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Vendée – Les Crimes de la Révolution: du génocide au mémoricide 1793 – 1796

 


 

 

 

Histoire Magazine spécial Guerres de Vendée

 

 

Histoire Magazine (trimestriel tiré à 30.000 exemplaires) vient de publier son trimestriel estival en consacrant ce numéro spécial aux GUERRES DE VENDÉE.
Avec l’appui d’historiens de renom tels Reynald Secher ou Jean-Joël Brégeon, la période tragique de la Vendée est passée au crible.
C’est une belle page d’histoire que nous proposent les auteurs à travers des entretiens qui permettent de découvrir la réalité des Crimes de la révolution, essentiellement durant deux années, entre l’insurrection de l’armée catholique et royale en mars 1793 jusqu’à la Trêve de la Jaunaye le 17 février 1795 (la fin des Guerres de Vendée pouvant être établie au moment du Concordat en 1801).

L’année qui suivra verra la disparition de deux chefs de guerre vendéen, Stofflet étant fusillé le 25 février 1796, et Charette le 29 mars de la même année.
Charette, le « roi de la Vendée » sera le dernier à avoir résisté, ce qui en fera une figure légendaire.

Des Guerres de Vendée qui feront 170.000 morts dont 40.000 par les colonnes infernales de Turreau sur une population vendéenne d’environ 550.000 habitants. Et 20.000 morts du côté des révolutionnaires.
Des guerres durant lesquelles il fallait anéantir « la race rebelle » y compris les femmes et les enfants.
Après quelques belles victoires, les Vendéens seront défaits au Mans puis à Savenay les 23 et 24 décembre 1793. Cela ne suffira pas aux révolutionnaires.
Robespierre, Barère, Turreau et ses colonnes infernales, Carrier et ses noyades, mettront en scène une terrible vengeance avec comme ultime but l’anéantissement de la Vendée. La folie meurtrière est en marche.

Les Héros de la Vendée par Jean-Joël BrégeonLes massacres

Les Héros de la Vendée par Jean-Joël Brégeon
Editions du Cerf – Janvier 2019
288 pages – 20 €

Dans un dossier d’une cinquantaine de pages, Histoire Magazine nous fait pénétrer dans la Vendée militaire – Deux-Sèvres, Loire-Inférieure, Maine-et-Loire et Vendée – où se trouvaient les 600 paroisses insurgées et rebelles à la Révolution.
Sont dressés quelques portraits des principaux chefs vendéens – l’essentiel se trouvant dans l’ouvrage « Les Héros de la Vendée » -, ces chefs de l’armée royaliste, parfois issus du peuple (Jacques Cathelineau), d’autres étant d’origine aristocratique (Charles de Bonchamps, Henri de la Rochejaquelein, Antoine-Philippe de la Trémoille, Louis de Salgues, François Charette de la Contrie).
Quelques faits historiques méconnus retiennent l’attention. Ainsi, alors que le chef vendéen Bonchamps, à l’agonie, demande à ses troupes de gracier 5000 prisonniers républicains, geste inouï à l’époque, Robespierre l’apprenant sommera les soldats libérés de réparer leur crime d’avoir accepté la liberté des mains « d’esclaves » en exécutant les témoins oculaires!

Le 7 novembre 1793, la Convention afin de finaliser la politique d’anéantissement débaptise symboliquement la Vendée pour l’appeler le département « Vengé ».

 

Reynald Secher
Le dossier prend toute son ampleur avec l’interview de Reynald Secher, historien, docteur es-lettres – Paris IV Sorbonne – , conservateur du Musée des Guerre de l’Ouest (Quiberon), auteur de nombreux ouvrages sur le sujet.

Il est l’auteur du concept de mémoricide, un crime contre l’humanité consistant à nier ou justifier un acte premier de génocide. Un mémoricide qui a commencé très tôt pour la Vendée avec, notamment, les manipulations d’historiens comme Jules Michelet.
On doit à Reynald Secher l’exhumation de pièces historiques qui vont modifier l’image de certains révolutionnaires dont Lazare Carnot, une image forgée par des écrivains ou historiens afin de sauver leur réputation.
Et grâce à des archives, toujours existantes malgré une disparition sans doute programmée durant la révolution, est dévoilée la responsabilité et l’action du Comité de Salut public.

Le mémoricide concernant la politique d’anéantissement de la Vendée est bien réel.
C’est sa thèse soutenue à Paris IV Sorbonne en 1985  –  » Contribution à l’étude du génocide vendéen: la Vendée-Vengé » (parue chez PUF en 1986) – qui va déchirer le voile du silence et entraîner des réactions de stupeur !

Du système de dépopulation par Gracchus Babeuf

François-Noël Babeuf (dit Gracchus Babeuf) dans son ouvrage paru en 1795, « Du système de dépopulation » (réédité aux Editions du cerf en 2018 sous le titre « La Guerre de la Vendée et le système de dépopulation ») parlait déjà de populicide.
Idéologie de la révolution, meurtre de masse, habillage, épuration de l’armée républicaine, plans d’extermination (poison, noyades), assimilation des Vendéens à des animaux… la politique révolutionnaire à l’égard de la Vendée a de quoi engendrer des stupeurs!
De nos jours, la question du génocide vendéen fait toujours débat entre les historiens sur la qualification – crime de guerre, génocide … – qui doit être donnée à ces massacres. Certains historiens sur le devant de la scène refuseraient toujours, dit-on, d’évoquer les crimes commis en Vendée….
Un comportement visant à défendre l’action politique de Robespierre.

Histoire magazine a également interrogé Jacques Villemain (ENA, Sciences po), juriste ayant travaillé sur le droit pénal international et qui s’est intéressé aux Guerres de Vendée. Il y livre son analyse et fait notamment la distinction entre l’exposé des motifs d’une loi, la loi elle-même, et les opérations guerrières qui en découlent, ainsi que le contexte, afin de qualifier ces massacres. Pour lui, il est indéniable que les colonnes infernales « sont une véritable opération génocidaire. »

On lira aussi avec le plus grand intérêt le texte, sur le même sujet, de Patrice Gueniffey (directeur d’études de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales et auteur de nombreux ouvrages de références sur la Révolution et l’Empire): « La machine à tuer ».
Il y raconte, par le détail, les premières scènes de violence en 1789 et 1790 avec meurtres et décapitations, et les affirmations de certains imputant ces morts à ce qui subsistait de pauvreté et de barbarie dans la société française, de l’Ancien régime.
Sous la surface, la violence était là, avec deux mondes qui coexistaient mais s’ignoraient.

Une révolution qu’attendaient certains mais qui conduisit à des réactions négatives, paysans ou petites gens ayant eu le sentiment qu’elle était confisquée par la petite bourgeoisie.

Evolutions sociales, responsabilités de publicistes, surenchères, dénonciations, Robespierre et la Terreur, exécutions….: Patrice Gueniffey décrit par le détail ce qui a contribué à créer une machine à tuer jusqu’à ce que Robespierre passe lui-même sur l’échafaud en juillet 1794.

Le dossier comprend bien sûr une Chronologie des Guerres de Vendée mais surtout une intéressante Bibliothèque de La Révolution composée de sept ouvrages d’intérêt dont la lecture est conseillée.
On retiendra plus particulièrement les Mémoires de la marquise de Bonchamps qui racontera ce que sera son calvaire après le décès de son époux, avec ce qui sera nommée La Virée de Galerne, une fuite de 60 jours sur 1000 km jusqu’à Granville, ponctuée de batailles contre les Républicains. Elle n’aura la vie sauve que grâce à quelques soldats républicains qui témoigneront de la grâce accordée par son époux. (Mémoires de la Marquise de Bonchamps – Ed. La Chouette de Vendée – 193 pages – 19,50 €).

Histoire Magazine n°5 – spécial Guerres de Vendée: un document très intéressant – donnant la parole par le biais d’entretiens à des spécialistes de la question – et qui apporte un bel éclairage sur le sujet et les faits historiques qui s’y rapportent.

Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais

A voir:
Musée des Guerres de l’Ouest – Bois du Bégo  56340 Quiberon (du 1er avril au 30 septembre). Tél. 02 97 52 31 31
Historial de la Vendée – 85170 Les Lucs-sur-Boulogne. Tél. 02 28 85 77 77

 

 

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