Les Sables-d’Olonne Vendée. L’éternel regret de l’absence de terrasse avec vue sur mer aux Atlantes : découvrez toute la vérité
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Guy Durand vient d’être édité par le Centre vendéen de recherches historiques (CVRH).
Son livre, admirable car très complet en matières d’informations, porte sur l’Architecture.
Il s’agit de ses mémoires professionnelles sous le titre « D’Architecture en architecture ».
L’AUTEUR
Guy Durand, 2ème à partir de la droite, avec son livre entre les mains.
Photo : Yannis Suire, Bénédicte Spinau, Antoine Durand, Guy Durand, William Chevillon.
En premier lieu, découvrons l’auteur
Guy Durand était ancré à La Roche-sur-Yon, ville où il est né.
Professionnellement, il a suivi les traces de son père, Jean-Baptiste Durand, qui fut architecte à partir de 1928.
Guy Durand a donc monté un cabinet avec des agences à La Roche-sur-Yon et Nantes. Et également à Paris pour des raisons stratégiques. Il fit partie du Cabinet Durand-Ménard (1968-1983) puis Durand-Ménard-Thibault (1983-1999) qui ont oeuvré durant des décennies en Vendée.
C’est désormais son fils Antoine qui a pris le relais avec sa compagne Bénédicte, tous deux également architectes.
Vie, évolution, disparition d’une oeuvre architecturale
Guy Durand, lorsque nous l’avons rencontré au CVRH, a montré dans son récit combien il attachait d’importance à un bâtiment et à son existence. Lui donnant presque le statut « d’être vivant », toute proportion gardée. Il a donc été très touché, très déçu, lorsqu’il a appris que l’extension de l’Hôtel de Ville de La Roche-sur-Yon, qui fut une de ses premières oeuvres dans les années 1970, allait être détruite.
« (…) Je ne pouvais admettre que ma conception architecturale, mes traits de plume, soient ainsi livrés aux bulldozers ! »
La pérennité des oeuvres est régulièrement mise en cause par l’évolution des aménagements urbains, et les restucturations énégertiques et technologiques, ainsi que par les évolutions d’usage.
Faut-il condamner, à l’instar de Guy Durand, qu’à part quelques réalisations qui poursuivent leur vie, toutes les autres oeuvres soient inconsidéremment marquées du sceau d’une existence éphémère.
Genèse d’un livre
Cette destruction, cette disparition l’amenèrent à se poser la question de la pérennité de ces oeuvres au sein des archives existantes. Le constat fut assez négatif ; finalement, très peu de cabinets d’architectes prennent la peine, sans doute pour des raisons de temps et de place, d’archiver des pièces, des plans, des projets… qui portent tous en eux un considérable intérêt historique et architectural.
Cela l’a donc amené à prendre la plume afin d’apporter un témoignage d’abord sur ses propres projets mais aussi, plus généralement, sur l’histoire et l’évolution de l’architecture en Vendée au cours de ces soixante dernières années. Son travail désormais abouti a pris le nom « D’Architecture en architecture ».
Nous le disions plus haut, son livre est remarquable car il devient le témoin, un des rares témoins de l’architecture vendéenne avec l’appui de plans et de photos, jusqu’ici restés assez peu connus.
Formation, projets, maîtrise d’oeuvre, réalisations, évolution, conservation et protection etc… sont traités avec abondance.
Humilité
S’il a eu « la satisfaction d’avoir piloté, du concept au concret de véritables défis de maîtrise d’oeuvre », Guy Durand indique que, malgré une constante exigence architecturale, la densité de la production qui a été réalisée a forcément mené parfois au regret de ne pas avoir fait mieux…
Il note qu’il faut cependant analyser les choses en tenant compte du contexte car, à d’autres époques, les exigences environnementales, par exemple, mais aussi d’autres préoccupations n’étaient pas prioritaires, nécessaires ou dans l’air du temps.
Contenu du Livre
L’ouvrage porte sur des réalisations très diverses, mais beaucoup concernent la ville de La Roche-sur-Yon.
Grâce à une iconographie abondante, le lecteur pourra s’immerger avec bonheur dans les projets et les réalisations nombreuses qui sont présentées.
La découverte des réalisations du père, Jean-Baptiste Durand, représente une belle découverte.
Pour le reste, on ne peut qu’être étonnés par la masse des réalisations – la densité de la production – comme le dit Guy Durand. C’est proprement étonnant !
Lycée bleu LS, Salle Beauséjour LS, Lycée technique Kastler LRSY Lycée Piobetta LRSY, abattoires municipaux LRSY, Bibliothèque municipale LRSY, Mairie de l’Ile d’Yeu, Hôtel de Ville LRSY, Piscine Arago LRSY, Hôtel de Région à Nantes, Clinique Porte Océane LS, CIR Les Atlantes LS, Centre commercial Les Flâneries etc…. ne sont qu’un tout petit nombre des réalisations de ce cabinet d’architecture.
Les Sables-d’Olonne : L’éternel regret de l’absence de terrasse avec vue sur mer aux Atlantes
Le sujet a fait couler beaucoup d’encre aux Sables-d’Olonne, depuis des décennies !
Comment pouvait-on construire un Casino et un Palais des Congrès en niant l’intérêt de profiter de la vue sur la plage et la baie, soit par un bar-terrasse, soit par la présence d’un restaurant avec vue sur mer.
En 1995, le Cabinet Durand-Ménard-Thibault remporta le concours pour la construction d’un Centre international de rencontres (CIR) qui deviendra Les Atlantes aux Sables-d’Olonne.
Guy Durand, qui a mené une réflexion personnelle sur l’évolution et la disparition des oeuvres, avait là matière à réflexion avec un emplacement qui aura connu plusieurs Casinos avec salles de spectacles en un même lieu, au regard des destructions aujourd’hui regrettées.
– 1876 – 1949 : Casino de la Cie des chemins de fer (Architectes Sallard et Leboeuf)
– 1951 – 1976 : un casino de style néoclassique (architectes Maurice Durand et Bertrand)
– 1976 – 1995 : un casino avec façade inclinée (René-Georges Goujon)
– 1995-98 : un casino transitoire situé à La Chaume, le temps de la construction des Atlantes
– 1998 : Casino et Palais des Congrès Les Atlantes
Objectif : les congrès
Le député-maire Louis Guédon avait mis l’accent sur le souhait de réalisation d’un Palais des Congrès afin d’attirer les entreprises et les congrès sur les ailes de saison : mai, juin, septembre, octobre, et du même coup élargir la saison touristique et ses activités.
L’arrivée du TGV et la nouvelle voie routière rapide vendéenne devaient faciliter l’attrait des Sables-d’Olonne.
Le casino n’était plus considéré comme prioritaire, malgré les retombées financières pour la Ville. Il se voyait attribué une portion réduite et un accès latéral… !
Selon Guy Durand, le projet non seulement reléguait le Casino mais « sacrifiait aussi la restauration que chacun aurait souhaité ouverte sur l’Océan, mais qui aurait fait perdre espaces et fonctionnalités pour l’organisation de congrès. »
Des prétextes un peu rapides car la restauration n’était pas obligatoire, un bar-terrasse aurait largement suffit au bonheur des habitants et des « baigneurs », et n’imposait pas la mise en place de fonctionnalités aussi importantes qu’un restaurant.
Et, comme l’ajoute Guy Durand, « le député-maire Louis Guédon préférait de toute façon laisser aux initiatives privées le soin de développer cette offre sur le port ou sur le Remblai. »
Ce qui signifie en clair, en langage poins diplomatique, que l’ancien député-maire ne souhaitait pas qu’un nouvel établissement, très bien placé, risque de concurrencer les commerçants en place, qui se seraient chargés de lui manifester leur rancoeur…
Guy Durand ajoute : « Un tel choix n’a pas fait l’unanimité parmi les habitants, notamment les anciens Sablais. »
Ils étaient en fait très nombreux à s’exaspérer de ne pas voir un restaurant, salon et terrasse en façade dominant la plage et l’océan.
L’architecte arrivé 2ème du Concours avait, lui, prévu une terrasse-restauration ! mais, aux regards des objectifs visés, ses chances étaient forcément amoindries.
Un projet pouvant rebondir ?
Il y a environ 2 ans, le maire Yannick Moreau avait le souhait de relancer le projet de terrasse aux Atlantes, et peut-être même de restauration. Les raisons ?
La place laissée à la fois par l’Office de Tourisme et par le Casino qui déménageaient tous les deux, permettant ainsi une réflexion pour un projet ambitieux digne des Sables-d’Olonne.
La fin du mandat, l’équilibre budgétaire, le fait que le projet n’ait pas été inscrit dans un programme électoral, laissait à penser qu’il prendrait du retard et, sans être évacué, nécessiterait encore beaucoup de temps.
On n’est pas près de boire une trouspinette sur la terrasse des Atlantes !
Notons à propos des Atlantes que le cabinet d’architecture dut calculer au plus près – au centimètre près – les distances entre l’entrée du Casino et une école située à proximité, pour des raisons légales.
Enfin, il fallut aussi détruire des blockhaus allemands datant de la 2ème guerre mondiale et qui étaient situés sous l’ancien Casino.
Il ne s’agit là que de quelques anecdotes ; l’ouvrage comprend énormément d’informations et est véritablement passionnant. Nous vous en recommandons vraiment la lecture.
Vidéo / Guy Durand
Présentation de l’ouvrage
Nos villes et nos territoires sont parsemés de projets architecturaux contemporains que l’on ne remarque que trop peu, et que l’on critique à l’occasion. Ils méritent souvent d’être mieux connus, donc mieux compris, et par conséquent mieux préservés, constituant notre patrimoine futur. Qui, à leur époque, aurait parié sur la Tour Eiffel, œuvre conçue comme éphémère, ou les Halles Baltard, dont il ne reste que des éléments, et qui sont pourtant des marqueurs du patrimoine d’aujourd’hui?
Tel est le sens du témoignage que porte ici Guy Durand, acteur majeur de l’architecture de la fin du XXe siècle en Vendée et dans tout le Grand Ouest de la France, voire au-delà. Il décrit un à un les projets qu’il a développés au sein des équipes dont il était un des associés, des aménagements urbains aux équipements publics et à l’habitat, collectif ou individuel. Un regard précieux sur le monde de l’architecture, le développement de nos territoires des années 1960 à nos jours, et, en somme, sur notre patrimoine de demain.
© Centre vendéen de recherches historiques
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Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais
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