Les Sables-d’Olonne Vendée Globe. Découvrez le classement des Skippers le jeudi 14 nov 2024 à 15h
Les Sables-d’Olonne Vendée Globe – jeudi 14 nov 2024 à 15h.
A 15h00, c’est Nicolas Lunven qui prend la tête – alors qu’il avait fait la grande boucle à l’Ouest !
Finalement il ne fut pas perdant ! Et désormais, il a lancé les grands chevaux de son Imoca Holcim-PRB.
2ème à 11h, il passe en tête à 15h.
Derrière, à 15 milles, Yoann Richomme est en embuscade pour essayer de reprendre sa 1ère place.
Et Sam Goodchild reprend du poil de la bête en revenant sur le podium à la 3ème place.
Derrière, le classement ne bouge pas trop :
Jérémie Beyou reste bien placé à la 4ème place et Thomas Ruyant à la 5ème.
Par contre, Charlie Dalin perd du terrain. Longtemps en tête ou en 2ème place, le voici 6ème !
Quant au Sablais, Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), il remonte à la 7ème place, à 74 milles du leader.
Jean Le Cam se trouve à la 18ème place.
Classement de la Course et Carte
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Pression et décompression !
Jeudi 14 novembre 2024
Avec Madère dans le rétro ou dans le viseur, la flotte du Vendée Globe s’extirpe progressivement de son premier gros coup de vent, pour retomber dans des conditions un peu plus aléatoires.
Une grande loterie d’Eole qu’il faut accueillir avec philosophie ou… des biscuits !
Après deux jours enfermés à triple tour dans le tambour de la machine à laver…., voilà que le vent se fait moins présent et que les températures s’adoucissent à l’approche de la première île du parcours, Madère !
« Perle de l’Atlantique », « île aux fleurs » ou « Hawaï d’Europe », les surnoms concoctés par l’office de tourisme local ont beau donner sacrément envie, les solitaires du Vendée Globe redoutent, faute de vent, d’y faire un arrêt un peu trop prolongé à leur goût…
Car depuis la fin de journée, les conditions ont molli à l’approche de l’archipel volcanique, qui, en outre, perturbe le vent avec son relief important – 1 862 mètres d’altitude pour le Pico Ruivo !
La tête de course a bien senti le coup de frein. Mais ils sont désormais 5 à se tenir en moins de 30 milles, dans le Sud-Ouest de l’île. Une compression de la tête de flotte qui, à bord de Charal, réjouit Jérémie Beyou, autant qu’elle le préoccupe :
Le début de course a effectivement été très intense : pas beaucoup de temps morts, voire pas du tout, avec un vent très instable. On a pu dormir un petit peu en début de ce bord, jusqu’à une petite centaine de milles de Madère, et après tout a commencé à se compliquer de nouveau !
Il y a tout une masse nuageuse qui bloque, donc on n’a pas beaucoup dormi.
Les premiers se sont un peu arrêtés, j’espère que nous on va passer !
Jérémie Beyou (CHARAL)
Un souhait d’autant plus vif que la suite s’annonce « hyper complexe ».
« La dépression ne laisse pas beaucoup de place dessous, donc je ne sais pas trop par où on va passer ! Il va falloir trouver le bon compromis entre ré-attaquer au Sud et rester un peu éloigné de Madère » , explique l’expérimenté marin breton, qui attaque son cinquième Vendée Globe.
Accepter sans trop s’accabler
En milieu de nuit, le marin britannique Sam Goodchild, en 6e position (3ème à 15h00), semblait d’ailleurs avoir un peu pâti de la baisse de pression, lui qui déplorait s’être « arrêté dans un nuage de pluie pendant 25 minutes, ce qui est un peu ennuyeux ».
Mais le skipper de VULNERABLE, auteur d’un début de course remarquable avec son bateau de génération 2020 au milieu des derniers-nés de la flotte, gardait la tête froide, et surtout essayait de positiver :
C’est un équilibre difficile à trouver et la nuit dernière, je me suis retrouvé à aller trois nœuds plus lentement que Charlie Dalin et je me suis contenté de cela, en me disant que ce n’était pas le moment de prendre des risques. Mais je pense que j’ai fait du bon travail en naviguant ma propre course, en essayant de fixer mon propre rythme et mes propres limites et en ne regardant pas trop les bateaux qui m’entourent… Mais en même temps, je ne veux pas me trouver d’excuses !
Sam Goodchild (VULNERABLE)
Accepter sans trop s’accabler, c’est un exercice décidément bien compliqué pour des compétiteurs toujours habitués à exiger davantage d’eux-mêmes.
Sur le coup de 1 heure du matin, Samantha Davies (Initiatives-Cœur, 17e) se sentit ainsi obligée de prévenir la Direction de course de ne pas s’inquiéter : si elle n’avance plus, ce n’est pas à cause d’un problème technique, mais juste parce qu’il n’y a plus de vent !
Même constat dans la nuit noire pour Romain Attanasio (Fortinet-Best Western, 25e), qui prend la lune à témoin : « Qu’est ce que c’est que ce délire, il n’y a plus de vent. Il y avait 25 nœuds, et là il n’y a plus rien. Alors là, je ne comprends pas tout… »
Qui peut se targuer de tout comprendre, de toutes façons ?
L’océan, tout comme l’être humain, a ses mystères avec lesquels il faut accepter de composer.
C’est d’ailleurs à cela que s’emploie Damien Seguin, qui, 28e au classement sur son IMOCA Apicil, joue encore un peu les funambules pour retrouver son fil rouge et son habituelle vélocité :
Clairement, ces retrouvailles avec le Vendée Globe se passent de manière assez émotionnelle pour moi, et il faut que je trouve les moyens de m’exprimer sur mon bateau, de trouver la confiance.
Je fais au mieux avec ce que j’ai pour le moment, et c’est déjà pas mal.
La course, ce n’est pas seulement une course, c’est aussi une aventure humaine, et il faut que je rentre dans mon aventure pleinement !
Damien Seguin (Groupe APICIL)
Retrouver le plaisir
Et quoi de mieux pour cela que de s’accorder une petite séance de décompression au lieu de ruminer sa frustration ?
– C’est ainsi que Louis Burton (Bureau Vallée), 8e au classement, se concoctait une tomate à la croque-au-sel – les deux ingrédients principaux étant compris dans le titre, on vous fait grâce de la recette ;
– que Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence), après ses bien pénibles déboires de voile et sa rencontre fortuite avec une araignée velue, se vengeait sur son paquet de biscuit. Et confiait du même coup sa technique de réconfort à base de sopalin glissé sur ses poignets : « Quand t’as les manches mouillées mais que t’as pas le temps de te changer, ça marche du feu de dieu ! Si vous voulez d’autres gestes techniques de Clacla, demandez pas trop de conseils pour faire tomber une voile à la volée dans 25 nœuds, par contre pour les manches, je suis toujours là ! »
Trouver l’humour et la joie même quand ça ne va pas, voilà le remède des nuits de nos marins du Vendée Globe.
Au crépuscule, c’est au son de « Say it ain’t so, Joe » de Murray Head que Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo for a Job), 14e au classement et premier bateau à dérives droites, nous embarquait à ses côtés pour un pas de danse réconfortant, montrant que son moral, contrairement à son cockpit, ne prenait pas l’eau.
« Le problème, explique Pip Hare (Medallia) en plein effort après un changement de voile, c’est qu’on imagine toujours le bateau des autres parfaitement nickel et rangé, eux en train de siroter une tasse de thé, et on pense qu’on est les seuls à avoir un gros bazar à bord et à être épuisé.
Mais la seule manière de gérer ça bien, c’est d’étouffer toutes ces pensées, et de se remettre à bosser » !
Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais
(avec communication)