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Les Sables-d’Olonne Vendée. Touch and Go pour l’aérodrome des Sables d’Olonne




 

Les Sables-d’Olonne Vendée. Touch and Go pour l’aérodrome des Sables d’Olonne

Le « Touch and Go » est une figure utilisée dans l’apprentissage de l’aviation qui consiste à atterrir sur la piste et, immédiatement après, au lieu de réduire les gaz et de rouler, à mettre plein gaz et à tirer le manche pour repartir en l’air.
Nous n’irons pas jusqu’à écrire que l’Agglomération des Sables d’Olonne met plein gaz, mais elle effectue un vrai Touch and Go sur ce dossier qui n’en finissait pas d’être ralenti depuis de nombreuses années.

Polémiques, oppositions, mésententes… n’auront pas été absents des débats sur ce dossier, et cela depuis fort longtemps, et auront opposé usagers, riverains et élus depuis plus d’une dizaine d’années.
L’aérodrome, créé en 1924, a connu de beaux jours à la glorieuse époque de la station balnéaire des Sables d’Olonne. Il a encore son rôle à jouer sur ses 32 hectares, et connaît des évolutions sportives: en effet, au classique pilotage d’avions, se sont ajoutés la pratique de planeur et surtout le parachutisme (l’aérodrome comporte une piste en goudron et une en herbe). Et les adeptes de la serviette sur la grande plage des Sables d’Olonne ne manqueront pas citer la publicité aérienne.
Sur le site, sont développées des activités menées par l’Aéro-Club de Vendée, et les sociétés Vendée Evasion et Vendée Aviation (une vingtaine d’emplois).

 

Aéro-Club de Vendée – Les Sables d’Olonne

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Nuisances sonores
Si tout semblait aller pour le mieux dans les précédentes décennies, la création de lotissements sur le pourtour de l’aérodrome a fini par créer, ici aussi, la sempiternelle gué-guerre entre les usagers (pilotes et pratiquants) et les riverains pour des questions de nuisances sonores.
Plus rien n’avançait, l’aérodrome déclinait tout doucement, et le restaurant – qui fut très couru – ferma ses portes.
Ce qui n’empêcha pas des sociétés spécialisées dans les stages sportifs, notamment de parachutisme, de développer avec réussite leurs activités sur cet aérodrome.
Un projet de déplacement vers le site du Vendéopôle – un échec financier retentissant piloté alors par la Communauté de Communes des Olonnes CCO et ses pseudo-spécialistes – ne vit jamais le jour.

Des avancées plus sérieuses prirent ensuite vie avec une étude préalable réalisée par la société Espelia en 2017/2018 afin de définir les possibilités d’aménagement de l’aérodrome.
Toutes les possibilités furent envisagées y compris sur d’autres terrains disponibles dont ceux situés à La Vannerie. Mais les contraintes et les coûts ont conduit à enterrer très vite cette ubuesque idée.
Le même constat fut fait: « soit ceux-ci posaient des problèmes de faisabilité, soit les coûts restaient élevés, soit le survol à basse altitude se faisait sur des zones d’habitat » indiqua à l’époque Jean-Paul Dubreuil qui suivait ce dossier.

Le projet ne fut pas abandonné puisque des crédits budgétaires furent même inscrits au Budget primitif 2018 de l’Agglo. Et l’étude fut présentée en Bureau communautaire le 18 juin 2018.
Lire notre article sur le projet présenté en 2017: https://www.lereportersablais.com/quel-avenir-pour-laerodrome-des-sables-dolonne/
Mais c’est le maintien sur le site de La lande qui emporta l’adhésion.
Le projet fut loin d’être pris à la légère puisqu’il cumule, depuis 2019 et en englobant le budget 2021, une somme de plus de 5 millions d’€ TTC d’autorisation de programme (APCP).
Le but est de réaménager « l’équipement avec pour objectif principal d’optimiser et de dynamiser la plateforme actuelle ainsi que de requalifier l’espace existant, en répondant à la fois aux besoins des usagers du site et à la réduction des nuisances pour le voisinage » précise Alain Blanchard, élu de l’Agglomération chargé de l’économie, qui souligne que le nouveau projet ferait consensus.

Assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO)
A la suite d’un appel d’offres en 2018, la société Ingerop avait été retenue. Elle présentait comme expériences des projets d’optimisation des aéroports de Biarritz, Ajaccio, Saint-Nazaire et Montpellier.
Depuis l’étude préalable, des réunions de concertations eurent lieu avec les usagers et les riverains conduisant à l’avant-projet de ce jour, 10 décembre 2020, présenté au vote durant le conseil d’Agglo.

En voici les éléments essentiels:

Sécurisation et réduction des nuisances
Basé sur l’étude préalable réalisée, sa réalisation permettra de répondre à différents enjeux dont 2 piliers: la sécurisation et la réduction des nuisances.

Constructions d’espaces
– constructions de 2 hangars
– construction dune nouvelle zone d’accueil (escale + restaurant)
– extension des futures autorisations d’occupation temporaire afin d’éloigner davantage les usagers de la plate-forme et réduire ainsi les nuisances.
– autorisation de construction de hangars et bureaux pour les activités.
Cet ensemble de réalisations permettra de pacifier les relations.

Visibilité et prescriptions architecturales
– les activités devront bénéficier de la même visibilité.
– tous les bâtiments respecteront des prescriptions architecturales communes.
– l’Agglo sera visuellement dominante.

Réduction des nuisances sonores
– un taxiway sera construit afin de permettre de laisser disponible rapidement la piste principale; ainsi, cela réduira les nuisances sonores car les avions ne seront plus en situation d’attente.
– les bâtiments qui seront construits le longe de la route (des hangars, bureaux et le restaurant) ainsi qu’un mur antibruit permettront une isolation sonore, visuelle et olfactive vis-à-vis des zones urbanisées.

Sécurisation des mouvements aériens
– dans les limites foncières existantes de l’aérodrome, la piste en goudron sera allongée de 40 mètres d’un côté et de 60 mètres de l’autre afin de faciliter et sécuriser les décollages et atterrissages en laissant davantage de marge.
Cet allongement n’a pas vocation à faire venir des avions plus gros; d’ailleurs des seuils réglementaires sont fixés par la Dir. Gale de l’Aviation civile (DGAC) et ceux-ci n’ont pas été modifiés.
– augmentation des surfaces en enrobé pour le stationnement des avions afin d’éviter l’envol de poussières.

 

Un coût de 3,5 millions HT
Pour le taxiway (10.000 m2), la somme est de un peu plus de 1,1 million d’€
Extension des parkings avions (14.000 m2): 820.000 €.
300.000 € pour l’allongement de la piste.
2 hangars: 600.000 €.

Note: une zone devrait être prévue pour des panneaux photovoltaïques afin de générer de l’électricité pour 5000 foyers. Les zones disponibles sont relativement rares et avec ce délaissé sur l’aérodrome, c’est une opportunité. Dans le cadre d’une société de projet avec Vendée Energie, les fonds récoltés permettront de soutenir d’autres projets.


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Le calendrier
Le projet ayant été voté aujourd’hui par l’Agglo (avec 1 vote contre), la phase « GO » est désormais lancée.
Le projet  sera déposé pour examen auprès de l’autorité environnementale. Suivront, une phase d’étude d’impact (environ un an) et une enquête publique.
Les travaux devraient débuter au printemps 2022.

 

Débats lors du Conseil d’Agglo du 10 décembre 2020
Anthony Bourget (opposition) intervint sur ce projet d’Aérodrome.

« Nous savons que cette délibération n’est qu’un avant-projet mais elle en dit long sur la politique que mène notre assemblée.
Sur la méthode, comme pour le projet de Yacht Club, celui-ci est absent des programmes électoraux, et n’a pas fait l’objet de consultation, ni de réelle concertation.
Pour être précis, plusieurs quartiers sont impactés par le passage des avions. (Mais les discussions avec) le simple voisinage immédiat ne suffit pas à faire une concertation.
Nous manquons également d’informations : pas de compte rendu sur les soi-disant nombreuses réunions avec les riverains, pas de bilan de l’utilisation des installations à ce jour, pas d’étude sur l’impact environnemental, pas d’étude sur l’intérêt économique du projet.

Sur l’argument du développement économique justement, cette affirmation n’est pas démontrée. Impossible de se projeter. Nous savons qu’il existe déjà un véritable aérodrome à La Roche sur Yon. Nous savons, aussi, selon la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) qu’il y a 6000 avions légers en France, dont 1 600 planeurs. Laissons tomber les planeurs, le bord de mer n’est pas propice à ce genre d’activité. Mais sur le reste des véhicules aériens existants, combien disposent de l’autonomie pour venir chez nous ?
Pourquoi la collectivité devrait-elle consacrer plusieurs millions pour distraire quelques pilotes privés ? Seuls 40% des pilotes brevetés volent régulièrement.

Il faut trouver et développer des arguments économiques pertinents et convaincants pour nous empêcher de sourire. Les Sablais(es) commencent à se poser sérieusement des questions sur l’emploi de l’argent public à l’Agglomération.
Sur le financement, plusieurs millions d’euros pour “pacifier les relations” et “retrouver la neutralité dans le traitement du site”…  Autrement dit, pour faire la police, ça fait cher le service !
L’absence de subvention de l’Etat ou de la Région doit nous interpeller. La preuve d’un intérêt général à ce projet n’est pas apportée et ne les a pas convaincus.

Sur l’impact environnemental, il ne s’agit pas de monter un projet conformément aux règles environnementales pour être un projet écologique et bien ancré dans son temps.

Il est question d’une aviation de tourisme (Les Sables /L’île d’Yeu /La Roche). L’activité de l’aérodrome augmente depuis quelques années, générant de plus en plus de nuisances pour les riverains.
Augmenter la taille des avions par un allongement de la piste au détriment de l’environnement profitera à qui ? Voter cette délibération après l’approbation du PCAET, c’est de l’ordre de la schizophrénie politique !

Enfin, doit-on continuer de faire de la plus belle baie du monde un endroit de surexposition commerciale avec des avions-banderoles ?
Ce projet est daté et coûteux. Nous ne voterons pas en sa faveur.”

 

Réponses
Alain Blanchard lui répondit qu’il ne fallait pas tomber dans le fantasme, notamment à propos du prétendu accueil de gros avions sous prétexte que l’on allongeait la piste. Il indiqua que les présentations et concertations avaient fait l’objet d’une totale transparence, et que l’augmentation de la longueur avait pour seul objectif d’améliorer la sécurité.
Il s’étonna qu’Anthony Bourget n’ait pas fait la moindre remarque durant la Commission préliminaire. « Pas un seul mot à ce sujet et vous dites des choses fausses. Vous ne recherchez qu’à rallumer des braises. Il y a eu de nombreuses concertations ainsi que plusieurs délibérations lors de Conseils d’Agglo avec un budget, donc le projet a bien été évoqué et il n’est pas sortie du chapeau… »
Il ajouta que l’intervention, en matière d’économie, est dédaigneuse vis à vis des activités qui sont en place sur le site, et que le coût engendré visait le développement de la sécurité et la réduction des nuisances.: « Je vous laisse vos polémiques sur la schizophrénie et le PCAET, vous cherchez juste à faire de l’esbroufe et à jeter de l’huile sur le feu. »
Alain Blanchard poursuivit en indiquant que l’objectif était aussi de monter en gamme avec un aérodrome réaménagé, et qu’il s’agissait d’éléments pris en considération, par exemple pour le classement touristique de la station, pour l’organisation du Vendée Globe, ou pur la venue d’entreprises.

Le Président de l’Agglo, Yannick Moreau, prit alors la parole pour répondre à Anthony Bourget:
« Monsieur Bourget, être élu ce n’est pas cultiver le sillon de la démagogie. L’Agglo n’a pas construit l’aérodrome, elle en a hérité. Cela fait partie de l’héritage et des responsabilités partagées.
Quand on a un aérodrome à vocation touristique qui vivote, un bâtiment qui s’écroule, un restaurant qui fait faillite, faut-il tout laisser tomber. C’est un avant-projet, qui sera discuté j’en suis sûr, et il y aura une enquête publique.
Ce projet sert à améliorer l’existant. On ne veut pas le faire changer de nature, un aérodrome dans une station balnéaire a sa raison d’être, sa vocation.
Ce n’est pas moi qui, au Château d’Olonne, ai laissé se développer un programme immobilier autour de l’aérodrome.
Faut-il tout abandonner, laisser tuer les entreprises qui sont sur place…?
On ne cherche qu’à améliorer la situation existante, à concilier la vie locale et l’obligation des élus de faire vivre les équipements existants. »

 

Ci-dessous les PLANS de l’avant-projet

Lire notre article sur le projet présenté en 2017: https://www.lereportersablais.com/quel-avenir-pour-laerodrome-des-sables-dolonne/

Philippe Brossard-Lotz

Le Reporter sablais

 

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