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Vendée Parutions. « Un Vendéen à Constantinople »: un voyage littéraire envoûtant sur les rives du Bosphore




 

Vendée Parutions. « Un Vendéen à Constantinople »: un voyage littéraire envoûtant sur les rives du Bosphore

Le voyage littéraire qui vous est proposé est envoûtant. Et aussi surprenant. Surprenant car l’on imagine rarement qu’un Vendéen ait fait le choix de quitter sa Vendée natale pour s’installer dans des latitudes aussi lointaines.
L’histoire qui vous est contée est celle de Donatien Vigneron, natif – en 1900 – de Chavagnes-en-Paillers.
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Donatien Vigneron

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Après un premier poste à La Garnache, c’est la mobilisation en 1920 à l’âge de 20 ans, dans l’Armée française d’Orient, qui fait connaître à cet instituteur les rives du Bosphore. Il sera en garnison à Tchéragan. Il y découvre le grand Sérail, le grand bazar, les fameuses mosquées dont celle de Ste-Sophie, et la vue incomparable sur le Bosphore, frontière naturelle entre deux continents.
Une fois libéré de ses obligations militaires en 1921, le jeune homme enseignera les Lettres et la littérature au collège St-Benoît de Constantinople, jusqu’en 1924.
A l’égal d’autres auteurs versés dans l’orientalisme, Donatien Vigneron rédige – en 1920 et 21 – durant son séjour un journal intime imprégné par cette ambiance orientaliste caractéristique qui a déjà sublimé de merveilleux écrivains. Son oeuvre (deux petits carnets, des photos de Turquie, de Vendée et de Virazeil), influencée par les couleurs et les senteurs de l’Orient, restée inédite jusqu’à nos jours, vient d’être sortie de l’oubli grâce au travail mémoriel d’un de ses neveux, Jean-Louis Martinetti*.

Un témoignage forcément émouvant, de cet instituteur vendéen qui a partagé « avec nos sens l’ambiance et la lumière de la Sublime Porte. La ville, ses rues et ses monuments, les habitants et leur mode de vie, les paysages alentour… Tout nous emporte dans une véritable rêverie d’Orient. »
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Extraits:
« (…) Le bateau était direct et le Bosphore fut longé en peu de temps; le temps était superbe selon sa coutume. Büyük-Déré est un gentil village coquet et élégant qui, comme Beïcos, Sténia Thérapia et tant d’autres, s’est niché dans de frais bosquets sur le bord du détroit au fond d’une grande baie. Les maisons, toutes de bois peint, ont l’air de chalets suisses qui auraient émigré de la montagne vers la mer. On dit beaucoup de belles choses sur Büyük-Déré: que toute la belle société  de Constantinople y a ses villas d’été, que les hôtels sont des plus luxueux, que des sources renommées attirent des quantités de voyageurs, que ses coins d’ombre sous les arbres sont de nature à faire rêver les poètes et savent cacher les choses d’amour (…). Plus tard, quand l’Orient ne me sera plus qu’un souvenir lointain, mais bien vivant peut-être, seraient-ce ces jolis nids du Bosphore que je regretterai le plus ?
Nous allons parmi ces petites ruelles d’ombre, où des marchands entassent leurs boutiques. Celles-là sont bruyantes. Puis dans d’autres – les silencieuses – où des maisons de bois aux frontons de dentelles semblent dormir, n’était un piano qui lance ses quadrilles par les fenêtres… Sur le quai, des gamins, des jeunes filles barbotant dans le Bosphore savourent les délices du bain. (…) Les côtes en s’éloignant s’estompent de brume et nous allons tout doucement pour arriver en face de Constantinople ce soir. (…) Le soleil descend, rougit et va bientôt s’enfoncer là-bas sous l’Occident… Oh ! ce coucher de soleil sur la mer de Marmara ! (…) C’est maintenant un miroir orange rayé de grands coups de crayon bleu. Quel peintre pourrait reproduire de telles teintes sur une toile ?… (…) Mes yeux à peine dessillés ne perdent rien de cette beauté ; et quand le spectacle disparaît assez avant dans la nuit, je vois encore ces lueurs qui changent, s’irradient de mille teintes, s’assombrissent puis reparaissent plus brillantes et plus nouvelles. Quel est donc ce prisme oriental qui sait si bien magnifier les choses et donner à chacune ces caractères de grandeur et de charme ? L’Orient me réserve assurément des jouissances non vécues, des rêves non bercés, des inspirations non idéalisées (…). ».
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Jean-Louis Martinetti
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Jean-Louis Martinetti: (fils de la cadette des 7 enfants). Il n’a eu connaissance de l’existence du manuscrit de Donatien Vigneron qu’en 2012. Celui-ci s’était retrouvé chez ses frères au décès de sa mère, Marie-Thérèse Martinetti née Vigneron, en 2000, où il était resté enfoui dans un tiroir. Jean-Louis Martinetti est un parent de Donatien Vigneron. Ancien chercheur, il a été chef d’établissement, puis directeur de l’Education en collectivité territoriale.
Dans sa présentation de l’ouvrage, Jean-Louis Martinetti évoque surtout l’itinéraire turc – le plus flamboyant -, la vie dense et prolifique de Donatien, à la fois écrivain, poète, acteur de théâtre, reporter et photographe.
La découverte d’un bel auteur, homme de lettres, qui grâce à son itinéraire singulier, porte le lecteur vers l’Orient.
Il nous parle avec émotion de cet oncle, décédé très jeune à 29 ans d’un cancer des cordes vocales, qu’il connaissait finalement très peu; quelques bribes ici et là par des membres de la famille, et sa présence lors du fleurissement de sa tombe par sa mère, soeur cadette de Donatien.
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Retour en France de Donatien et Yvonne, durant l’été 1924

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L’ouvrage apporte de nombreux éclairages, historique, géographique et sociologique sur la Constantinople de l’après première guerre mondiale. Dans des écrits d’une grande richesse, Donatien décrit la société stamboulote, « peint » les paysages qui surplombent le Bosphore, notamment depuis le Palais Topkapi, nous fait pénétrer dans les événements conduisant à la chute de l’Empire puis à l’avénement de Kemal Atatürk.

Donatien, instituteur à St-Gilles Croix de Vie, en 1924-25

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Une évolution politique qui ruinera les stratégies géopolitiques des grandes puissances et obligera Donatien à quitter la Turquie.
A son retour en France, il sera instituteur à St-Gilles-Croix de Vie.

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Ce voyage littéraire sur les rives du Bosphore est véritablement envoûtant. Et, pour ne rien gâcher, l’ouvrage est magnifique avec un effort remarquable en matière d’iconographie avec de nombreuses reproductions de tableaux en couleurs et, des photos personnelles de Donatien.
Un livre passionnant, à découvrir au plus vite.

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Publié en mai 2020 – 288 pages – 25 €
Editions du CVRH
En vente en librairies et sur le site  histoire-vendee.com
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Philippe Brossard-Lotz

Le Reporter sablais




 

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