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Les Sables-d’Olonne Vendée. Franc succès pour La Puce à l’oreille de Georges Feydeau

Les Scènes sablaises ont présenté les mercredi 17 et jeudi 18 janvier 2024 « La Puce à l’oreille », du célèbre auteur Georges Feydeau.

Ce sont des acteurs de La Comédie Française qui ont joué une pièce dite de vaudeville, créée par Feydeau en 1907.
Une pièce qui, 117 ans après, a toujours le même effet auprès du public.
Dans la grande salle des Atlantes, aux Sables-d’Olonne, les rires ont retenti durant les deux soirées programmées.
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Georges Feydeau par Carolus-Duran – Musée sdes Beaux-Arts de Lille
© Photo : Ph.Vassil via Wikipedia / DR

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Georges Feydeau

LAu collège, abandonné en 1882 au profit du théâtre, Georges Feydeau (1862-1921) préfère écrire des «dialogues» tout en se rêvant peintre.
Entre 1876 et 1880, il exerce ses talents d’imitateur et d’écrivain au sein d’une association d’amateurs organisant des spectacles, le Cercle des Castagnettes. Le monologue comique en vogue lui permet d’affûter sa plume et de rencontrer de jeunes comédiens et interprètes de ses textes.

Alors qu’il a 24 ans, son « Tailleur pour dames » reçoit un accueil chaleureux. Six ans plus tard, le succès est triomphal avec « Champignol malgré lui » et « Monsieur chasse ! »
Année féconde, 1892 est aussi celle de la création du Système Ribadier. Il est vrai que Feydeau a mis toutes les chances de son côté. Adepte des collaborations, s’il écrit seul Monsieur chasse !, il retrouve Maurice Desvallières pour Champignol et Maurice Hennequin pour Le Système Ribadier.

«J’introduis dans ma pilule un gramme d’imbroglio, un gramme de libertinage, un gramme d’observation. Je malaxe, du mieux qu’il est possible, ces éléments.»

Sa fréquentation des boulevards entre donc dansl a composition de cette pilule du bonheur, comme en témoigne Un fil à la patte, grand triomphe de la série des vaudevilles en trois actest raitant de la promotion sociale et première comédie conjugale.
Bourgeois et aventurières semblant sortis des cafés parisiens peuplent ses pièces où infidélité et cupidité traduisent, sansforcément la juger, la médiocrité humaine. Ainsi, les chassés-croisés amoureux brouillent les limites sociales entre bourgeois et modestes gens mis en scène dans L’Hôtel du Libre-Échange (1894), dernière collaboration avec Desvallières en dépit du succès considérable de la pièce qui déclenche des rires couvrant la voix des acteurs contraints à la pantomime.
La création du Dindon (1896), construit comme Un fil autour d’un deuxième acte délirant sur le mariage, est accompagnée de celle de courtes pièces puis d’un nouveau triomphe (La Dame de chez Maxim),suivi notamment de La Puce à l’oreille (1907) et d’Occupe-toi d’Amélie (1908) qui témoignent toujours autant de son attention à la mise en scène.
Après Hortense a dit « Je m’en fous! » en 1916, Georges Feydeau se consacre surtout à la lecture et à la peinture.
La syphilis emportera en 1921 ce dramaturge prolifique.
(Sources © Comédie française)



Le Reporter sablais

Le commencement de la pièce, d’une durée de 2h10, fut un peu mou durant les 15 premières minutes.
Nous pensions même nous être trompés de salle….. Mais non, il s’agissait bien de la grande salle des Trois mâts, pleine à craquer. Le théâtre, et notamment le vaudeville, a de beaux jours devant lui.
Très rapidement, les acteurs ont pris toute leur mesure, avec brio, les quiproquos et malentendus imaginés par Georges Feydeau faisant alors tous leurs effets.

La pièce est « enlevée », dynamique, le scénario plein de péripéties, les rebondissements étonnants et le jeu de scène performant, parfois exceptionnel.
On regrettera, parfois, une certaine confusion en raison de la multitude des apparitions, mais celle-ci est vraisemblablement intrinsèque à la conception de la pièce par Feydeau, multipliant les quiproquos.
Ce sentiment reste très modéré et disparaît au fur et à mesure de l’avancée de la pièce. Il ne concerne sans doute que ceux qui n’ont jamais lu la pièce.
Autre sentiment : il nous semble que les passages du « malade du palais » sont trop répétitifs. Cela n’enlève rien à la qualité de l’acteur, Jean Chevalier, contraint tout au long de la pièce de manger, même sans appêtit, toutes les consonnes de l’alphabet…

L’ensemble des acteurs de la Comédie française ont mérité, en toute logique, les applaudissements fournis que leurs ont octroyé en fin de séance les spectateurs, ravis d’avorir assisté à ce spectacle théâtral très distrayant.
– Thierry Hancisse, Alexandre Pavloff, Clotilde de Bayser, Serge Bagdassarian, Bakary Sangare, Nicolas Lormeau, Jérém Lopez*, Benjamin Lavernhe*, Sébastien Pouderoux, Anna Cervinka, Pauline Clément, Jean Chevalier, Élise Lhomeau, Birane Ba*, Nicolas Chupin* (* en alternance), Sanda Bourenane, Vincent Breton, Olivie Debbasch, Alexandre Manbon.

Thierry Hancisse Augustin Ferraillon
Alexandre Pavloff Docteur Finache
Clotilde de Bayser Olympe Ferraillon
Serge Bagdassarian Victor-Emmanuel Chandebise et Poche
Bakary Sangaré Baptistin
Nicolas Lormeau Étienne
Jérémy Lopez Carlos Homénidès de Histangua
Sébastien Pouderoux Romain Tournel
Anna Cervinka Raymonde Chandebise
Pauline Clément Lucienne Homénidès de Histangua
Julien Frison Rugby
Jean Chevalier Camille Chandebise
Élise Lhomeau Antoinette

 

Jean Chevalier et Jérémy Lopez – La Puce à l’oreille de Georges Feydeau © Photo : Comédie française

 

On donnera un accessit à Jérémy Lopez pour la qualité de sa prestation, variée, originale, amusante voire burlesque !

Le jeu des acteurs a été particulièrement apprécié dans cette pièce, « La Puce à l’oreille », dont le coeur repose sur l’infidélité, l’adultère : le meilleur sujet pour favoriser les malentendus et les rebondissements….
La mise en scène – survoltée – est due à la suissesse Lilo Baur qui avait déjà été aux manettes pour quatre autres pièces de la Comédie Française.

La Puce à l’oreille
de Georges Feydeau
© Photo: Comédie française

 


Lilo Baur :
Metteuse en scène, actrice au théâtre et au cinéma, Lilo Baur débute à Londres au Royal National Theatre avec Katie Mitchell puis Richard Oliver.
En 1989, elle rejoint la compagnie Complicite avec Simon McBurney et y joue notamment dans The Three Lives of Lucie Cabrol (Dora Award de la meilleure actrice, prix de la meilleure actrice du Manchester Evening News).
En France, elle joue pour Peter Brook, dont elle est la collaboratrice artistique sur Fragments et Warum Warum. Au théâtre, Lilo Baur met en scène en Grèce, Espagne, Italie, Suisse…
Elle monte Fish Love d’après Tchekhov, Le Conte d’hiver de Shakespeare, Le 6e Continent de Daniel Pennac. Ces dernières années, elle collabore avec le metteur en scène et dramaturge Hideki Noda au Tokyo Metropolitan Theatre, et dernièrement en tournée au Japon, à Taïwan et à New York poursa pièce One Green Bottle, ainsi qu’avec Jean-Yves Ruf avec lequel elle met en scène En se couchant, il a raté son lit de Daniil Harms au Théâtre Gérard-Philipe.
Elle met également en scène plusieurs opéras dont récemment La Conférence des oiseaux de Michaël Levinas avec L’Ensemble 2e2m.
La Puce à l’oreille est la cinquième mise en scène de Lilo Baur à la Comédie-Française, après Le Mariage de Gogol en 2010, La Tête des autres de Marcel Aymé en 2013 (prix Beaumarchais du Figaro du meilleur spectacle), La Maison de Bernarda Alba de Federico García Lorca en 2015 et Après la pluie de Sergi Belbel en 2017.
(Sources © Comédie française)

POUR ALLER PLUS LOIN : Intéressante interview de Lilo Baur :
https://www.theatre-contemporain.net/spectacles/La-Puce-a-l-oreille-26850/ensavoirplus/idcontent/99666


Le burlesque prend toute son ampleur avec le « tourniquet » d’une chambre, à « l’Hôtel du Minet galant »…. et grâce à la confusion entretenue entre deux personnages installés en tant que « sosie ».
Rebondissements, mouvements, portes claquantes, situations ubuesques s’enchaînent ensuite à une vitesse parfois impressionnante donnant l’impression d’une tornade théâtrale orchestrée par une troupe d’acteurs qui semble aller et venir en toute liberté sur la scène. Rie n’est moins vrai car tout est organisé avec minutie, une minutie dont Georges Feydeau était friand.

Les décors, agréables à l’oeil, représentent le living d’un chalet donnant sur des montagnes enneigées, sans doute en Suisse.
Le changement de scène avec l’enlèvement du mobilier est réalisé en musique par les acteurs, avec une certaine originalité qui fut appréciée par les spectateurs.

Rappelons que Georges Feydeau fut également l’auteur de la célèbre pièce « La Dame de chez Maxim’s » qui fut portée à l’écran avec une actrice sablaise exceptionnelle, Florelle, dans le rôle de la môme Crevette.

Philippe Brossard-Lotz

Le Reporter sablais



Résumé par la Comédie française :
Raymonde Chandebise soupçonne son époux Victor-Emmanuel de la tromper, un colis provenant de l’hôtel du Minet-Galant lui ayant mis « la puce à l’oreille ». Bien décidée à le pincer, elle lui fait adresser une missive rédigée par son amie Lucienne lui donnant rendez-vous audit établissement. La ressemblance est frappante entreChandebise, assureur bourgeois du boulevard des Peupliers, et Poche, valet ivrogne de l’hôtel des amours adultères.Les portes claquent, lesmalentendus abondent pour le bonheur du spectateur qui a un temps d’avance sur les personnages. Créée en 1907 au Théâtre des Variétés, la pièce montre, une fois de plus, que la mécanique comique chez Feydeau repose essentiellement sur le quiproquo dontil use ici pour démêlerles déboires conjugaux et unir ceux quis’aiment.

« Elle rassemble tous les ingrédients qui ont fait la réputation du maître du vaudeville : situations burlesques et quiproquos enchâssés auxquels il ajoute le thème du sosie et un imparable stratagème pour faire disparaître les couples adultères.
La Puce à l’oreille signe en 1907 le retour triomphal de Feydeau au vaudeville. D’une construction redoutable assortie d’une incroyable fantaisie, c’est « un feu d’artifice allumé au-dessus d’une fourmilière » comme le souligne la critique de l’époque qui s’emballe également pour l’adresse avec laquelle y est renouvelé le thème du sosie. L’objet principal de la confusion à venir est un colis ouvert « par mégarde » par l’épouse de M. Chandebise : des bretelles envoyées depuis l’hôtel du Minet- Galant. Piquée, Raymonde se persuade qu’elle est trompée. Elle fait appel à son amie Lucienne pour rédiger une missive donnant rendez- vous à son époux dans ce même hôtel. Bien mal en a pris à la complice car la lettre écrite de sa main tombe dans celles de son propre mari, qui se pense à son tour outragé… Tous se retrouveront au Minet-Galant où le garçon de l’hôtel, Poche, est le sosie du mari de Raymonde. La Puce à l’oreille exploite plus que jamais d’ingénieuses ressources scéniques : un « escalier de secours » et surtout un stratagème pour faire disparaître à la moindre alerte les couples adultères.
En confiant à Lilo Baur cette pièce qui ne fût jouée pour la première fois à la Comédie-Française qu’en 1978, Éric Ruf offre à la Troupe une nouvelle occasion de faire valoir sa maîtrise de la mécanique propre au maître du vaudeville. Dans un décor de montagne, dans les années 1960, la metteuse en scène développe son univers burlesque et dirige les comédiens sur un rythme endiablé propice à satisfaire leur amour du jeu. »

(© Comédie française)


Critique par le journaliste Georges Salles
(in Le rideau arstistique et littéraire, janvier 1911)Victor-Emmanuel Chandebise a été, pendant quelques semaines, affecté d’une fatigue lombaire et il s’est vu obligé de porter des bretelles hygiéniques. Il a fait cadeau de ses anciennes bretelles à son cousin Camille, lequel, en partie fine à l’hôtel du Minet-Galant, maison de rendez-vous célèbre, les a oubliées et c’est à Chandebise que l’on les renvoie par colis postal. C’est la femme de ce dernier, Raymonde, qui reçoit le colis et cet envoi lui met « la puce à l’oreille », car les bretelles provenant d’un endroit tel que l’hôtel du Minet-Galant, ce ne peut être qu’une preuve de l’infidélité de son mari qui la trompe dans cet hôtel.
Aussitôt, Raymonde, aidée de sa meilleure amie, Lucienne de Histangua, veut confondre le soi-disant coupable. Pour cela, Lucienne se dévoue et donne rendez-vous à Chandebise à l’hôtel du Minet-Galant ; c’est Raymonde qui se trouvera là et le mari sera pris au piège. Mais le billet doux tombe entre les mains de l’époux de Lucienne, le terrible Homenidès de Histangua, d’une jalousie féroce. Et il jure de tout massacrer, car, malgré l’anonymat, il a reconnu l’écriture de sa femme.
A l’hôtel du Minet-Galant, une chambre truquée a été aménagée en prévision des flagrants délits : lorsque quelqu’un se présente pour surprendre les coupables, il suffit d’appuyer sur un bouton et un ingénieux mécanisme retourne l’alcôve et remplace les amoureux par un vieux monsieur malade. Tous les personnages se retrouvent dans l’hôtel et passent dans l’alcôve truquée, ce qui fait naître des quiproquos à n’en plus finir. La situation se corse par la présence d’un domestique, qui est le vivant portrait de Chandebise, et les méprises qu’il occasionne sont inénarrables.
Le troisième acte remet tout en place. Chandebise explique l’affection dont il était atteint, prouvant ainsi son innocence, et Homenidès de Hsitangua n’ayant plus à suspecter la vertu de sa femme, tout s’arrange dans une embrassade générale.
Bonne interprétation par notre troupe de comédie.
Georges Salles




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Philippe Brossard-Lotz

Philippe Brossard-Lotz

Le Reporter sablais

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