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Film Le Tigre et le Président: une atteinte à l’honneur du Tigre selon Les Amis de Georges Clemenceau (Rédaction Les Sables-d’Olonne Vendée)

 


Le Tigre et le Président

Un long métrage vient de sortir sur Clemenceau et Deschanel.
Son réalisateur est Jean-Marc Peyrefitte.
Son titre reprend le surnom de Clemenceau: « Le Tigre et le Président ».

Paul Deschanel, un mandat interrompu
L’acteur Jacques Gamblin joue le rôle du président Paul Deschanel (élu en février 1920), et André Dussolier, celui de Georges Clemenceau.
Paul Deschanel n’a été au pouvoir que sept mois. Il est surtout connu pour une anecdote: on l’a retrouvé en pyjama après avoir chuter du train qu’il avait pris pour se rendre à une cérémonie. Dépressif ou « dérangé », il fut contraint de quitter le pouvoir au bout de sept mois. Il avait été président de la Chambre (Parlement) pendant douze ans.
Le film entend montrer qu’il était visionnaire avec le souhait de mettre en place le droit de vote pour les femmes et l’abolition de la peine de mort. Il était, de plus, opposé à la colonisation ce qui était relativement rare à cette époque. Deschanel était un idéaliste, un progressiste politiquement.


Défaite de Clemenceau à la présidentielle

Face à lui, Georges Clemenceau, connu pour ses qualités exceptionnelles d’orateur, et ses cruelles réparties.
Le Père la Victoire est devenu un personnage mythique pour tous les Français après la victoire de 1918 à laquelle il a fortement contribué.
Et pourtant il perdra l’élection présidentielle contre Paul Deschanel, ce qui le meutrira profondément.
Ce ne sont en effet pas les Français qui votent mais les parlementaires, ceux que Clemenceau a régulièrement villipendé, agressé verbalement, humilié !  Leur vengeance sera de l’écarter de la présidence.

L’honneur de Clemenceau
Mais, comme parfois, le réalisateur prend un peu de liberté avec la vérité strictement historique.
C’est, en tout cas ce que regrette la Société des Amis de Georges Clemenceau.
Cette Société des Amis va même beaucoup plus loin dans la critique du film puisqu’elle estime que celui-ci « nuit gravement à l’honneur de Clemenceau ».


Voici le Communiqué de la Société des Amis de Georges Clemenceau, créée en 1930, peu après le décès de Clemenceau par Georges Wormser, son dernier Chef de Cabinet. Son président actuel en est Guy Wormser.

« Le film « Le Tigre et le Président » nuit gravement à l’honneur de Clemenceau, au mépris de toute réalité historique. Il se présente actuellement comme « inspiré de faits réels », ce qui rend impossible à un spectateur non averti de faire le départ entre la vérité et le faux.

La liste des principales erreurs factuelles est donnée ci-dessous, mais nous souhaitons insister sur les plus lourdes et les plus diffamatoires.
Clemenceau n’a évidemment jamais tenté d’empoisonner Deschanel et de le rendre fou, en dépit de ce que le film prétend explicitement.
Son attitude par rapport à la présidence de la République est aux antipodes ce qui est décrit : à la suite de son renoncement en janvier 1920 après le vote défavorable d’une partie de la Chambre, il a mis le plus grand soin à ne pas interférer dans la suite de l’élection et à ne pas être considéré comme un recours.
Il n’a jamais fait filmer de fausse visite au front pour la bonne raison qu’il y a passé le tiers de son temps sous de vraies bombes entre novembre 1917 et novembre 1918, ce qui aurait rendu une telle imposture parfaitement inutile.
Plus grave encore, il est absurde de prétendre, comme le film le répète à satiété, suivant en cela la propagande nazie, que le Traité de Versailles serait la seule cause de la Seconde guerre mondiale (les Actes du colloque organisé en novembre 2019 sur le thème « Clemenceau et la paix », qui détaillent les recherches les plus récentes, font litière, après bien d’autres travaux historiques,  de cette sottise).
Quant à l’idée que Clemenceau, en tant que seul auteur du Traité – chose parfaitement farfelue -, serait responsable de la mort du fils de Paul Deschanel, il n’est rien de plus absurde.

Il est clair que l’objectif de ce film est de réhabiliter l’image de Paul Deschanel – et pourquoi pas ? 
L’invention d’un « méchant » pour y parvenir serait sans conséquences si c’était un personnage fictif.
Mais s’agissant d’un grand homme de notre Histoire, dont il n’est certes pas question de faire un saint de vitrail mais qui figure au plus haut de la fierté nationale, le traîner ainsi dans la boue est une mauvaise action. »

Guy Wormser
Président de la Société des Amis de Georges Clemenceau

 

Récapitulatif de divers manquements, plus ou moins grotesques, à la vérité historique.
1) Clemenceau serait marié avec une Anglaise prénommée Rose. Sa femme était américaine.
2) Clemenceau négocierait et signerait le traité de Versailles en tête à tête avec un Allemand.
3) Clemenceau ferait campagne à la Chambre des députés pour la présidence de la République en janvier 1920 : il s’y est toujours refusé.
4) Clemenceau continuerait ensuite à vouloir à tout prix devenir Président de la République et ne cesserait de s’y employer : il intriguerait pour remplacer Deschanel à la suite de la chute d’un train en se précipitant à Paris, en intervenant à la Chambre, en évoquant un enlèvement par les Bolchéviques. Plus tard il reviendrait précipitamment d’Amérique au moment de la démission de Deschanel, en 1920 : son voyage Outre-Atlantique est daté d’alors dans le film alors qu’il a eu lieu en réalité en 1922. Il est parti, en fait, en Égypte en septembre 1920 précisément pour éviter d’être considéré comme un recours après la démission de Deschanel.
5) Ce serait sur la recommandation expresse de Clemenceau, acte criminel, que Deschanel aurait été soigné par un médecin militaire prescrivant une drogue expérimentale (véronal dans de l’alcool) dont Clemenceau aurait eu l’occasion de constater auparavant les effets délétères sur un soldat.
6) Clemenceau se serait fait filmer, en 1920, dans une fausse scène au front avec des soldats figurant une attaque sous de faux bombardements – alors que toutes les archives filmées possibles de ses véritables et très nombreuses visites dans les tranchées étaient disponibles.


Philippe Brossard-Lotz

Philippe Brossard-Lotz

Le Reporter sablais


Article précédent sur Clemenceau

Découverte d’un rare manuscrit sur Georges Clemenceau

Photo de Une: Georges Clemenceau assis à son bureau, rue Franklin – Paris

On pensait tout savoir sur Clemenceau
Tant de choses avaient été écrites sur Georges Clemenceau que l’on pensait avoir fait le tour de ce personnage exceptionnel, dans son action comme dans sa façon d’être. Un homme dont les cruelles réparties et les bons mots sont légendaires.
Deux musées et de nombreuses expositions avaient permis de mettre en lumière le Tigre, le Père la Victoire, le 1er flic de France…

On pensait tout savoir…. Il n’en était rien. On va parfois de surprise en surprise dans la quête ultime à propos d’une personnalité incontournable du monde de la littérature, de l’art, de la culture, de la politique.
Il en fut ainsi lors de la récente découverte d’une nouvelle photo d’Arthur Rimbaud, ou des manuscrits de Céline, alors considérés comme perdus.

Il faut cependant avoir de quoi émerveiller dans sa besace pour intéresser les plumitifs aigris que nous sommes….
Eh bien, nous n’aurons pas à nous plaindre de la découverte…. ni du récit qui en est fait.
Christophe Lamb, journaliste, nous la raconte comme un conte, comme si nous étions des enfants en attente d’une histoire merveilleuse.


Des trésors historiques

Il a pu accéder à un grenier familial dans lequel se trouvaient plusieurs malles ayant appartenu à un journaliste du nom de Jean Clair-Guyot qui résidait au 50 rue Caulaincourt à Paris. On imagine la scène: un grenier difficile d’accès, des poutres en bois qui forment une charpente sous laquelle il faut se baisser, des toiles d’araignées. Et une abondante poussière qui recouvrent des malles dans lesquelles des trésors historiques dorment depuis des décennies.
Un territoire immaculé que l’on découvre toujours les mains légèrement tremblantes.
Nous sommes fin prêts à écarquiller les yeux !

Dans ces malles, nous raconte Christophe Lamb, il a découvert de nombreux documents et notamment un manuscrit rédigé et mis en forme par Jean Clair-Guyot, ainsi que plus de 3000 plaques de verre (supports anciens de photographies) relatives à des personnalités dont un bon nombre sur Georges Clemenceau.

Avant d’aller plus loin, il est impératif d’expliquer qui était ce journaliste accrédité dans les sphères politiques parisiennes, et qui suivait pour la rédaction de ses articles et reportages les plus hautes personnalités politiques de son temps.
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Jean Clair-Guyot, photographe
© Photo: DR

 

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Jean Clair-Guyot (1880 – 1956) 
Il exerçait la profession de photo-reporter, ce qui l’a amené à approcher Georges Clemenceau.
Il l’a d’abord rencontré dans ses fonctions officielles puis, lorsque le Tigre se retira de la vie politique, dans des moments plus intimes.
C’est ainsi qu’au fil de leurs rencontres une forme de complicité s’instaura entre eux.
Ce qui n’empêcha pas le Tigre, en fonction de son humeur, de rabrouer le journaliste lorsque celui-ci devenait trop insistant pour obtenir un cliché. On sait que Clemenceau avait la manie de vitupérer – parfois dans un jeu très contrôlé – photographes et caméramen.
Mais il appréciait le travail de Jean Clair-Guyot, et il lui fit savoir.

A droite Clemenceau à St-Vincent-sur-Jard © Photo: Christophe Lamb

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Jean Clair-Guyot avait un grand projet qu’il n’a pas eu le temps de concrétiser: celui de montrer un visage méconnu de Clemenceau au travers d’un ouvrage qui aurait réuni de nombreuses anecdotes et les photos qu’il avait prises du Père la Victoire.
Le visage d’un homme qui, malgré l’apparence qu’il donnait, pouvait parfois être en proie à un excès d’émotion.

 

Lise Lentignac – Musée Clemenceau de Paris

 

Un document inédit

Grâce à Christophe Lamb et Lise Lentignac (administratrice du Musée Clemenceau de Paris), nous avons la chance de pouvoir découvrir le manuscrit inédit consacré à Clemenceau par une des rares personnes a avoir pu le côtoyer dans son quotidien.
Une découverte improbable et inestimable pour la compréhension du caractère de l‘un des plus grands hommes politiques français.

© Photo: Christophe Lamb

 

 

© Photo: Christophe Lamb

 

Un visage de Clemenceau
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Musée Clemenceau à Paris: 8 rue Benjamin Franklin, 75116 Paris Tel : 01.45.20.53.41
Maison et Jardins de Georges Clemenceau: Saint-Vincent-sur-Jard (Vendée).

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Philippe Brossard-Lotz

Philippe Brossard-Lotz

Le Reporter sablais

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