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Affaire Fillon: Didier Gallot, ancien juge et maire des Sables d’Olonne, condamne le manque d’indépendance du parquet financier




Didier Gallot est le maire actuel des Sables d’Olonne. Il est surtout connu comme ancien juge – magistrat honoraire – et membre fondateur du Forum pour la Justice du juge Thierry Jean-Pierre*. Et réputé pour sa grande liberté de ton. Il évoque dans un texte, paru hier dans Le Figaro / Vox*, des affaires que connaissaient bien le juge Jean-Pierre. En effet, ce dernier fut à l’origine de  l’Affaire Urba en 1991 et de la découverte d’un prêt sans intérêt d’un montant d’un million de francs accordé par Roger-Patrice Pelat à Pierre Bérégovoy, Premier ministre, prêt qui entraîna une cabale et fut sans doute à l’origine de son suicide.  Il sera finalement dessaisi du dossier de l’affaire Urba. C’est cette affaire Urba qui aurait entraîné, pensent certains, la  création du Parquet financier au coeur aujourd’hui de l’affaire Fillon. Mais laissons Didier Gallot exprimer sa désapprobation à propos du Parquet financier. 

*Figaro Vox est un site internet géré par Le Figaro et qui se veut un lieu de discussions et d’échanges sur l’actualité politique, économique et sociétale, une plate-forme de débats d’idées avec de grandes signatures, des plumes, des témoins  ou des experts.
Thierry Jean-Pierre, né le 27 juillet 1955 est décédé d’un cancer à l’âge de 50 ans, le 26 juillet 2005. Inspecteur du trésor puis juge d’instruction à partir de 1988. En plus de l’affaire d’Urba, Thierry Jean-Pierre traita aussi le dossier des frégates de Taïwan. Il s’est ensuite lancé en politique et fut député européen MPF sur la liste de Philippe de Villiers.

Avant-Propos du Reporter sablais:
FigaroVox
veut créer le débat avec des thématiques volontairement insolites ou polémiques et une grande liberté de ton. Une tribune idéale pour le magistrat honoraire Didier Gallot qui se plaît à être anti-conformiste, critique libre et indépendant et, surtout, étranger à tout esprit de chapelle. L’affaire Fillon, avec ses dérives, ses procès-verbaux d’audition fuités, les communications insolites du Parquet financier ne pouvaient qu’interpeller l’ancien magistrat. On ne le dit sans doute pas assez, mais la crise actuelle pourrait faire entrer la France dans une crise majeure car l’article 7 de la Constitution prévoit qu’un report des élections présidentielles peut avoir lieu dans le cas où l’un des candidats serait empêché ou décédé dans une période définie avant le scrutin. François Fillon pourrait très bien se trouver dans ce cas, en fonction des investigations lancées par le Parquet financier et des décisions qui en découleraient.

 

Didier Gallot, lui, ne transige pas; il considère « qu’une branche de la Justice intervienne ainsi directement en s’auto-saisissant – en pleine campagne électorale -, constitue un phénomène tout à fait nouveau dans l’histoire de l’institution et frise la dénonciation calomnieuse. » Il mentionne, sans doute outré en tant qu’ancien juge, que « certains procès-verbaux d’audition se sont retrouvés en temps réel dans la presse écrite. »
Sans apporter d’exemples précis, il soutient qu’en période électorale « il existait une tradition républicaine bien ancrée : les juges d’instruction cessaient d’opérer afin de ne pas peser sur le suffrage universel. » Sans contredire nous-mêmes cette tradition, l’ancien juge étant le mieux placé pour avancer cette affirmation, on notera que que dans les médias télévisés des magistrats ont considéré qu’il n’était pas possible de mettre entre parenthèse la justice au regard du nombre d’élections. On retiendra donc que cette tradition républicaine, si elle a bien existé, se limitait à la campagne des présidentielles.

Didier Gallot pointe surtout dans sa tribune « la proximité entre le Parquet national financier et l’Élysée »  Il rappelle ainsi, sans la nommer, que la conseillère justice actuelle auprès de la présidence de la République vient de ce service.
(NDLR: il s’agit d’Ariane Amson, nommée par le décret du 30 janvier 2014, substitut du Procureur de la République financier, elle est désormais Conseillère Justice à l’Elysée. Diplômée Sciences-Po et Ecole nationale de la Magistrature, on notera qu’elle fut alors Conseillère pour la politique pénale au cabinet de la garde des Sceaux Christiane Taubira.)
(NDLR: installé le 1er mars 2014, le Parquet national financier a exceptionnellement compétence sur la France entière. il est dirigé par le Procureur de la République financier, lui-même sous l’autorité du Procureur général de Paris. Depuis janvier 2017, le Parquet national financier (PNF) est saisi de l’affaire Fillon. Les défenseurs de ce dernier ont soulevé la question de sa compétence en la matière tandis que l’avocat Eric Dupond-Moretti estime que la nécessaire séparation des pouvoirs législatif et judiciaire lui interdirait de mener une enquête à ce stade).

Didier Gallot considère donc que c’est en raison de cette proximité avec l’Elysée que ce « service judiciaire s’est étroitement impliqué dans la campagne présidentielle en traquant une hypothétique infraction pénale. » Au surplus, il estime que dans cette affaire « l’irruption de l’appareil judiciaire est profondément choquante. »

Après avoir fait une description peu flatteuse de l’action de l’actuelle majorité et de son président François Hollande, il poursuit en dénonçant la stratégie mise en place depuis l’affaire Cahuzac qui aurait permis au Parti socialiste (PS) de réaliser un vieux rêve depuis la fameuse affaire Urba: « contrôler étroitement toute la chaîne pénale des dossiers financiers » grâce à la création de ce Parquet national financier. « Une manoeuvre remarquable » assure-t-il, que personne n’a vu venir! Exit les tribunaux peuplés de juges indépendants, faisant leur métier dans des conditions extrêmement ingrates.
Avec ce nouveau venu, le Parquet national financier, Didier Gallot est convaincu que « le pouvoir ne court plus aucun risque. Tout remonte à Paris, tout est traité à Paris. Nos concitoyens doivent être conscients que le PS dispose – avec le Syndicat de la Magistrature -, de militants que les scrupules déontologiques n’étouffent guère. »

Ensuite, Didier Gallot se risque à se lancer dans une dangereuse prospective tant les convictions et les votes des Français sont actuellement très changeants: « La classe médiatico-politique a probablement enterré un peu rapidement le candidat Fillon, tout en adoubant précipitamment Emmanuel Macron. »
Il conclut sa tribune en appelant le Président de la République « garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire » à intervenir. L’idéal, « pour faire taire interrogations et critiques, serait qu’une information soit ouverte et confiée à un magistrat dont l’intégrité est reconnue par tous: Renaud Van Ruymbeke! »
Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais

 




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Un commentaire

  1. Et , pas un mot sur les appointements  » mirobolants  » , licites ou non , avoués ou inavoués . Peu importe , nous autres , non qualifiés vis à vis de ces débats et arguties de  » pros  » actifs ou retraités de dame Justice , nous sommes mis devant  » des faits accomplis ‘ , c ‘ est sûr , et qui nous laissent :  » sans voix  » . Nos voix , pour quoi faire ; pour qui ; comment ?

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