Sables d’Olonne) en toutes ses dispositions.
La troisième villa, Villa Mauvillain, déjà rénovée

Modification du PLU
Ces procès qui auront retardé les ventes auront au moins eu un avantage, celui d’empêcher la destruction des villas.
L’ancien PLU prévoyait une possibilité de construction en RDC plus 4 étages, plus les combles : une hauteur considérable pour un bord de mer à l’heure où les associations de défense s’indignent régulièrement de la destruction du littoral. Le nouveau PLU des Sables d’Olonne, effectif depuis février 2015, limite désormais cette zone à R+1 + combles. La troisième villa, dite Mauvillain, a été achetée puis rénovée il y a quelques années.
Les deux villas jumelles – ainsi qu’une surface importante à l’arrière (cadastre 164) – ont été achetées par la société SAS HPC (connue pour son produit « Appart Hôtel »).
Philippe Buchy, ayant été l’apporteur d’affaires auprès d’HPC, a passé un accord avec la société HPC afin d’acheter à son nom, dans un deuxième temps, les deux villas jumelles. Puis, il s’est dessaisi de l’une d’elles auprès d’amis tout en conservant la première.
Le sympathique Philippe Buchy travaille depuis fort longtemps dans l’immobilier aux Sables d’Olonne. Son père, alsacien, était boucher avenue Jean-Jaurès, près de la gare, aux Sables d’Olonne, puis à partir de 1953 il fut agent immobilier. Et sa mère était originaire de Tours.
Les deux villas jumelles deviennent donc la propriété de deux particuliers, à titre de résidence principale pour l’un et de résidence de vacances pour l’autre, tandis que la surface foncière (zone 164 sur le cadastre) se situant derrière les villas – les deux villas conservant leur jardin arrière bien délimité – fait actuellement l’objet d’une promotion immobilière sous le nom de « Les Patios de l’Océan » , sur 4555m2, avec des petites villas en R+1+Comble comprenant des patios (le programme prévoit des villas de 55m2 pour 258.000€ – voir photo en bas de page). Le permis a été obtenu le 12 mai 2016.
Conservation des villas
Philippe Buchy est très satisfait de son achat car cela fait longtemps qu’il avait un oeil sur elles; la preuve en est ses appels téléphoniques tous les six mois au propriétaire empêtré dans ces vieilles procédures judiciaires. On peut être promoteur immobilier et aimer quand même les vieilles pierres. Lorsqu’on lui demande d’ailleurs ce qu’il pense des malheureuses destructions qui ont eut lieu sur le Remblai des Sables d’Olonne, Philippe Buchy répond, sans ambages, et avec un petit sourire: « Ce sont les promoteurs qui construisent au regard des PLU décidés par les communes; les élus qui signent aujourd’hui les permis ne sont pas responsables des erreurs du passé concernant les anciennes dispositions du PLU » Mais il a bien conscience que cela s’est passé dans un contexte spécial – la soif des vacances à la mer – et que ces destructions seraient aujourd’hui impossible.
Philippe Buchy va donc abandonner sa résidence à Cayola pour venir habiter sur la Corniche du Nouch. Pour la vue – dont profitera aussi sa compagne, une artiste peintre talentueuse – mais aussi pour être moins isolé car une résidence à Cayola, certes dans un joli cadre, nécessite de prendre sa voiture pour le moindre déplacement. La corniche et les quais de La Chaume à deux pas, c’est plus convivial et plus pratique.
Après toutes ces procédures et une vente finalement officialisée entre la famille Dubreuil et la SAS HPC, les villas désormais disponibles depuis la mi-2015 vont être rénovées d’après les plans du Cabinet d’architecte Periot Frédéric. Le permis de rénovation a été accordé. Les travaux prévus se monteront à 400.000€ pour chacune des villas. Des arbres, apparemment malades, ont été coupés en fond de jardin mais des replantations sont prévues, nous a-t-on dit.
L’architecture vendéenne a parfois été teintée de néo-basque – entre 1920 et 1950 – avec des villas dites « basco-landaises » avec leur fameux toit à pans asymétrique et débordant. On voit aussi en Vendée, et parfois à La Chaume, des maisons d’inspiration hispaniques, proches de l’hacienda.
Nos deux villas de la Corniche du Nouch sont, semble-t-il, plus proche du néo-provençal-méditerranéen qui comporte habituellement des baies ou des murs arrondis, des loggias, des volets avec une connotation arrondie, et parfois des ouvertures en formes de hublots.
Même si les permis de construire n’ont pas été retrouvés, on sait de source sûre que l’architecte des deux villas jumelles fut Henri BERTRAND – un des trois architectes les plus connus pour Les Sables d’Olonne, avec Maurice Durand et Charles Charrier – et que c’est Claude Lesage, dessinateur chez Henri Bertrand, qui en a fait les plans. La « patte » de ces villas est donc assez prestigieuse, Henri Bertrand ayant été l’architecte de nombreuses maisons de villégiature aux Sables d’Olonne, notamment dans le quartier de La Rudelière, dans les années 1920 et 30.
Les travaux de rénovation – 400.000 € pour chacune des villas – ont commencé à la mi-janvier 2017. Fin octobre 2017, l’extérieur des deux villas jumelles fut achevé et c’est début janvier 2018 que les travaux furent, pour l’essentiel, terminés.
Une coursive-terrasse fut créée entre les deux villas.
Vous pouvez désormais contempler ces joyaux chaumois sur cette belle Corniche du Nouch. Et La Chaume peut s’enorgueillir à nouveau de posséder trois magnifiques villas typiques de l’architecture balnéaire.
Ci-dessous nos diaporamas
– 1) Villa squattée :15 photos – 2) Villa :12 photos – 3) Vue depuis la Villa: 6 photos
Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais
Copie des plans: Archives municipales
Villa squattée :15 photos
Cliquez sur les photos pour agrandir
La Maison :12 photos
Cliquez sur les photos pour agrandir
La vue depuis la maison: 6 photos
Cliquez sur les photos pour agrandir
Nous avons été fort intéressés par votre publication
depuis des années, nous passons devant ces magnifiques villas et c’est avec grand plaisir que nous apprenons qu’elles seront rénovées et non rasées.
Ce propriétaire a beaucoup de chance et nous serons bien heureux de voir l’avancement des travaux au fil des mois
BONJOUR,
Je connais les Sables depuis les année 1950 petite en vacances avec mes parents a la chaume je trouve affreux ses cages a lapins qui défigure le paysage comme aux sables garder ses jolies maisons qui font le charme de la Vendée !!! c ‘est vilain les grandes tours aucun charme !!!
Certes , de très jolies maisons ; mais , qui paie les droits de successions lorsque des décès surviennent ?
De très belle maisons qui sont restées sans réponse !
Très contente de revoir ces maisons vivantes, je ne comprenais pas pourquoi, elle étaient en si piteux état situées en face de la mer j’y ai passé de bonnes parties de pêche en face sur les rochers au Christ, avec Alain Dubreuil et son cousin si je me rappelle bien il avait une Dauphine Renault et son cousin quelques problèmes de santé, que de souvenirs, ma grand mère habitait en face de l’éperon la chaume.Quels souvenirs !