Les Sables d’Olonne – 5 ans après, Louis Guédon sort de son silence médiatique
Les Sables d’Olonne – 5 ans après, Louis Guédon sort de son silence médiatique
PARU EN AVRIL 2017
Louis Guédon, qui fut Maire des Sables d’Olonne pendant 34 ans de 1980 à avril 2014, et député de mars 1993 à juin 2012 (RPR jusqu’en 2002 puis UMP), a été président de l’UMP de Vendée jusqu’en décembre 2012.
Au coeur des instances RPR puis UMP de Vendée, député du groupe éponyme à l’Assemblée, il nous a paru intéressant d’avoir son regard sur la situation complexe et étonnante de la candidature de François Fillon pour Les Républicains – qui a pris le relais du RPR et de l’UMP – et de l’évolution de la campagne des élections Présidentielles.
Depuis juin 2012, date à laquelle il a dû laisser le siège de député de la 3ème circonscription de Vendée, Louis Guédon, tout en étant encore très présent dans de nombreuses manifestations sablaises, ne s’est guère exprimé. Cinq ans après cet événement, il a accepté d’accorder une interview exclusive au Reporter sablais.
Lorsque Nicolas Sarkozy vient aux Sables d’Olonne pour sa dernière journée de campagne présidentielle en 2012, à l’invitation de Louis Guédon, tout le monde remarque une certaine proximité entre les deux hommes.
Le Reporter sablais: Nicolas Sarkozy a été élu député en juin 1988 puis réélu en 1993; cette même année vous devenez député. Est-ce à l’Assemblée nationale que se déroulent vos premières rencontres avec Sarkozy? Racontez-nous vos relations.
Louis Guédon: En 1993, nous étions dans l’opposition (NDLR: le mandat de Mitterrand allait jusqu’en 1995), je faisais partir du groupe RPR qui se réunissait tous les mardis à 11h. C’est surtout là que j’ai fait connaissance de Nicolas Sarkozy. On s’est retrouvé parfois dans l’hémicycle côte à côte lors de discussions de projets de loi et nous échangions à ce sujet.
Lorsque Nicolas Sarkozy est venu aux Sables d’Olonne, il a indiqué au public qu’il gardait des souvenirs de ces moments passés à côté de moi.
J’ai tout de suite été attiré par le tempérament de ce garçon, plein de vitalité, d’intelligence et de dynamisme.
Le Reporter sablais: Vous étiez alors des «bleus» à l’Assemblée, lui en 1988 et vous en 1993. Qu’est-ce qui vous liait particulièrement?
Louis Guédon: Il y avait alors encore dans le groupe RPR de l’Assemblée nationale des gaullistes de la première heure, des politiques qui inspiraient le respect car ils avaient connu Charles de Gaulle, avaient vécu de grands moments historiques et pour certains avaient participé à la Résistance. Nous, bien qu’élus, nous n’avions pas leur légitimité historique et nous étions dans le respect, Nicolas Sarkozy comme moi. C’était quelque chose que nous avions en commun.
Plus tard, Nicolas Sarkozy, alors qu’il était ministre de l’Intérieur (NDLR: juin 2005 – mars 2007) m’a fait l’honneur de m’associer à un groupe de parlementaires chargé de recueillir les avis des gens de terrain, une analyse qu’il considérait comme importante car il visait alors la Présidence (NDLR: élu le 16 mai 2007).
Le Reporter sablais: Vous croisez Nicolas Sarkozy à l’Assemblée nationale pendant 12 ans de 1993 à 2005, il vous intègre à un groupe de travail, puis il devient Président de la République en mai 2007. Avez-vous espéré à un moment donné devenir ministre ou secrétaire d’Etat, il y a peu d’élus mais c’est souvent l’ambition des parlementaires.
Louis Guédon: Ce que j’espérais, c’était de faire entendre ma voix à propos de la Vendée littorale. Lorsque Nicolas Sarkozy est devenu Président de la République, je suis devenu Président du groupes d’études Pêche, Mer et Souveraineté maritime (NDLR: de 2007 à 2012) car Nicolas Sarkozy me reconnaissait une certaine compétence sur ces sujets. Il m’a d’ailleurs toujours soutenu quand j’allais à Bruxelles pour soutenir les quotas de pêche.
Et je dois beaucoup au monde maritime qui m’a toujours donné toute sa confiance.
J’ai d’ailleurs rédigé un rapport sur la pêche (NDLR: «Vouloir une politique de la Pêche pour la France») que j’ai remis au Premier ministre, qui était alors François Fillon, et j’ai été Rapporteur de deux lois sur la Pêche.
Note de la revue – NDLR:
1) – Louis Guédon a rédigé en 2010 un rapport avec Michel Raison sur la modernisation de l’agriculture et de la pêche – Rapport N° 2636 – sur le projet de loi n°2559, adopté, par le Sénat (Date de dépôt à l’Assemblée 17/06/2010 – Lire le Rapport: http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r2636.asp
2) – Louis Guédon a rédigé ensuite un rapport qui sera remis à François Fillon, alors Premier ministre (2007 à 2012) de Nicolas Sarkozy: «Vouloir une politique de la Pêche pour la France» paru en Mars 2011
Lire le Rapport: https://tinyurl.com/ldm3mxu
«Le Premier ministre François Fillon a reçu Louis Guédon, alors député de la Vendée, le 3 mai 2011 à l’occasion de la remise du rapport sur la compétitivité de la filière pêche française.
Ce rapport avait été demandé par le Premier ministre en novembre 2010, afin d’étudier la compétitivité des entreprises de pêche française, la formation des prix et revenus dans ce secteur, l’attractivité des métiers de la filière et l’avenir de cette activité stratégique pour notre économie, composante essentielle de l’identité de nos régions littorales.
Louis Guédon dresse un diagnostic précis de la filière et propose une politique de la pêche pour la France. Il aborde notamment le soutien au métier de marin-pêcheur pour lequel la formation, la visibilité sur la carrière et les modalités de rémunération sont des enjeux essentiels. L’avenir de l’outil de travail, marqué par le vieillissement de la flotte est également abordé. Le rapport évoque aussi la gestion pérenne des ressources halieutiques, qui rend nécessaire la transparence et le partage des données et des objectifs entre scientifiques et pêcheurs. Enfin, Louis Guédon préconise, dans la continuité des avancées de la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche de juillet 2010, un renforcement de l’organisation interprofessionnelle de la filière pêche, du marin à la grande distribution.
Le Premier ministre a souligné la qualité du travail réalisé par Louis Guédon. Il a chargé Bruno Le Maire, ministre de l’agriculture, de l’alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l’aménagement du territoire, de lui proposer dans les tout prochains jours les mesures à mettre en œuvre sur cette base, en accordant une priorité particulière à l’organisation interprofessionnelle de la filière pour redonner à la filière pêche française un nouvel élan.»
(Sources: Gouvernement)
Le Reporter sablais: Lors des Primaires de la droite et du centre il y a quelques mois, vous ne soutenez pas Nicolas Sarkozy mais François Fillon. Pourquoi ce choix alors que vous paraissiez avoir des liens avec Nicolas Sarkozy? En 2012, aux Atlantes, lors de sa venue aux Sables d’Olonne, lors de votre discours introductif vous aviez déclaré «le Président Sarkozy, c’est notre espoir». Et là, lors des Primaires 2017 Nicolas Sarkozy n’est plus pour vous l’espoir pour la France?
Louis Guédon: En 2012, Nicolas Sarkozy est le candidat de l’UMP, gaulliste et légistimiste, il est élu comme candidat officiel et c’est donc, sans aucun état d’âme, que je le considère alors comme le candidat légitime. Il est donc notre espoir.
Mon choix pour François Fillon ne signifie pas que j’ai abandonné l’un pour l’autre. Pour la première fois, il y a eu l’organisation de Primaires et on nous a laissé le soin de réaliser un choix.
En fait, je connaissais bien les deux hommes, Nicolas Sarkozy mais aussi le vendéen François Fillon (NDLR: Si François Fillon a vécu dans la Sarthe, il est le fils du notaire Michel Fillon, originaire des Essarts en Vendée) qui fut mon président de Région (NDLR: François Fillon a été président des Pays de la Loire de 1998 à 2002).
Le Reporter sablais: François Fillon vous a-t-il aidé dans certains de vos projets lorsqu’il était Président des Pays de la Loire?
Louis Guédon: J’avais échoué à deux reprises pour obtenir les crédits de paiement dans le Contrat de Plan pour mon projet de 2×2 voies entre La Roche-sur-Yon et Les Sables d’Olonne, la région des Pays de Loire étant alors présidée par Olivier Guichard.
(NDLR: de 1974 à 1998 – Même si Louis Guédon se refuse à émettre un avis négatif sur la gestion d’Olivier Guichard, il est de notoriété publique que celui-ci a mené en sa qualité de président des Pays de Loire une politique d’aménagement qui a surtout profité à la zone touristique de La Baule, dont il était le maire.)
C’est finalement sous la présidence de région de François Fillon et avec l’accord de Philippe de Villiers (président du Conseil général de Vendée de fin 1988 à fin 2010) que mon projet de 4 voies a pu obtenir un soutien. Cela s’est fait aussi grâce au concours d’Henri Legendre, alors directeur départemental de l’équipement. (Polytechnicien et chargé de mission au secrétariat d’Etat au Tourisme, Henri Legendre avait travaillé durant un an sur un projet à la demande de la Datar et du Préfet de Vendée Dominique Le Vert – préfet de août 1981 à août 1983 – afin d’établir un contrat de station balnéaire pour Les Sables d’Olonne.)
Si l’on doit le TGV à Philippe de Villiers, pour la 2×2 voies entre La Roche-sur-Yon et Les Sables d’Olonne, cela est dû à mon initiative – car je souhaitais le désenclavement des Sables d’Olonne – et au soutien politique de François Fillon.
Le Reporter sablais: Vous avez suivi l’aventure François Fillon depuis les Primaires. Que vous inspirent ces histoires d’indemnités parlementaires de l’épouse ou des enfants du candidat Droite et Centre et ces dons de costumes?
Louis Guédon: Je suis assez déçu que dans une campagne électorale prioritaire pour la France, on se préoccupe des faits et gestes de Pénélope Fillon au lieu du destin de la France dans la compétition internationale. C’est pourquoi, j’ai toujours mis derrière les problèmes d’anti-chambre. Mon seul objectif c’est le redressement de la France au travers du projet de la Droite et du Centre et non François Fillon. On assiste à une fixation de l’opinion publique sur le sujet des financements des attachés parlementaires.
Le Reporter sablais: N’est-il pas légitime que les Français se rebellent lorsqu’ils voient les dépenses inconsidérées qui sont faites, quand ce ne sont pas des dépenses personnelles de certains hommes politiques, alors qu’on leurs demande de se serrer la ceinture? Certains d’entre eux ont donné une image déplorable, à l’instar du ministre Cahuzac qui osait organiser des conférences contre l’évasion fiscale alors qu’il avait un compte en Suisse… Il y a désormais un ras le bol des Français!
Louis Guédon: Le peuple a raison lorsqu’il attend de ses élus une conduite exemplaire en terme de dépenses publiques. Ni ma femme, ni mes filles n’ont été assistants parlementaires!
Je sens surtout un fossé qui se creuse entre l’électorat et la classe politique qui utilise tous les expédients possibles.
Mais il faut savoir, qu’à moins d’être protégé par le statut de la fonction publique, il y a un grand risque dans la fonction parlementaire (pour une personne exerçant dans le privé) en cas de non réélection notamment car le temps qui a été consacré à la vie publique peut entraîner, lorsqu’on travaillait dans le privé, à une perte vis-à-vis de la concurrence en place qui s’est développée.
Le Reporter sablais: Que pensez-vous du débat sur le montant des indemnités parlementaires?
Louis Guédon: Hervé Mariton explique qu’un parlementaire n’est pas assez rémunéré. Personnellement, je m’oppose à la hausse des rémunérations des parlementaires, mais il faut comprendre Hervé Mariton; il est ingénieur des Mines et polytechnicien et a des revenus comme parlementaire bien inférieurs à ceux de ses condisciples.
De plus, ce statut de parlementaire est éphémère, lié aux élections et sans évolution (pour un privé) alors qu’un fonctionnaire voit son profil et sa carrière protégée.
Le Reporter sablais: Quel avenir voyez-vous pour Les Républicains si François Fillon n’est pas élu? Risque-t-il d’y avoir une crise interne et une reprise en main par Nicolas Sarkozy?
Louis Guédon: Je milite pour le programme Les Républicains et centre et non pour un homme. A supposé que François Fillon ne soit pas élu, ce sera une défaite du programme, une défaite de l’intérêt supérieur de la Nation. Le redressement ne peut passer que par des mesures contenues pour l’essentiel dans ce programme.
Je m’oppose à la personnalisation avec des luttes fratricides et je m’inscris dans la logique du développement de bonnes volontés au service d’un idéal.
En cas de défaite, des personnalités de valeurs, notamment dans les nouvelles générations au sein des Républicains, reprendront le flambeau.
Le Reporter sablais: Le programme de François Fillon, et donc celui que vous soutenez, n’est-il pas trop libéral pour plaire aux Français?
Louis Guédon: La France applaudit lorsque la Marseillaise est jouée après une victoire en compétition sportive. On ne parle jamais alors des sacrifices et privations qui ont été consentis pour accéder à la première place du podium. Cette place ne sera jamais tenue par celui qui aura choisi la facilité.
L’Etat et la France nécessitent le comportement d’un champion olympique. C’est le challenge de François Fillon. La France est au plus bas, et si nous n’avions pas eu des taux bas, très favorables, la France serait en cessation de paiements et connaîtrait des troubles.
Le Reporter sablais: Revenons à la Vendée. Noël Faucher, maire de Noirmoutier, a été votre assistant parlementaire. En 2012, en cas de victoire de votre part aux élections législatives, il aurait été votre suppléant et aurait, peut-être mais sans doute, pris «naturellement» votre suite après les élections législatives à venir de 2017. Mais vous n’avez pas été élu et il s’est trouvé un peu sur la touche (sur le plan des législatives). Alors qu’il n’était pas investi pour 2017 par Les Républicains, il a décidé de se présenter aux Législatives. Vous êtes sans doute le mieux placé pour parler de lui sur le plan politique. Je ne vais pas vous demander ses défauts, mais quelles sont à vos yeux ses qualités?
Louis Guédon: Je voudrais d’abord dire que la décision d’être candidat aux Législatives 2017 lui est propre et personnelle. Désormais, après la décision de Yannick Moreau de ne pas briguer le siège de la 3ème circonscription de Vendée, il est le seul déclaré à ce jour, membre des Républicains, sans être investi par le parti.
C’est un garçon d’une intelligence vive, très travailleur, qui connaît bien tous ses dossiers et les traite en profondeur. Il est très loyal dans ses convictions politiques puisqu’il est entré dans la formation des Jeunes Gaullistes dès l’âge de 17 ans.
Il est maire de Noirmoutier et spécialiste des problèmes de la Mer puisqu’il était à mes côtés comme assistant parlementaire lorsque j’étais à l’Assemblée nationale le président du Groupe Mer et Pêche.
C’est aussi un spécialiste de la défense du littoral. En tant que maire de Noirmoutier, il prend une part importante dans la défense contre la mer dans la baie de Bourgneuf. C’est à mon avis, parmi les hommes politiques, le meilleur spécialiste du dossier littoral, PPRI, PPRL, trait de côte, pêche, conchyliculture. Et bien sûr, ses fonctions font qu’il est très au fait du dossier touristique.
J’ajouterai simplement que lorsqu’on n’est pas aux commandes, on ne se rend pas toujours compte des difficultés d’un poste. Avec l’expérience, on les comprend mieux.
Le Reporter sablais: S’il remporte le siège, est-ce que ce sera finalement une sorte de revanche pour vous après votre défaite aux Législatives de 2012?
Louis Guédon: Non, Les Sablais et Vendéens du littoral qui me connaissent de longue date savent très bien que je donnais de ma personne! On me reprochait assez d’être alors partout! La notion de revanche est opposée à ce qui m’anime, est opposée à mon tempérament.
C’est fini, on s’est battu, après c’est l’intérêt général qui doit l’emporter. Regardez, j’ai toujours soutenu Yannick Moreau sur le dossier de la fusion que nous avions ouvert en 1989.
Le Reporter sablais: Dès le lendemain de la décision de Yannick Moreau de ne pas se présenter, et encore depuis,il y a eu un flot de soutiens à la candidature de Noël Faucher, mais pas votre soutien officiel. Quelle en est la raison, est-ce le fait d’être maintenant en dehors de toute activité politique?
Louis Guédon: Les élections ont lieu dans deux mois, chaque chose en son temps! La situation aujourd’hui de Noël Faucher le fait apparaître comme le candidat légitime dans l’attente de l’investiture LR.
Le Reporter sablais: Que ce soit dans les Pays de Loire, en Vendée ou aux Sables d’Olonne, deux camps semblent émerger entre lesquels on sent certaines tensions et incompréhensions.
Un camp Bruno Retailleau avec la droite Les Républicains, légitimiste, pro Fillon, dans lequel on peut ranger Bruno Retailleau, une partie du département de Vendée – même si Yves Auvinet soutien de Bruno Retailleau déclare rester au-dessus de la mêlée en tant que président du Conseil Départemental de Vendée – vous, Louis Guédon, Noël Faucher, ainsi que l’opposition de droite au Conseil municipal des Sables d’Olonne.
L’autre camp, sur le pays des Olonnes, avec des divers droite ou devenus Républicains, mais considérés comme relevant de la droite forte. On peut sans doute y intégrer Didier Gallot (Divers Droite) devenu maire des Sables d’Olonne alors que la victoire semblait acquise aux troupes issues de la majorité en place soutenue par Bruno Retailleau, ainsi que Yannick Moreau (ex-Divers Droites et maintenant LR), devenu député en 2012 alors que vous vous présentiez.
Lorsque vous étiez maire, y avait-il des tensions et des clans identiques?
Louis Guédon: Ce sont les passions habituelles exacerbées parfois par des «touilleurs de merde.» Il y a parfois des incompréhensions comme le projet Vendéomer qui devait se réaliser sur la Cabaude et qui ne s’est pas fait car ont été maintenus les bâtiments en place dont la vieille glaciaire. L’intérêt de Bruno Retailleau en tant que président de région est qu’il y ait une entente.
Aux Sables d’Olonne, bien avant mes mandats, il y a toujours eu deux camps opposés de droite. Il y a eu aussi à une époque des centristes du MRP.
Durant mes mandats, ce ne fut pas le cas, mais sur le dernier, oui, il y a eu deux droites avec des opposants.
Le Reporter sablais: Parlez-nous de Pierre Mauger, député-maire, qui fut votre prédécesseur comme député (avant 1993).
Louis Guédon: J’ai beaucoup d’affection pour lui, et je m’entends comme un frère avec lui. Il a siégé 26 ans à l’Assemblée nationale, il est né aux Sables d’Olonne et a un amour profond pour cette ville. C’est un gaulliste de la première heure qui est entré dans la Résistance à 17 ans. Il a eu une attitude remarquable et fut Officier de liaison du Colonel Rémy. Mais il a été dénoncé, arrêté et déporté en 1943. On doit avoir beaucoup de respect pour cet homme qui ne fait jamais état de ses services et qui mérite une grande admiration. Il a fait un mandat comme Maire des Sables d’Olonne entre 1965 et 71 et fut député de 1967 à 1993.
Le Reporter sablais: Que sont devenus vos suppléants lorsque vous étiez député?
Louis Guédon: Il y avait le Dr Jean Crochet qui était maire de Soullans, décédé. Il était très proche de Philippe de Villiers. Et Patrick Nayl, qui habite à St-Gilles-Croix-de-Vie, et qui est retiré de la vie publique.
Le Reporter sablais: A la fin de votre mandat, il vous a été reproché plusieurs choses dont le contrat des parkings avec Vinci et la destruction de belles villas et avec elles un certain patrimoine, tandis que se multipliaient les immeubles y compris en front de mer. Souhaitez-vous donner votre argumentation même si vous aurez sans doute du mal à convaincre vos détracteurs concernant le front de mer?
Louis Guédon: Concernant l’immobilier, je considère qu’il s’agissait d’un argument de campagne électorale qui ne tient pas compte de l’histoire locale et nationale. Cette évolution avec la construction d’immeubles en front de mer n’est pas propre aux Sables d’Olonne. Ce fut le cas sur l’ensemble du littoral: Le Touquet, La Baule, Berck, Nice, Cannes, Cap d’Agde, La Grande Motte, Arcachon etc… C’était une politique nationale commencée bien avant mon arrivée au poste de Maire. Le pouvoir en place au niveau national estima que les Travaux publics devaient être considérés comme une grande force nationale. Aux Sables d’Olonne, bien avant mon mandat, c’est la Cica qui organisa certains projets dont le Franqueville.
La notion de préservation du patrimoine n’a commencé qu’au cours des années 80 et certains qui me critiquent en la matière oublient que j’ai fait procéder à la restauration d’une partie du patrimoine: le Château d’Arundel, le Fort St-Nicolas (après un début de restauration effectué sous le mandat d’Albert Prouteau), les Halles centrales, les marchés d’Arago et de La Chaume, le clocher de l’Eglise Notre-Dame de Bon port et l’inscription de l’église au titre des Monuments historiques, l’église St-Nicolas de La Chaume avec la réalisation du parvis de la place Ste-Anne. Avec la ZPPAUP, on a mis un terme aux destructions des villas du Remblai (NDLR: malheureusement un peu tard). On a également refait le Jardin du Tribunal avec les arches, reboisé la forêt de La Rudelière, refait les quais etc…
Dans notre Plan d’occupation des sols, on a protégé tout le Centre Ville en le passant en R1 et R2 sauf pour les grands boulevards et les grandes places.
Le Reporter sablais: Pourquoi sauf les boulevards et places?
Louis Guédon: En raison du développement démographique, il fallait trouver des capacités de logement. La Vendée perd déjà chaque année de nombreuses terres agricoles; soit on continuait à accélérer la destruction de ces terres agricoles afin de permettre la construction de pavillons, soit on permettait dans les villes de maintenir des possibilités de constructions sur les grands boulevards. Il fallait penser aux nécessaires besoins de développement de logements d’une sous-préfecture ou « ville moyenne » et ne pas rester cantonné à une ville restant dans l’esprit du 19ème siècle, comme certains le souhaitaient. Notre logique fut donc de laisser construire sur les boulevards afin d’apporter une réponse à la démographie mais de conserver le caractère historique des vieux quartiers, et éviter les kms de dépense pour les différents réseaux (eau, gaz..) et voiries et l’essaimage des services publics.
Le Reporter sablais: Et pour Vinci?
Louis Guédon: Le tourisme est devenu un facteur de développement considérable pour Les Sables d’Olonne. La pêche avait chuté et on avait perdu les trois quarts des marins ainsi que la moitié des bateaux.
Je recevais régulièrement des informations provenant de touristes affirmant qu’ils ne reviendraient plus aux Sables d’Olonne car il était impossible de s’y garer. Ils partaient donc vers d’autres stations du littoral. Il fallait donc trouver une réponse à un possible déclin de la ville en raison du manque de parkings. On a travaillé sur un projet de parking sur le Cours Blossac mais celui-ci a capoté. Autre projet cours Dupont, mais ce fut impossible car il est inondable avec une rivière souterraine qui passe en sous-sol.
On s’est donc rallié pour un terrain de la Sncf, celle-ci voulant urbaniser les terrains dont elle disposait. Pour la construction de ce parking, on m’a dissuadé de le faire sur fonds propres, d’autant plus que nous avions alors besoin de fonds pour la reconstruction du Remblai.
Le choix s’est donc porté sur un financement par Vinci. Il ne faut pas oublier que dans le cas contraire, nous aurions dû tout prendre en charge, le personnel le gardiennage, la gestion informatique, le nettoyage etc…
D’ailleurs la Cour des comptes dans ses rapports n’a jamais mis en cause notre gestion.
Le Reporter sablais: Vous imaginez bien que Vinci n’est pas une société philanthrope. S’ils agissent ainsi c’est que ça leur rapporte de l’argent. Et il y a un remboursement d’emprunt qui est loin d’être négligeable pour les Sablais (Note: pour la bonne information de nos lecteurs, il faut noter que les adversaires de Louis Guédon ont toujours considéré que ce contrat avait été mal négocié et avait fait la part belle à Vinci).
Louis Guédon: On s’est bagarré pour obtenir des avantages pour les Sablais: 5 mois de parking gratuit pendant l’hiver, 1h gratuite sur les parkings des Halles centrales et le parking de la Mairie. On a été intransigeants sur l’heure gratuite. Les locations au mois sont à un prix de 40 ou 50€ (NDLR: actuellement 180€ par Trimestre – 360€ par Semestre et 720€ à l’année, soit 60€ par mois).
Le remboursement est d’une durée de 25 ans que j’estime courte, cela fait déjà 10 ans, il ne reste donc plus que 15 ans, C’est une très bonne affaire.
Interview réalisée mi-avril 2017
Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais