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Vendée – Commémoration 2017 du massacre des Lucs-sur-Boulogne




Dimanche 26 février 2017 – deux jours avant la date officielle – avait lieu une commémoration du massacre des Lucs-sur-Boulogne du 28 février 1794. Etaient présents le député Alain Leboeuf, la Vice-Présidente du Conseil départemental Isabelle Rivière, représentant le président Yves Auvinet, le maire des Lucs-sur-Boulogne Roger Gaborieau, Mireille Hermouet, conseillère départemental (canton d’Aizenay), ainsi que le 1er Vice-Président du Souvenir vendéen, Xavier de Moulins. On notera le recueillement et l’émotion des participants à la commémoration de ce massacre perpétré par les troupes républicaines des colonnes infernales pendant la guerre de Vendée.

La Chapelle du Petit Luc

 

 

 

Durant la cérémonie, Vital Degenne entonna, de façon brillante, le Vexilla Regis, un hymne latin du VIe siècle que chantaient les combattants vendéens.
Egalement présent, l’abbé Pierre Chatry, curé d’Aizenay – ayant passé 10 ans à Notre-Dame de Bon Port aux Sables d’Olonne –  qui a lu un extrait de l’Évangile de Jésus Christ selon Saint Matthieu.
En mémoire des Martyrs, quatre gerbes de fleurs offertes par les élus ont été déposées au pied de l’autel.
La cérémonie s’est achevée par la Complainte des Lucs suivie d’un temps de prière.

La complainte des Lucs

Diaporama Cérémonie et dépôt de gerbes
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Précis historique
Les Lucs-sur-Boulogne, c’était en 1794, deux petits villages: Le Grand-Luc avec 2050 habitants et Le Petit-Luc peuplé d’une centaine de personnes.
Saint-Just préside alors la Convention. Si elle abolit l’esclavage le 4 février, le pays est en pleine Terreur avec 500.000 arrestations et 17.000 victimes entre mars 1793 et août 1794 dont 28% de paysans et 2% de prêtres réfractaires (ayant refusé de prêter le Serment de Fidélité à la Constitution du 27 novembre 1790 comme les deux curés dont il est question ci-après.)
Alors que le 30 mars 1794 sera arrêté Danton, puis exécuté le 5 avril, c’est le 28 février précédent qu’a lieu le massacre des Lucs-sur-Boulogne par les Colonnes infernales républicaines.
Celles-ci tuent, en Vendée, tous les habitants sur leur passage, puis incendient fermes, églises ou villages. Un an plus tôt a été signé le décret du 24 février 1793 relatif à la levée en masse de 300.000 hommes qui a entraîné le soulèvement des Vendéens contre la République; la Convention a alors décidé d’anéantir la Vendée en envoyant ses Colonnes infernales.

Les sources historiques
A propos des Lucs-sur-Boulogne, on retient aujourd’hui la monstruosité du massacre, une date – le 28 février 1794 -, les auteurs de ce massacre – les Républicains -, et un chiffre – 564 personnes massacrées.
En fait, les versions des historiens divergent sur ce massacre, toutes se référant à deux sources historiques:
– les Mémoires de Lucas-Championnière, écrits en 1798, qui en fait un récit très succinct;
– un cahier signé de l’Abbé Barbedette, le curé des Lucs, qui fait la liste des personnes massacrées.


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Le déroulement du massacre
Ce 28 février 1794, les deux colonnes des généraux Cordellier et Crouzat se dirigent vers les villages des Lucs. En chemin, elles sont mises en fuite par les troupes de Charette renforcées par celles de son adjoint Guérin. Alors que Charette se déplace – après son attaque – vers Légé, Martincourt, un des lieutenants de Cordellier, continue vers Les Lucs. Les représailles ne tarderont pas…
A l’approche des colonnes, l’abbé Louis-Michel Voyneau, curé de Notre-Dame-du-Luc depuis 1769, serait allé à la rencontre des Républicains, sur le chemin de la Malnaye, sans doute pour implorer la clémence pour les habitants. Mais Martincourt serait resté impassible à ses demandes et ses soldats aurait torturé et éventré le curé à une centaine de mètres de son presbytère, au Gué de la Malnaye.
Pendant ce temps, les habitants présents – des femmes et enfants ainsi que des personnes âgées – sont allés se réfugier dans l’église Notre-Dame-du-Luc (située au Petit-Luc). A leur arrivée, les soldats tirent sur tous les habitants sur leur chemin puis lancent une charge à la baïonnette massacrant et blessant les villageois. On dit que l’absence des hommes adultes auraient convaincus les Républicains de la complicité des villageois et de leur participation aux combats avec Charette, ce qui aurait excité leur volonté de vengeance.
Alors que beaucoup de villageois et des survivants se sont barricadés dans l’église Notre-Dame-du-Luc, les Républicains décident d’incendier l’église, cinq cents femmes et enfants étant alors brûlés vifs.

Le cahier Barbedette
Quant au cahier de l’Abbé Barbedette, curé de St-Pierre-du-Luc, il fut découvert plus tard dans les papiers du presbytère des Lucs par le curé Jean Bart.
Il ne mentionne que 459 noms alors qu’à la fin du document Barbedette chiffre le total « à 564 personnes massacrées en divers lieux de la paroisse du Grand-Luc (…) référés par les parents échappés au massacre (…) Au Luc, ce 30 mars 1794. C. Barbedette. »  Certains auteurs supposent que cela pourrait être la conséquence de la disparition de pages ou feuillets intérieurs de ce cahier.

Des parutions parfois un peu romancées
D’autres versions placent le massacre le 5 mars et non le 28 février 1794.
Plusieurs ouvrages sont publiés à partir du récit succinct de Lucas-Championnière:
– Histoire de la guerre de Vendée par Alphonse de Beauchamp (1806)
– Mémoires de Bodereau (1804) (sans doute apocryphes)
Vie du général Charette par Lebouvier-Lesmortiers (1808)
– Histoire des guerres de Vendée et des Chouans par Berthre de Bournizeaux  (1819)
– Histoire de la Vendée militaire par Cretineau Joly  (1840)
(Sources de cette liste: Wikipedia. Selon cette source, les auteurs auraient « brodé » ajoutant des éléments ou les transformant : escarmouche devenant une bataille rangée.)

Mémorial de Vendée

Mémorial de Vendée
Rappelons que le Mémorial de la Vendée, inauguré le 25 septembre 1993 en présence d’Alexandre Soljenitsyne, et construit à proximité de l’Historial des Lucs-sur-Boulogne, en témoignant des blessures profondes de la Vendée, rend hommage aux Victimes des « Colonnes Infernales » de la Guerre de Vendée  et plus particulièrement des 564 victimes des Lucs-sur-Boulogne le 28 février 1794. Du Mémorial on peut rejoindre la Chapelle du Petit Luc par le Chemin de la Mémoire. Dix ans auparavant, en 1984, le Conseil Général de la Vendée s’était engagé dans la préservation du site en créant un espace naturel sensible sur près de 15ha.

La commémoration et la Chapelle du Petit Luc

On l’a vu ci-dessus, l’Eglise Notre-Dame-du-Luc a été incendiée par les Républicains. Après avoir découvert la liste des victimes du 28 février 1794 écrite de la main du curé Barbedette, Jean Bart entreprend en 1863 de déblayer les décombres de l’ancienne Eglise Notre-Dame-du-Luc.
Il décide d’élever une chapelle commémorative, la « Chapelle du Petit Luc » , à l’emplacement du choeur de l’ancienne église. Le curé Jean Bart écrivit dans un opuscule paru en 1867: « C’est là qu’en 1863, ces ossements précieux ont été découverts enlacés encore du scapulaire du Sacré Coeur et du Rosaire dont ces pieux chrétiens s’étaient servis pour murmurer leurs dernières prières. Quelques unes des balles qui les avaient frappés se trouvaient mêlées à leurs cendres. »  Les déblais ont été transportés pour ériger un nouveau calvaire dans le bourg des Lucs, route de Rocheservière.
On peut penser que l’opuscule publié en 1867 par Jean Bart sous le titre « Chapelle de Notre-Dame des Lucs » le fut à l’occasion de l’érection de la Chapelle ou de sa bénédiction par Monseigneur Charles Théodore Colet, Evêque de Luçon, le 16 octobre 1867.
D’après le récit par Jean Bart publié dans cet opuscule, la population se serait d’abord cachée dans les broussailles de la Vivantière et non dans l’église. Elle aurait été découverte par la colonne à la recherche de Charette, et la moitié des habitants aurait été massacrée. Si la venue de Charette et de son adjoint Guérin avait permis de faire fuir la colonne, celle-ci en partant aurait tué le curé Voyneau puis massacré une partie de la population réfugiée dans l’église détruite à coups de canons.
Une deuxième version parue en 1874 sous le titre Chapelle de Notre-Dame des Lucs, reine des martyrs, situe le massacre le 28 février en le différenciant du combat de la Vivantière mentionné dans la première version et situé le 5 mars.
La mention de plusieurs dates incitent certains historiens à penser que le chiffre – important – de 564 victimes ne peut être que la résultante de nombreux combats, voire une multiplicité de combats s’étant déroulés depuis 1789, tandis que d’autres restent sur le sentiment d’un massacre unique le 28 février 1794, ou sur deux jours, aux Lucs mais aussi sur les hameaux des environs.

 

Architecture et décoration religieuse
Deux statues ornent les angles de la façade: l’une représente le prophète Isaïe et l’autre le Roi David annonçant Marie au Monde.

 

 

 

 

 

 

Au-dessus de la porte d’entrée figure le Sacré Coeur et dans le tympan sont représentés St-Joseph rendant le dernier soupir sous les yeux de Jésus et de Marie.

 

 

 

 

 

 

Diaporama Vitraux
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A l’intérieur, le principal vitrail représente 1) la Sainte Vierge inspirant à 2) Saint Dominique la pieuse dévotion du Rosaire et celle du scapulaire à Saint Simon Stock. Deux médaillons évoquent 3) une étoile avec une nacelle et 4) une porte enrichie d’or désignant Marie sous les titres d’Etoile de la Mer et de Porte du Ciel.
Dans le vitrail latéral de gauche, 5) St-Pierre, patron de la paroisse, reçoit les clefs du ciel et dans celui de droite 6) Pie IX proclame le dogme de l’Immaculée Conception.


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L’autel en pierres blanches est surmonté d’une statue de Notre-Dame de Lourdes. Sous la rosace, située au milieu des dalles de la Chapelle, ont été ensevelis des ossements des victimes du 28 février 1794.

Tables de marbre
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À l’intérieur de la chapelle figurent sur les murs 22 tables de marbre comportant les noms des victimes massacrées le 28 février 1794. C’est grâce à une souscription ouverte auprès des paroissiens des Lucs en 1935 afin de restaurer la Chapelle que furent installées les tables de marbre sur lesquelles furent gravés les noms des victimes connues.
Le 28 février 1954, les 22 tables mémoriales gravées par André Charrier tailleur de pierres aux Lucs, furent bénites par Monseigneur Cazaux, évêque de Luçon, en présence de nombreuses personnalités dont MM. André Mercier des Rochettes, maire des Lucs, Léopold Robert (dit Jean Yole) écrivain et ancien Sénateur de la Vendée, et Baudry d’Asson, député de Vendée.

La Vierge sur la butte féodale*
La statue de la Vierge qui domine l’édifice, sur la motte féodale, est la reproduction fidèle que le pape Pie IX fit élever à Rome en mémoire du dogme de l’Immaculée Conception. Sa bénédiction eut lieu le 22 mai 1884.
(*Butte féodale : était élevée par les seigneurs du Moyen Âge pour marquer leurs droits avant que leur régime ne soit aboli par la Révolution.)
Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais

(Sources: Le Reporter sablais – Ass. de Recherches et d’Etudes du Patrimoine Lucquois)




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