*NEWS

Bruno Retailleau dénonce l’absence réelle de volonté de l’Etat dans le projet alternatif A831

Retour en arrière ! Le 12 juillet 2015 prenait fin la Déclaration d’Utilité Publique (DUP) accordée pour la construction de l’autoroute Fontenay-Rochefort dite A831. Le Premier ministre, Manuel Valls, et Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, s’opposent sur ce dossier. François Hollande doit arbitrer le dossier ; il décide finalement de ne pas demander la prorogation de la DUP de l’A 831. Autant dire que le projet d’autoroute A831 est alors définitivement enterré. Pour des raisons liées à l’environnement. Un projet alternatif est proposé. Mais aujourd’hui Bruno Retailleau ne croit plus vraiment en la réelle volonté de l’Etat de mener à bien ce projet alternatif. Il s’en explique.

« C’est un véritable scandale, un immense gâchis. Un déni de démocratie. Comme d’habitude, François Hollande a cédé aux caprices de Ségolène Royal. Il vient ainsi de poignarder dans le dos le sud Vendée. Et Manuel Valls, qui s’était engagé, par deux fois et par écrit à lancer le projet, n’a même pas eu le courage de l’annoncer aux vendéens ! »  Tels furent à l’époque les propos de Bruno Retailleau lorsqu’il apprit que la DUP n’était pas prorogée. A l’époque le projet était de 64km (1/3 sur la Vendée et 2/3 en Charente-Maritime) pour un coût de 890 millions d’euros (soit 14 millions d’ au km) et était, selon Bruno Retailleau, exemplaire sur le plan de l’environnement.
Pour lui « Ségolène Royal a tué le projet de l’A831, très important pour le Sud-Vendée, tout en proclamant son remplacement par un Plan B qui n’existait pas! » Manuel Valls qui avait perdu l’arbitrage a cependant réuni les parties le 29 septembre pour évoquer les suites de ce dossier, ce qui a conduit l’Etat a prendre un engagement financier pour les études préalables au lancement d’un projet alternatif. Cinq mois de plus seront nécessaires pour que le Préfet de Région (désormais Nouvelle Aquitaine), Pierre Dartout, soit chargé en février 2016 de mener une mission pour proposer un Protocole d’études et de partenariat aux Collectivités concernées, à savoir les Pays de Loire (Prés. Bruno Retailleau), et les départements de Vendée (Prés. Yves Auvinet) et de Charente-Maritime (Dominique Bussereau).
Ce protocole, reçu il y a quelques jours, a été l’objet d’une réunion le jeudi 7 juillet 2016 à la Préfecture de Charente-Maritime à La Rochelle.

Cliquez sur la carte pour agrandir

Projet autoroute A831 Fontenay-le-Comte / Rochefort
Projet autoroute A831 Fontenay-le-Comte / Rochefort

Un protocole inacceptable sur le plan financier ! 
Bruno Retailleau, de même que Dominique Bussereau (absent mais remplacé par Corinne Imbert, Vice-Présidente) ainsi qu’Yves Auvinet considèrent ce protocole comme inacceptable. « L’Etat, une fois de plus, veut se défausser sur les Collectivités locales. Nous ne pouvons donc accepter ce Protocole qui fait reposer sur les Collectivités l’essentiel de l’effort, à savoir la maîtrise d’ouvrage et les études préalables » déclare Bruno Retailleau.
Selon le projet de Protocole, 75% du financement des études reposeraient sur les Collectivités ce qui fait dire à Bruno Retailleau que le risque est que le même pourcentage s’applique aux travaux. Tant Bruno Retailleau, Yves Auvinet que Dominique Bussereau (ce dernier par l’intermédiaire de Corinne Imbert) s’inquiètent donc, au surplus, de ne voir aucune précision dans le document présenté sur la répartition des prises en charge pour les travaux.
Derrière l’abandon du projet autoroutier, c’est aussi la fin du financement par les usagers grâce aux péages ! Le trafic prévu était alors de 20 à 25.000 véhicules par jour. Et les Collectivités n’entendent donc pas prendre l’essentiel des charges à leur compte. La crise, la baisse des dotations de l’Etat aux Collectivités, les emprunts toxiques… tous ces éléments incitent les Collectivités à être très prudentes en matière d’investissement mais surtout elles considèrent, dans ce projet, que l’Etat est responsable de la situation en n’ayant pas prolongé la DUP : « On a le sentiment d’être otage d’une situation que l’on n’a pas créée! » souligne Yves Auvinet.

Un protocole muet sur le tracé !
« Rien n’est proposé concernant le tracé de ce projet alternatif à l’A831 » s’emporte Bruno Retailleau, ajoutant qu’il se pose la question du contournement de Marans. En effet, ce contournement nécessiterait, d’après lui, un long viaduc dont le coût serait très important. « Dix mois de passé pour un Protocole où il n’y a rien, on a le sentiment très désagréable de se faire balader » regrette Bruno Retailleau.
Il demande donc que l’Etat prenne ses responsabilités : « On ne peut tuer un projet autoroutier et ne rien faire, comme s’il fallait attendre 2017…. »
Si le coût du projet est actuellement impossible à chiffrer, notamment concernant l’éventuel contournement de Marans, le minimum aurait été d’avoir un tracé et un engagement de l’Etat : « Ce Protocole, c’est l’enterrement du projet » considère Bruno Retailleau.

Pour défendre le projet, Bruno Retailleau avance ses arguments tout en précisant qu’il n’est pas amoureux du bitume.. : la route vers le sud est très dangereuse, il y a donc une volonté de développer la sécurité et, en plus, il y a des emplois à créer grâce à ces nouvelles infrastructures. « Nous voulons donner au Sud-Vendée les moyens de se développer » précise-t-il.

La position d’Yves Auvinet
Yves Auvinet, président du Conseil départemental de Vendée, acquiesce en précisant que les attentes du département n’ont pas changé depuis le début : développer les échanges entre la Vendée et la Charente-Maritime, améliorer la sécurité, développer un cadre de vie harmonieux. Or, selon lui, aucun de ces points n’apparaît clairement dans le projet de Protocole. Il s’inquiète de l’obligation mentionnée de prise en charge par les Collectivités de la maîtrise d’ouvrage avec des contraintes en matière de « scénario comportant un schéma environnemental ». Il n’accepte pas de prendre 75% des frais d’études sans, en plus, avoir d’éclairage sur les travaux. Il fait également référence au transfert au 1er janvier 2006 des routes vers les départements (NDLR : l’Etat a transféré la gestion des routes aux départements à l’exception du réseau autoroutier et de certaines routes d’intérêt national – Loi de décentralisation du 13 août 2004).
La RN 137 a fait l’objet d’un arrêté pour ce transfert, mais Yves Auvinet tient à préciser que celui-ci n’a été accepté que parce que le projet autoroutier de l’A831 était en cours ! (http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/spiproute/pdf/DDE_85_arrete_transfert_RN_2006_cle6ede4f.pdf)
Il rappelle que ce projet d’autoroute était le meilleur « faisceau » et que son établissement avait nécessité dix années d’études.

Quant à la relance d’un nouveau projet d’autoroute en tenant compte de nouvelles contraintes environnemental, aussi bien Bruno Retailleau qu’Yves Auvinet ne l’envisagent pas précisant qu’il faudrait tout reprendre à zéro – pour des raisons juridiques – et que de nouvelles études conduisant à la déclaration d’utilité publique prennent des années. Les études effectuées à l’époque auraient déjà coûté 30 millions d’€!

Pour le moment, les élus de Vendée, Charente-Maritime et Pays de la Loire demandent donc une modification du Protocole avec au minimum une prise en charge par l’Etat de 50% du coût des études et travaux conforme aux engagements du Premier ministre, l’affirmation par l’Etat de l’intérêt public majeur de ce projet routier alternatif, un positionnement clair de l’Etat sur les caractéristiques de l’aménagement à réaliser, et d’avoir connaissance des rapports définitifs des études 2014 et 15 RD/RN137.
Enfin, ils précisent qu’ils sont « pleinement attachés au respect de la réglementation, notamment environnementale, aussi, ils demandent à l’Etat de clarifier les attendus (NDLR: mentionnés dans le Protocole) d’un traitement environnemental exemplaire. »
Nu doute que le Préfet Dartout, représentant de l’Etat et à l’initiative de ce Protocole, va très prochainement réagir et donner sa position sur son rejet par les Collectivités.
Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page