FRANCE. BILAN 2022 de la DÉLINQUANCE : presque tous les indicateurs à la hausse.. Synthèse La quasi-totalité des indicateurs de la délinquance enregistrée* en France (France métropolitaine et départements ou région d’outre-mer [DROM]) sont en hausse en 2022 par rapport à l’année précédente, hormis les vols violents sans arme. L’ensemble des résul- tats de la première photographie de la délin- quance (cf. Interstats Analyse n° 54) sont ainsi confirmés dans ce bilan statistique définitif. Quatre indicateurs ont par ailleurs bénéficié d’une mesure consolidée : le nombre de victimes d’homicide ; le nombre de mis en cause pour usage de stupéfiants, et celui pour trafic de stupéfiants ; le nombre de victimes d’escroquerie. Les données sur ces indicateurs ont été extraites début mai 2023, permettant ainsi d’intégrer davantage de requalifications, avec un effet non négli- geable sur les homicides et le trafic de stupéfiants (encadré 1). (*Dans la continuité du bilan statistique publié en 2021, l’analyse de la délinquance intègre une comptabilisation exhaustive des crimes et délits enregistrés (i.e. infractions principales et secondaires) permettant ainsi de mieux caractériser les phénomènes. Les statistiques portant sur les homicides sont aussi fiabilisées dans cet ouvrage). Encadré 1 Encadré 1 > Les écarts entre la première photographie de la délinquance de janvier 2023 et le bilan statistique définitif de juillet 2023 Sur l’ensemble des indicateurs utilisés, quatorze sont repris à l’identique de ceux publiés en janvier 2023 dans la première photographie de la délinquance. Il s’agit des indicateurs issus des bases historiques de l’État 4001 qui sont figés à la fin de chaque année et n’intègrent pas de requalifications. Quatre indicateurs ont en revanche été consolidés et font l’objet ici de révisions : le nombre de victimes d’homicide ; le nombre de mis en cause pour usage de stupéfiants, et celui pour trafic de stupéfiants ; le nombre de victimes d’es- croquerie. Les données sur ces indicateurs sont issues de bases statistiques du SSMSI et ont été extraites début mai 2023, permettant ainsi d’intégrer davantage de requalifications. Pour les homicides, l’expertise qualitative est aussi prolongée ce qui est particulièrement important pour les homicides intervenus à la fin de l’année 2022. L’actualisation de ces indicateurs apporte des modifications assez marginales sur les volumes en variation (de -0,5 % à +1,3 %) ou encore l’ampleur des évolutions observées en pourcentage (de -0,1 à 1,3 point de pourcentage), mais en valeur absolue ces révisions peuvent avoir leur importance : on compta- bilise ainsi un supplément de 11 victimes d’homicide, de 1 600 mis en cause pour usage de stupéfiants et de 600 pour trafic de stupéfiants. Concernant les escroqueries, on comptabilise 2 400 escroqueries de moins que dans la première photographie. Tous les indicateurs de la délinquance sont en augmentation en 2022 à l’exception des vols violents sans arme Les quatre indicateurs consolidés pour cet ouvrage sont bien confirmés à la hausse en 2022. Les victimes d’homicide sont en hausse de 9 %, après une croissance de 7 % en 2021 (figure 1). En matière de lutte contre les stu- péfiants, après avoir fortement augmenté en 2021 dans un contexte de mise en place des amendes forfaitaires délictuelles, le nombre de mis en cause pour usage de stupéfiants augmente de nouveau en 2022 (+14 %, après +38 % en 2021). Le nombre de mis en cause enregistrés pour trafic de stupéfiants en 2022 est également en hausse (+5 %, après +13 % en 2021). Enfin, le nombre de victimes d’escro- queries enregistrées augmente (+8 % en 2022, après +14 % en 2021). Pour les autres indicateurs, comme affiché dans la première photographie de janvier 2023, les hausses poursuivent celles obser- vées avant la crise sanitaire pour les coups et blessures volontaires (sur personnes de 15 ans ou plus) et les violences sexuelles enre- gistrés par la police et la gendarmerie. Ainsi, le nombre de victimes de coups et blessures volontaires (sur personnes de 15 ans ou plus) enregistrées augmente en 2022 (+15 %, après +12 % en 2021). La hausse est légèrement plus forte pour les victimes de violences intra- familiales enregistrées (+17 %) que pour les vic- times d’autres coups et blessures volontaires (+14 %). La hausse est également nette pour le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées (+11 % en 2022, après +33 % en 2021), aussi bien pour les viols et tentatives de viol (+12 % en 2022) que pour les autres agres- sions sexuelles (+11 %). Les indicateurs de la délinquance enregistrée relatifs aux vols sans violence contre des personnes, aux cambriolages, aux vols de véhicules, aux vols dans les véhicules et aux vols d’accessoires sur véhicule, qui avaient fortement reculé pendant la crise sanitaire, s’accroissent nettement en 2022. Néanmoins, tous ces indicateurs restent en dessous de leur niveau d’avant-crise à l’exception des vols d’accessoires sur véhicules. Ainsi, les cam- briolages de logements (+11 %) et les vols de véhicules (+9 %) augmentent nettement en 2022, après une stabilité en 2021 et une très forte baisse en 2020 (respectivement -20 % et -13 %) dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid-19. Les vols sans violence contre des personnes, les vols dans les véhicules et les vols d’accessoires sur véhicules, qui avaient déjà progressé en 2021, augmentent en 2022 (respectivement +14 %, +9 % et +30 %). Les évolutions des indicateurs relatifs aux vols avec armes, aux vols violents et aux destruc- tions et dégradations volontaires enregistrés sont plus modérées. Les vols avec armes augmentent légèrement en 2022 (+2 %) après une légère baisse en 2021 (-2 %). Les destruc- tions et dégradations volontaires s’accroissent très légèrement en 2022 (+1 %), comme en 2021. Le nombre de vols violents sans arme enregistrés est en baisse en 2022 (-4 %) poursui- vant sa diminution régulière entamée en 2013. Ces données ne reflètent que la délinquance enregistrée par les services de police et de gendarmerie nationales. Pour compléter cette analyse, une approche est systématiquement fournie avec les résultats des enquêtes de victimation Cadre de vie et sécurité (CVS) ou Genre et sécurité (Genese) notamment pour la mesure du dépôt de plainte (encadré 2). Ces enquêtes permettent plus largement de collecter de l’information sur les victimes d’infractions, y compris celles qui ne sont pas connues des forces de sécurité parce qu’elles n’ont pas déposé plainte, n’ont pas été iden- tifiées ou encore celles qui ont été victimes d’atteintes qui n’ont pas été qualifiées péna- lement au regard de la loi. Le SSMSI a refondu son dispositif d’enquête de victimation récemment. La première édition du nouveau dispositif, l’enquête statistique Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS) s’est déroulée en 2022 pour des résultats attendus fin 2023. Stats 1 Indicateurs de la délinquance enregistrée par la police et la gendarmerie nationales en 2022 et évolutions annuelles Encadré 2 (Note : Avertissement : En raison de la crise sanitaire liée au Covid-19, l’enquête Cadre de vie et sécurité n’a pas pu être menée en 2020 par l’Insee. L’évolution de la situation sanitaire a permis à l’Insee de réa- liser l’enquête en 2021 mais via une collecte réa- lisée quasi exclusivement par téléphone rendant impossible l’exploitation de l’auto-questionnaire sur les violences sensibles (violences sexuelles ou violences commises au sein du ménage). Les enquêtes de victimation fournissent un éclairage complémentaire indispensable à l’analyse des données administratives issues des procédures enregistrées par la police et la gendarmerie. Elles fournissent des résultats sur les actes de délinquance subis par la popu- lation, y compris concernant les victimes qui ne sont pas connues des forces de sécurité parce qu’elles n’ont pas déposé plainte ; elles permettent également de mesurer les taux de dépôt de plainte. Ces taux correspondent àla proportion de victimes ayant déclaré avoir déposé plainte dans un commissariat de police ou une brigade de gendarmerie. Pour certaines atteintes, les données collectées annuellement par l’enquête CVS ne sont pas suffisantes pour évaluer de façon fiable les taux de dépôt de plainte. Pour pallier cette difficulté, trois années de collecte ont été cumulées (2018, 2019 et 2021). Les chiffres présentés dans ce tableau sont les taux de dépôt de plainte esti- més en moyenne sur ces périodes permettant de mesurer de manière robuste les comporte- ments de dépôt de plainte des victimes. Ne disposant pas de données sur les violences sensibles dans l’enquête CVS 2021 et l’enquête CVS n’ayant pas été conduite en 2020, les taux de dépôt de plainte pour les violences sexuelles et physiques ont été calculés à partir de l’enquête Genese sur l’année 2020). En 2022, 77 victimes supplémentaires d’homicide sont enregistrées par la police et la gendarmerie par rapport à 2021 En 2022, le nombre de victimes d’homicide est en hausse (+77 victimes par rapport à 2021) et atteint 959 victimes selon ce bilan définitif (figure 2). Les homicides étaient également en hausse en 2021 (882 victimes contre 823 en 2020). La série des homicides de 2016 à 2022 est révi- sée ici par rapport aux premiers résultats parus en janvier 2023 notamment du fait des requa- lifications intervenues entre janvier et mai. Par ailleurs, l’expertise qualitative exhaustive2 qui n’avait été mise en œuvre jusqu’ici que pour les années 2020 et 2021 est à présent réalisée de 2016 à 2022. Ainsi, on peut conclure que le niveau des homicides en 2022 est au plus haut depuis 2016, dépassant pour la première fois les 900 victimes (hors victimes d’attentats). En 2016, hors attentats3, on comptabilisait 821 victimes. Le taux d’homicides par habitant est plus élevé dans les régions ultramarines qu’en métropole. Sur la période 2020-2022, il s’élève à 14 homi- cides pour 100 000 habitants en Guyane, 7 en Guadeloupe, 6 en Martinique et 5 à Mayotte contre 1 homicide pour 100 000 habitants en moyenne sur toute la France. En France métro- politaine (1 homicide pour 100 000 habitants), il est également supérieur au taux national en Corse et en Provence-Alpes-Côte d’Azur (respectivement 3 pour 100 000 habitants et 2 pour 100 000 habitants). En 2022, un peu moins d’un tiers des victimes sont des femmes (29 %) et les classes d’âges les plus touchées sont les 15-29 ans (2,4 vic- times pour 100 000 habitants) et les 30-44 ans (1,8 victime pour 100 000 habitants). À la date de finalisation de cette synthèse, le rapport du ministère de l’Intérieur sur les morts vio- lentes au sein du couple en 2022 n’est pas encore publié. Les personnes mises en cause sont moins fréquemment des femmes : 91 % des mis en cause sont des hommes et 44 % ont entre 18 et 29 ans. Forte hausse des coups et blessures volontaires (sur 15 ans ou plus) enregistrés en 2022, aussi bien dans le cadre familial qu’en dehors En 2022, le nombre de victimes de coups et blessures volontaires (CBV) sur personnes de quinze ans ou plus enregistrées par les services de sécurité s’établit à 353 600. Il augmente à nouveau au cours de l’année (+15 %), après une hausse d’ampleur similaire (+12 %) en 2021 et une quasi-stabilité en 2020 (+1 %), année mar- quée par deux confinements sanitaires de la population. Les CBV enregistrés sont sur une tendance à la hausse depuis le début de l’an- née 2017, concomitamment à la hausse de la part des violences intrafamiliales dans les CBV (52 % en 2022 contre 44 % en 2016). Parmi les violences intrafamiliales, ce sont les violences conjugales qui augmentent en proportion : en 2022, elles représentent 47 % de l’ensemble des CBV contre 39 % en 2016. Les CBV enregistrés ont progressé sur la quasi- totalité du territoire : leur nombre augmente dans toutes les régions métropolitaines, en revanche l’augmentation est plus modérée dans les territoires ultramarins. En 2022, la part des violences intrafamiliales parmi les CBV enregistrés s’échelonne, par département, entre 29 % à Mayotte et 62 % en Dordogne. Parmi les victimes de coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus, le nombre de victimes de violences intrafa- miliales enregistrées continue de s’accroître fortement en 2022 (+17 %) après des hausses très marquées les quatre années précédentes (+14 % en 2021, +10 % en 2020, +14 % en 2019, +9 % en 2018). Ces hausses s’expliqueraient notamment par un effet positif du Grenelle des violences conjugales (1re édition de sep- tembre à novembre 2019 avec reconduction annuelle depuis), lequel a conduit à amélio- rer la politique d’accueil des victimes par les services de sécurité (notamment formations des personnels, référents spécifiques dans les services, articulations avec les intervenants sociaux et les hôpitaux) et à inciter les victimes à davantage déposer plainte. Après une nette hausse (+9 %) observée en 2021, les autres coups et blessures volontaires enregistrés augmentent très nettement en 2022 (+14 %). En 2022, les départements d’Outre-mer, ainsi que la Seine-Saint-Denis, Paris, le Nord, le Pas- de-Calais et les Bouches-du-Rhône sont les départements qui présentent les plus forts taux de coups et blessures volontaires enre- gistrés, avec plus de 6,5 victimes de 15 ans ou plus pour 1 000 habitants (contre 5,3 ‰ en moyenne nationale). Les départements du pourtour méditerranéen – des Alpes- Maritimes à la Haute-Garonne, à l’exception de l’Aude –, ceux de la vallée du Rhône, du bassin parisien, ou encore ceux des régions Grand- Est et des Hauts-de-France se dis- tinguent par un plus fort taux de victimes de coups et blessures volontaires enregistrées en 2022. La répartition géographique des vio- lences intrafamiliales et celle des autres CBV sont relativement proches de la répartition des CBV considérés dans leur ensemble. Enfin, six victimes enregistrées de CBV (sur personnes de 15 ans ou plus) sur dix sont des femmes. Ces dernières sont deux fois plus exposées que les hommes à ce type de violence à l’âge adulte (environ 15 victimes pour 1 000 femmes de 20 à 29 ans, contre 8 hommes du même âge), tandis que les jeunes hommes (15 à 17 ans) sont un peu plus concernés que les jeunes femmes (8 jeunes hommes de 15 à 17 ans, contre 7 jeunes femmes du même âge) [figure 3]. Et si les femmes sont largement majoritaires parmi les victimes de violences intrafamiliales enregis- trées (83 %), la majorité des victimes de CBV enregistrées en dehors du cadre familial sont des hommes (67 %). Enfin, parmi les CBV com- mis au sein de la famille et enregistrés par la police et la gendarmerie nationales, 91 % sont réalisés au sein du couple entre des conjoints. (La part de CBV conjugaux est plus importante que la part observée dans les Interstats consacrés aux violences intrafamiliales (conjugales et non conjugales). Cette différence est due à la définition du périmètre infractionnel retenu. Ici l’analyse se limite strictement à l’index 7 de l’état 4001 (séries historiques suivies par le ministère de l’Intérieur) alors que ces deux études utilisent la nature d’infraction détaillée (Natinf) enregistrée et s’appuient sur la nomenclature française des infractions). Les auteurs présumés de coups et blessures volontaires sont à 85 % des hommes, respec- tivement 87 % dans le cadre intrafamilial et 84 % hors cadre familial. Sept mis en cause sur dix pour violences intrafamiliales ont plus de 30 ans. Toutes les victimes de CBV ne portent pas plainte. Selon l’enquête Genese 2021, la majo- rité des victimes ne déclarent pas les actes subis. En 2020, un peu plus d’un tiers des victimes de violences physiques ont porté plainte dans un commissariat de police ou une brigade de gendarmerie : 34 % quand il s’agit de violences conjugales et 37 % quand ces violences ont été commises en dehors de la famille. Les violences sexuelles enregistrées continuent d’augmenter en 2022 et concernent toujours davantage les femmes et les mineurs Près de 85 000 personnes ont été enregistrées comme victimes de violences sexuelles en 2022 : 45 % pour des viols ou tentatives de viols, 55 % pour d’autres agressions sexuelles. Une partie de ces violences sexuelles enregistrées par la police et la gendarmerie sont commises dans le cercle familial. En 2022, sur l’ensemble des victimes de violences sexuelles, 11 % sont victimes de leurs conjoints, et 16 % d’un autre membre de la famille, pour un total de 27 % de victimes de violences intrafamiliales. Le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées par les services de sécurité aug- mente nettement en 2022 (+11 %), après une hausse bien plus forte en 2021 (+33 %) et une hausse très modérée en 2020 (+3 %), année affectée par deux confinements sanitaires de la population. Cet indicateur s’inscrit de nou- veau sur la tendance très marquée à la hausse observée avant la crise sanitaire liée au Covid- 19 de 2020 (+12 % en 2019 et +19 % en 2018). En 2022, comme en 2021, la très nette hausse des violences sexuelles enregistrées concerne autant les viols et tentatives de viols (+12 %) que les autres agressions sexuelles y compris harcèlement sexuel (+11 %). L’augmentation sensible des violences sexuelles enregistrées ces dernières années s’explique notamment par une évolution du comportement de dépôt de plainte des victimes, dans le prolongement de l’affaire Weinstein octobre 2017, avec les travaux de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences faites aux enfants (installée en mars 2021), ceux de la Commission indé- pendante sur les abus sexuels dans l’Église (rapport paru en octobre 2021) et les diffé- rents mouvements sur les réseaux sociaux en faveur de la libération de la parole des victimes. En outre, l’augmentation des vio- lences sexuelles enregistrées s’inscrit dans un contexte d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de sécurité (notamment organisations adap- tées dans les services, partenariats avec les intervenants sociaux et les hôpitaux). De fait, ces dernières années, les victimes portent à la connaissance de la police et de la gendarmerie davantage de faits de violences sexuelles, même s’ils ont eu lieu longtemps auparavant. En 2022, 19 % des victimes ont déposé plainte pour des faits datant de plus de 5 ans, et 13 % pour des faits datant de 2 à 5 ans contre respective- ment 11 % et 11 % en 2016 (figure 4). Néanmoins, le nombre de victimes de vio- lences sexuelles enregistrées par les services de sécurité sous-estime encore largement la réalité des violences sexuelles subies par la population : d’après l’enquête Genese, en 2020, un peu plus d’une victime de vio- lences sexuelles conjugales sur sept (15 %), et un peu moins d’une victime de violences sexuelles hors cadre familial sur dix (9 %), a déposé plainte dans un commissariat ou une gendarmerie. En 2022, le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées par les services de sécu- rité rapporté au nombre d’habitants dépend peu de la taille des agglomérations : il n’est que légèrement moins élevé dans les petites villes et dans les zones rurales que sur le reste du terri- toire. Le nombre de violences sexuelles enregis- trées pour 1 000 habitants est aussi relativement homogène par région en 2022. Il est légère- ment inférieur en Corse (0,9 ‰) et légèrement supérieur dans les DROM, particulièrement en Guyane (2,0 ‰). La majorité des victimes de violences sexuelles sont des femmes (87 %) et plus de la moitié des victimes de violences sexuelles enregis- trées sont des mineurs (56 % contre 21 % dans la population). Les filles comme les garçons connaissent un pic de violences sexuelles dès l’enfance : autour de 15-17 ans pour les filles, avant 15 ans pour les garçons (figure 5). En 2022, les mis en cause restent très majo- ritairement des hommes (97 %), et la moi- tié est âgée de 18 à 44 ans (52 %). Parmi les auteurs présumés pour des faits de violences sexuelles (agressions sexuelles et viols), 25 % sont mineurs. En 2022, les vols avec armes enregistrés augmentent légèrement tandis que les vols violents sans arme diminuent En 2022, 8 600 infractions pour vol avec armes et 59 700 infractions pour vol violent sans arme ont été enregistrées par la police et la gendarmerie nationales. Les vols avec armes enregistrés par les services de sécurité aug- mentent légèrement (+2 %) en 2022 après une légère baisse en 2021 (-2 %). Les vols vio- lents sans arme diminuent de 4 % en 2022 après une nette baisse en 2021 (-6 %). Pour ces deux indicateurs la tendance est à la baisse sur longue période avec une tendance plus marquée pour les vols violents sans arme. Les vols violents enregistrés par les services de sécurité sont fortement concentrés dans les grandes agglomérations : en particulier, 44 % des vols violents sans arme enregistrés par les services de sécurité en 2022 ont été commis en Île-de-France. Les vols avec armes enregis- trés sont plus fortement concentrés dans les grandes agglomérations, en particulier dans les DROM (on compte par exemple 3,1 infrac- tions pour vol avec armes en Guyane pour 1 000 habitants contre 0,1 infraction pour vol en France) [figure 6]. Les victimes de ces infractions sont surtout des hommes et des jeunes de 15 à 34 ans (res- pectivement 60 % et 54 % des victimes contre 48 % et 23 % dans la population du pays). Les personnes mises en cause ont aussi les mêmes caractéristiques : plus de 9 sur 10 sont des hommes et un peu plus de 8 sur 10 ont moins de 30 ans. Les personnes de nationali- tés étrangères (7 % de la population vivant en France) sont surreprésentées à la fois parmi les victimes (22 % pour les vols avec armes, 19 % pour les vols violents sans arme) et parmi les mis en cause (22 % pour les vols avec armes, 35 % pour les vols violents sans arme). Enfin, d’après l’enquête CVS, environ deux vic- times d’un vol ou d’une tentative de vol avec violences ou menaces sur cinq portent plainte (42 % en moyenne sur les années 2017, 2018 et 2020). Les vols sans violence enregistrés continuent d’augmenter en 2022 mais restent en dessous de leur niveau d’avant crise sanitaire Après une très forte baisse (-24 %) en 2020, année marquée par la pandémie, les vols sans violence contre des personnes ont augmenté successivement de 5 % en 2021 et de 14 % en 2022. 663 700 victimes ont été entendues et enregistrées par la police et la gendarmerie nationales en 2022, soit toujours un niveau en dessous du niveau d’avant pandémie. Comme pour les autres vols personnels, le nombre de vols sans violence par habitant est très lié à la taille des agglomérations, avec des taux par habitant spécifiquement élevés dans les grandes agglomérations de province (13 vols pour 1 000 habitants), et dans l’agglomération parisienne (21 vols pour 1 000 habitants). En particulier, la ville de Paris concentre une grande partie des vols sans violence : un peu moins d’un vol sans violence sur cinq enregistré en 2022 est com- mis à Paris (ce qui représente 56 vols pour 1 000 habitants). Le nombre important de vols sans violence à Paris est aussi lié au nombre de touristes dans la ville. Parmi les victimes, 16 % sont étrangères (contre 7 % dans la population totale). Ces délits touchent des victimes plu- tôt jeunes : 28 % des victimes entendues ont entre 18 et 29 ans et on comptabilise 20 vic- times entendues pour 1 000 habitants de cette même tranche d’âge, contre environ 10 victimes pour 1 000 habitants dans l’en- semble de la population. Par rapport aux autres crimes et délits, les vols sans violence mettent en cause davantage de femmes : un auteur présumé sur cinq est une femme. La majorité des personnes mises en cause pour ce type d’infractions ont entre 18 et 44 ans (61 % soit deux fois plus que la part de cette tranche d’âge dans la popula- tion vivant en France) et 33 % des mis en cause sont de nationalités étrangères. Selon l’enquête CVS, en 2020, 1,1 % de per- sonnes âgées de 14 ans ou plus en France déclarent avoir été victimes d’un vol ou d’une tentative de vol sans violence ni menace. Une majorité ne porte pas plainte : en moyenne sur les années 2017-2018 et 2020, seulement 37 % des victimes d’un vol sans violence se sont déplacées en gendarmerie ou au com- missariat et 32 % ont formellement déposé plainte. Les cambriolages de logements enregistrés augmentent en 2022 En 2022, 211 800 infractions pour cambrio- lages de logements (résidences principales et secondaires) ont été enregistrées par les services de sécurité. Elles augmentent très nettement en 2022 (+11 %) après être res- tées stables en 2021 et avoir très fortement baissé en 2020 (-20 %), année marquée par deux confinements de la population dans le contexte de pandémie liée au Covid-19. Le dépôt de plainte en commissariat ou en gendarmerie est une étape obligatoire pour obtenir l’indemnisation d’une assurance. Malgré cela, le dépôt de plainte est loin d’être systématique. Ainsi, d’après l’enquête CVS, sur les années 2017-2018 et 2020, 74 % des ménages victimes d’un cambriolage et 44 % des ménages victimes d’une tentative de cambriolage ont fait le déplacement en gen- darmerie ou dans un commissariat de police. Un peu plus de deux ménages victimes de cambriolage « abouti » (69 %) et un ménage victime d’une tentative de cambriolage sur trois (33 %) ont formellement déposé plainte. Le profil des victimes n’est pas aisé à dresser dans la mesure où l’on enregistre générale- ment la personne du ménage ayant déposé plainte. Néanmoins, on peut noter que le taux de victimes enregistrées en 2022 pour 1 000 habitants s’agissant des cambriolages augmente avec l’âge : 3,9 victimes pour 1 000 habitants pour les 30-34 ans, contre 4,4 victimes pour les 70-74 ans. Les auteurs présumés sont souvent très jeunes (un tiers a moins de 18 ans et 79 % ont moins de trente ans contre respectivement 21 % et 35 % dans l’ensemble de la population) et près de 40 % des mis en cause sont de nationalités étrangères (contre 7 % d’étrangers dans l’ensemble de la population). Le nombre de cambriolages enregistrés pour 1 000 logements croit avec la taille des agglomérations (figure 7). Hors unités urbaines, un peu moins de 4 logements sur 1 000 ont subi un cambriolage au cours de l’année 2022 d’après les enregistrements par les forces de sécurité. Le taux de cambriolages de loge- ments dépasse les 5 ‰ dans les aggloméra- tions ayant entre 50 000 et 200 000 habitants. Au-delà de 200 000 habitants, le taux atteint respectivement 7,7 et 8,2 cambriolages pour 1 000 logements dans les agglomérations de province et l’agglomération parisienne. Mais bien d’autres déterminants interviennent afin d’expliquer les cambriolages dans ces grandes agglomérations de province ou l’agglomération parisienne comme par exemple le niveau de vie des communes qui composent ces agglomérations ou leur situation géographique. Les vols enregistrés liés aux véhicules augmentent en 2022 et restent inégalement répartis sur le territoire Les vols liés aux véhicules augmentent glo- balement en 2022 bien davantage qu’en 2021. Ainsi, les vols d’accessoires sur véhicules (100 700 véhicules concernés) augmentent de 30 % en 2022 (après +4 % en 2021 et -18 % en 2020 pendant la crise sanitaire) et les vols dans les véhicules (246 400) s’accroissent de 9 % (après 1 % en 2021). Les vols de véhicules (133 800), dont deux tiers de vols d’automo- biles (64 %) et un tiers de vols de deux-roues motorisés (36 %), sont aussi à la hausse en 2022 après une stabilité en 2021 et une dimi- nution en 2020. Les vols liés aux véhicules restent toutefois à des niveaux nettement inférieurs à ceux d’avant la crise sanitaire liée au Covid-19. Le taux de vols de véhicules est particulière- ment élevé dans les Bouches-du-Rhône com- parativement aux autres départements, avec 5,2 vols pour 1 000 habitants alors que la moyenne nationale est de 2 vols pour 1 000 habitants. Le nombre de vols de véhicules est supérieur ou égal à 3 pour 1 000 habitants dans le Val-d’Oise (3,8 ‰), la Seine-Saint-Denis (3,5 ‰), le Rhône (3,3 ‰), en Loire-Atlantique (3,1 ‰) et dans le Val-de-Marne (3,0 ‰). Plus globalement, cette forme de délinquance est relativement plus présente sur le pour- tour méditerranéen, dans la Vallée du Rhône, dans le Nord, en Corse du Sud, ainsi que dans certains départements de la façade atlantique (Gironde et Charente-Maritime notamment), ou du bassin parisien. Les victimes de vols d’automobiles ou de deux- roues motorisés enregistrées sont essentielle- ment des hommes (73 %), et près de la moitié d’entre eux ont entre 15 et 39 ans (On peut conduire un scooter dès 14 ans). Au sein des couples et des familles, il est néanmoins probable que les véhicules soient partagés et que ces données ne reflètent que le sexe du déclarant. Les mis en cause pour les vols de véhicules sont aussi plus souvent des hommes (96 %) et des jeunes de moins de 30 ans (68 %). Les plaintes sont nombreuses auprès de la police ou de la gendarmerie en matière de vols de voiture ou de deux-roues motorisés. D’après l’enquête CVS, sur les années 2017-2018 et 2020, 89 % des ménages victimes d’un vol de voiture et 52 % des ménages victimes d’un vol de deux roues ont porté plainte auprès de la police ou de la gendarmerie nationales. Le taux de dépôt de plainte est moindre pour les ménages victimes d’un vol dans la voiture (39 %) ou d’un vol d’accessoire sur la voiture (19 %). Les destructions et dégradations volontaires de biens enregistrées augmentent très légèrement en 2022 En 2022, 550 600 infractions pour destructions et dégradations volontaires de biens (Qu’il s’agisse de contraventions ou de crimes ou délits) ont été enregistrées par la police et la gendarmerie nationales (figure 8). Elles augmentent très légèrement en 2022 (+1 %) comme en 2021, après une forte baisse (-13 %) en 2020, année marquée par les confinements sanitaires de la population. Le nombre de des- tructions et dégradations volontaires enre- gistrées par habitant dépend de la taille des unités urbaines où elles sont commises, mais moins fortement que pour d’autres formes de délinquance. Le nombre de destructions et dégradations volontaires par habitant est maximal dans les très grandes unités urbaines de plus de 200 000 habitants (10,1 ‰), à l’exception de l’unité urbaine de Paris (9,0 ‰). Ces destructions enregistrées, quand les infractions sont qualifiées comme des délits, concernent en majorité des personnes morales (31 %). Les victimes, personnes physiques, sont quant à elles quasiment toutes majeures. La très grande majorité des auteurs présumés sont des hommes (97 %) et sont plutôt jeunes : 60 % ont moins de trente ans et un auteur présumé sur quatre a moins de 18 ans (23 %). Le signalement par les victimes des actes de vandalisme auprès des services de police ou de gendarmerie est cependant peu fréquent : en moyenne sur les années 2017-2018 et 2020, selon l’enquête CVS, un ménage victime d’un acte de vandalisme sur son logement sur dix (10 %), et moins d’un ménage victime de van- dalisme sur sa voiture sur cinq (18 %), déclarent avoir formellement déposé plainte auprès de la police ou de la gendarmerie nationales. En 2022, la hausse du nombre de mis en cause est particulièrement marquée pour l’usage de stupéfiants En 2022, 287 000 personnes sont mises en cause par la police et gendarmerie pour une ou plusieurs infractions à la législation sur les stupéfiants (ILS), quelle que soit l’infrac- tion (trafic ou usage principalement). Parmi celles-ci, 251 000 sont mises en cause pour usage de stupéfiants et 49 000 pour trafic de stupéfiants, une partie étant donc mise en cause pour les deux infractions (16 000). En 2022, le nombre de mis en cause pour usage de stupéfiants enregistrés par les services de sécurité augmente à nouveau nettement (+14 %), après la très forte hausse de 2021 (+38 %). Cette dernière faisait suite à l’intro- duction des amendes forfaitaires délictuelles pour usage de stupéfiants (AFD) au mois de septembre 2020 et à la nette baisse (-9 %) observée en 2020, année marquée par deux confinements sanitaires de la population. Les mis en cause pour les ILS sont globalement jeunes : les trois-quarts des mis en cause pour usage de stupéfiants (72 %), comme pour le trafic (75 %), ont moins de 30 ans (cette classe d’âge représente 35 % de la population). Les femmes sont largement sous-représentées : seulement 9 % des mis en cause pour trafic et 8 % pour usage. Les étrangers sont aussi relativement plus nombreux parmi les mis en cause pour les infractions de trafic (19 %) et plus légèrement pour l’usage de stupéfiants (13 %) que dans l’ensemble de la population (7 % de la population résidant en France). Le trafic de stupéfiants, donnant lieu à une mise en cause par la police ou la gendarmerie, reste davantage révélé dans les très grandes agglomérations en 2022. Dans l’aggloméra- tion parisienne par exemple, le nombre de mis en cause par habitant est deux fois plus élevé que la moyenne nationale (1,4 ‰ contre 0,7 ‰ en France). En revanche, le nombre de mis en cause pour usage de stupéfiants par habitant varie moins fortement suivant la taille des agglomérations de commission. En 2022, 1,4 personne pour 1 000 habitants est mise en cause pour usage de stupéfiants en dehors des unités urbaines. Ce taux aug- mente avec la taille de l’unité urbaine, jusqu’à 4,8 personnes mises en cause pour 1 000 habi- tants dans les unités urbaines recensant entre 20 000 et 50 000 habitants, soit 3,4 fois plus qu’en dehors des unités urbaines. Au-delà de 20 000 habitants, le nombre de mis en cause par habitant est relativement homo- gène et dépend moins de la taille de l’unité urbaine, en dehors de l’agglomération pari- sienne (5,6 ‰). Il faut noter néanmoins qu’une grande partie des infractions relatives à l’usage et au trafic de stupéfiants n’est pas identifiée ici. En effet, selon le baromètre santé de Santé publique France, de 3 % à 11 % des adultes de 18 à 64 ans en France auraient un usage régulier ou ponctuel de cannabis en 2021 (Le Nézet O., Spil a S., Lahaie E., Andler R., (2022). Les usages de cannabis en population adulte en 2021, Tendances n° 153, OFDT, Décembre). Les escroqueries enregistrées par les services de sécurité continuent d’augmenter en 2022 et touchent des victimes de tous les âges En 2022, 464 500 victimes d’escroqueries ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie nationales. Elles progressent à nouveau en 2022 (+8 %) après une nette augmentation en 2021 (+14 %). Depuis le 15 mars 2022, les victimes ayant déposé plainte sur la plateforme de traitement harmonisé des enquêtes et signalements pour les e-escro- queries (THESEE) sont intégrées dans la série des escroqueries. Ces plaintes en ligne repré- sentent un peu moins de 10 % du nombre total d’escroqueries enregistrées par les services de sécurité sur l’ensemble de l’année 2022. En mensuel, entre mars et décembre 2022, cette part fluctuait entre 10 % et 15 %. Ce sont donc 464 500 victimes qui ont ainsi été enregistrées en 2022, dont les trois quarts pour escroquerie et abus de confiance (73 %) et un cinquième pour des falsifications et usages de carte de crédit (19 %). Au niveau national en 2022, cela représente 6 victimes physiques enregistrées pour 1 000 habitants (contre 5 en 2021 et 4,8 en 2020). S’agissant des personnes physiques, les victimes connues de la police et de la gendarmerie nationales sont de tous âges. Les plus âgés sont en effet également exposés à ces infractions à la différence d’autres formes de délinquance. Les auteurs présumés d’escroqueries enregis- trés sont quasiment tous majeurs et majoritai- rement des hommes 72 %) mais la proportion de femmes y est très supérieure à celle obser- vée pour d’autres types de délinquance. C’est une fois encore une petite partie des infractions qui est enregistrée dans les logi- ciels de rédaction de procédures par la police et la gendarmerie nationales. D’après l’en- quête CVS, sur les années 2017-2018 et 2020, moins d’une victime d’escroquerie bancaire sur cinq (18 %) déclare avoir formellement déposé plainte auprès de la police ou de la gendarmerie nationales. La répartition territoriale des lieux de rési- dence des victimes d’escroqueries est homo- gène relativement à d’autres formes de délin- quance. Cette homogénéité s’explique en partie par la prévalence des escroqueries sur internet qui ciblent leurs victimes indépen- damment de leur lieu de résidence : selon l’enquête CVS 2018, la moitié des arnaques ont été initiées via un contact internet. ____________ Sources : SSMSI : place Beauvau 75008 Paris Directrice de la publication : Christine Gonzalez-Demichel Rédacteur en chef : Mickaël Portela Auteurs : Maëlys Bernard, Valérie Bernardi, Antonin Briand, Josse Carpentier, Bastien Chenu, Théo Douguet, Brice Edan, Alexis Gerbeaux, Safiedine Hama, Kévin Milin, Aurélien Poissonnier, Mickaël Portela, Brandon Saintilan, Laurianne Salembier et Dounia Tir Communication et édition : Cécile Berson et Enola Bozec Maquettiste : Drapeau Blanc Conception graphique : Drapeau Blanc ©SSMSI 2023 « Reproduction partielle autorisée sous réserve de la mention de la source et de l’auteur. » Publiez vos annonces légales: https://www.lereportersablais.com/annoncesjudiciairesetlegales/ [author title="Philippe Brossard-Lotz" image="https://www.lereportersablais.com/wp-content/uploads/2018/09/Logo_LRS2.png"]Le Reporter sablais[/author]