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Vendée Globe – Après le passage de l’équateur direction Cap de Bonne espérance

Les premiers skippers poursuivent leur route devant une dépression et se dirigent vers le Cap de Bonne Espérance ; ils vont très bientôt croiser à tribord l’archipel volcanique Tristan da Cunha. Après 14 jours de course, la flotte est désormais scindée en trois groupes. Alex Thomson est toujours en tête et, malgré son avarie sur l’un des foils, arrive vers les 40èmes rugissants à une vitesse toujours assez rapide. 

Alex Thomson est toujours en tête de course avec plus de 20 nœuds de moyenne et conserve 80 à 100 milles nautiques environ sur les trois suivants. Armel Le Cleac’h (Banque Populaire VIII), Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) et Vincent Riou (PRB) ne s’en laissent pas compter. Le premier groupe bénéficie d’un front froid associé à une dépression brésilienne, juste derrière eux. Ils devraient ainsi, en raison des conditions très favorables, battre le record de vitesse au large de l’Afrique du Sud.
Mais les suivants, en l’occurence Paul Meilhat (SMA) et surtout Jérémie Beyou (Maitre CoQ) ne devraient pas bénéficier des mêmes conditions ce qui creuserait l’écart avec les leaders. Seule solution pour ces deux skippers ainsi que pour Yann Elies (Quéguiner Leucémie Espoir) qui les suit : changer de cap afin de rester en avant du front froid !  Ou attendre la dépression suivante ? On est dans la création de deux courses parallèles, les uns et les autres ne bénéficiant plus du même système météo.
Plus en arrière, les skippers naviguent dans un alizé d’Est bien établi, de belles conditions en attendant de voir comment la porte va s’ouvrir dans le Sud. A l’arrière suivent Sébastien Destremau, à peine à sortir du Pot au Noir désormais très large dans sa partie Est, et Didac Costa fermant la marche.

Abandon de Bertrand de Broc
Comme nous l’avions annoncé dans nos précédents articles, Bertrand de Broc (MASCF) a officiellement annoncé son abandon après avoir mouillé dans l’archipel de Fernando de Noronha (à 300 milles dans le Nord Est du Brésil) pour évaluer les dégâts de son bateau qui faisait anormalement beaucoup de bruit à la suite de chocs sur les carénages. Il devrait rallier Récife pour intervenir avec son équipe technique.
Ci-dessous les vacations radio du jour et, en bas de page, la carte de la tête de course
Philippe Brossard-Lotz

Déclaration d’Alex Thomson à propos de son foil:
Alex Thomson : « Dans le Vendée Globe, il faut s’attendre à l’inattendu »
Ce dimanche, le skipper d’Hugo Boss est revenu sur la casse de son foil et a livré son sentiment sur la suite de la course. Alex Thomson : « Hier j’ai forcément eu une baisse de moral quand le foil a cassé. Aujourd’hui ça va mieux. J’ai toujours un morceau de foil qui sort du bateau et qui me ralentit. Mais je ne peux rien faire, je n’arrive pas à le rétracter davantage. Quand les conditions se calmeront, je plongerai pour couper ce bout qui dépasse. Le bateau marche bien quand même à ces allures, et l’autre foil est intact. Evidemment c’est une déception mais à part cela, tout va bien à bord du bateau. Je m’habitue à mener un IMOCA plus classique plutôt qu’un foiler ! Je suis en forme et je mène toujours la course. Je vais travailler dur, pousser le bateau autant que je peux et rester dans le match. Tout n’est pas perdu. Je vais prier pour que le reste de la course puisse se faire tribord amures… »

 

Audio Jérémie Beyou (Maître Coq) dimanche 20 novembre 2016 à 15h

 

Vacations ce dimanche 20 novembre 2016 à 6h00 du matin

Yann Elies – Quéguiner Leucémie Espoir : «  Je fais la course avec le front : je calque ma route sur un trou de souris et j’espère que ça va fonctionner pour les 4 à 5 prochains jours. J’espère ne pas me faire « manger »  par ce front qui va traverser l’anticyclone, de toute façon je n’arrive pas à suivre la cadence des leaders, ils vont trop vite pour moi et les écarts construits ces premiers jours font que nous ne sommes plus dans le même système météo. Je fais un peu ma course tout seul tout en essayant de ne pas prendre trop de retard sur le groupe de tête au Cap de Bonne Espérance. Mais je pense que j’aurai deux jours de retard sur eux…ça va être compliqué de rester à portée de fusil ! Quand je vois le rythme qu’ils tiennent, j’ai l’impression de ne pas y arriver; à mon avis, ils ne vont pas rester sur ce tempo longtemps non plus. On va voir comment ça se décante dans l’Océan Indien. »

Arnaud Boissières – La Mie Câline : «  C’est une nuit tropicale avec des petits grains et des accélérations. Je continue ma route Sud le long du Brésil avec l’incertitude du cap Frio ou les fichiers météo nous prédisent du mou. Mais là, il y a 25 nœuds de vent avec un peu de pluie, ce n’est pas désagréable. Je suis à un peu plus de 100 milles des côtes Brésiliennes à 130 milles de Recife. J’ai croisé un cargo hier : c’était le premier depuis le départ. On est un groupe de six bateaux relativement groupés : c’est sympa »

Vacations ce dimanche 20 novembre 2016 à 10h00

Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) :
« Je suis dans les alizés de Sud Est. Le vent a un peu fraîchit, autour de 15 noeuds et je suis à 80° du vent, donc ça commence à accélérer pas mal. Je suis un peu vert de ne pas être sorti avec mon livre d’oiseau parce que j’en ai tout autour de moi là, qui pêchent. Il fait un peu moins chaud, l’air circule un peu mieux maintenant donc c’est super agréable. C’est chouette d’avoir Romain (Attanasio) devant moi. C’est un figariste alors j’apprends, je règle mieux mes voiles, c’est super riche. Je suis aussi la façon de naviguer de Rich Wilson. Je suis ravi de les avoir près de moi, ce sont de grands marins. Après, je ne veux pas jouer à prendre le rythme d’un autre, je ne veux pas me prendre pour quelqu’un que je ne suis pas, donc je continue MA course. J’ai le sentiment de vivre une aventure hors norme. C’est fabuleux. Le Vendée Globe ne sert à rien, sauf que c’est beau… C’est trois mois de parenthèses qui resteront gravées dans ma mémoire. Après, il y a des hauts et des bas bien sûr. Après le pot au noir par exemple, j’étais épuisé même s’il n’a pas été le pire. Mais le grain te fait peur, le bateau peut se coucher, partir en vrac, casser. Je ne me sens pas assez serein pour bien réagir, donc c’est stressant, ça demande de l’énergie. D’où cette fatigue à la sortie. Du coup, tu as des idées un peu sombres, tout devient difficile, tu vois la montagne que tu dois escalader alors qu’il faut prendre tout cela étape par étape et que je suis en fait très très heureux d’être là ! »

Sébastien Destremau (Technofirst-faceOcean) :
 » Je suis en plein pot au noir !! Je suis bien collé ! Pas un souffle cette nuit, quelques orages, pas de grains violents heureusement en ce moment. Ce matin un petit vent de quelques noeuds, ça va être long quoi… Les fichiers météo que j’avais ne laissaient pas présager aussi peu de vent. Hier en revanche, on s’est fait un vrai vrai vrai vrac !! Dans un grain, le vent a tourné d’un coup, oh la vache, le bateau s’est mis à l’envers, en marche arrière, les voiles à contre, il s’est couché oh la la la la, c’était drôle ! Enfin tant qu’on n’a rien cassé, c’était drôle… Incroyable. La vraie misère, le pire grain jamais vécu. Voilà… C’est ça le pot au noir ! Sinon, aucun souci à déplorer à bord ! C’est top ! Très content du travail de mon équipe et du choix de ce bateau où, vraiment, il n’y a pas grand chose à casser dessus ! C’est vraiment bien pour la suite du voyage. Moi aussi, comme mon bateau, je suis en pleine forme. Il fait 40° dans le bateau donc c’est fatigant, mais ça va. On est dimanche, ça fait deux semaines qu’on est partis et j’ai l’impression que ça fait 1000 ans mais aussi comme si on avait quitté les Sables d’Olonne hier. Je le savais, on rentre dans une routine, les jours passent et soudain on se rend compte qu’on est parti depuis deux semaines. Le temps s’arrête, le temps n’existe plus ! D’ailleurs je n’ai pas de montre à bord… Enfin si une GPS mais rien au bras ! C’est un sentiment assez intéressant, que j’aime bien en tout cas. »

 

 

Vacations ce dimanche 20 novembre 2016 à midi

Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) :
« Le vent commence à se renforcer depuis ce matin. Il y a pas loin de 30 nœuds de vent en moyenne avec une mer qui s’est un peu dégradée. Cela ressemble aux conditions qu’on va rencontrer dans les mers du Sud. C’est un premier tour de manège qui nous fait aller vite dans le bon sens vers le cap de Bonne Espérance. Il faut trouver la bonne configuration de voile, les bons réglages pour ne pas tout abîmer. C’est assez tonique dans le bateau, je suis à 22-23 nœuds de moyenne là. Je ne suis pas surpris par les vitesses d’Alex Thomson : sans foil ça va aussi vite que les bateaux à dérives et on voit les moyennes que tiennent mes petits camarades sans foils, c’est plausible. L’état de la mer se dégrade et avec des foils on ne va pas forcément plus vite. Il va falloir attendre des conditions plus maniables pour retrouver le potentiel de ces appendices. Je reviens doucement sur Alex Thomson mais il faut préserver le bateau pour la suite de la course. Je gère mon rythme à bord, selon mes polaires et l’état de la mer. Je suis à l’écoute de mon bateau. De temps en temps, certains vont plus vite que d’autres mais le plus important est de tenir une bonne moyenne. Ca ne sert à rien de se mettre dans le rouge pour récupérer la tête maintenant. »

Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) :
« J’ai retrouvé mon copain Eric Bellion, on a discuté à la VHF tout à l’heure. Je suis content d’être avec lui car il dispose d’un bateau qui va vite. J’essaye de ne pas non plus me laisser griser. Depuis le début je préserve le bateau, ça ne sert à rien de tirer dessus plus que nécessaire. La situation météo est compliquée. On n’a pas un anticyclone bien installé avec du vent au portant pour le contourner. Il y aura un passage de mou à négocier dans quelques jours… Je suis un Figariste, un compétiteur mais j’ai toujours aimé le large. Le Vendée Globe était la course que je voulais faire une fois dans ma vie et je ne n’avais pas le budget pour le faire avec un bateau récent. J’ai donc décidé de partir avec un IMOCA ancien et je ne le regrette pas. C’est une aventure tellement exceptionnelle, je vais aller découvrir les mers du Sud c’est génial. »

 

Message de Kito de Pavant

Kito de Pavant (Bastide Otio) :
« Bon dimanche à tous ! Je suis de nouveau sous gennaker, le vent a adonné hier en mollissant. Il a donc fallu adapter la voilure. En revanche, avec plus de surface de toile, l’équilibre du bateau est plus fragile et il est nécessaire de régler plus souvent les écoutes pour éviter la sortie de piste sous les nuages. Bref, c’est mieux mais au moins aussi fatiguant. Ce qui me préoccupe le plus c’est la situation météo à venir. Ce n’est pas une mais deux barrières anticycloniques à traverser ou à contourner ou autre solution que je n’ai pas encore trouvée…. Bastide Otio va être sérieusement ralenti dans sa progression vers le Grand Sud et ce dès aujourd’hui. Et je vais sans doute être parmi ceux qui vont le plus souffrir de cette situation. Malheureusement, il m’est impossible de l’éviter… J’ai juste le mauvais timing. Les routages se cassent aussi les neurones sur la meilleure façon de passer ces obstacles. Le matin c’est à droite, le soir c’est à gauche et le lendemain c’est tout droit… Bon cela fait partie des aléas de la course. Ce n’est pas le premier, ni le dernier, mais vous pouvez compter sur moi pour me sortir le mieux possible de cette affaire. Par ailleurs, j’ai ressorti mon petit logiciel d’astronomie pour potasser les étoiles du Sud. Là où je me trouve, en-dessous de la latitude de Salvador da Bahia, on voit toujours les constellations du Nord et celles du Sud qu’on ne voit qu’une fois passé l’équateur. Mais la lune est venue contrarier mes observations nocturnes. Je devrais avoir du temps pour cela. »

 

Vendée Globe 2016 - Carte du dimanche 20 novembre à 15h00
Vendée Globe 2016 – Carte du dimanche 20 novembre à 15h00

 

 

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