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Quel avenir pour l’aérodrome des Sables d’Olonne ?




Quel avenir pour l’aérodrome des Sables d’Olonne ?

 

 

Aérodrome de la Lande – Les Sables d’Olonne / Le Château d’Olonne

 

Jean-Paul Dubreuil, en tant que Vice-Président en charge de l’Economie au sein de Les Sables d’Olonne Agglo a compétence pour s’occuper du dossier de l’Aérodrome de la Lande sis au Château d’Olonne. Cela tombe bien puisqu’il a des connaissances incontestables dans le domaine aérien. Pour l’anecdote, c’est sur ce même aérodrome que jean-Paul Dubreuil a passé son brevet de pilote dans les années 50.
On rappellera en préliminaire que cet aérodrome était auparavant sous la tutelle de la Ville des Sables d’Olonne – les 150 aérodromes ont été transférés presque de force par l’Etat aux collectivités locales en 2006* – et que, depuis la loi NOTRe, c’est l’Agglomération qui en a la compétence.
L’Agglo des Sables d’Olonne, née le 1er janvier 2017, a tout de suite lancé une étude afin de savoir ce qui pouvait être le plus intéressant, à propos de cet aérodrome, pour l’attractivité du territoire. Plus précisément, c’est la Communauté de Communes des Olonnes (CCO), instance qui n’est plus, qui initia cette réflexion poursuivie par l’Agglomération.

Un cabinet spécialisé pour étudier les scénarios
Des discussions ont donc été lancées avec un cabinet spécialisé, Espelia, ainsi qu’avec l’Aviation civile. Espelia (80 collaborateurs) est un cabinet de conseil pour « la performance publique » qui a de nombreux clients parmi les collectivités territoriales et locales ou les ministères. Cela peut aller des nouveaux modèles économiques urbains aux évaluation et planification pour des projets d’infrastructures et d’aménagements.
Espelia comprend un pôle Transports dont les Aéroports et lignes aériennes. Et parmi ses références se trouvent notamment la Direction générale de l’Aviation civile, la Métropole Rouen Normandie (pour une étude sur le repositionnement stratégique de l’aéroport de Rouen Boos, et la Collectivité Territoriale de Corse / OEC (pour une étude sur la desserte aérienne Corse / Continent).
En général, ce genre d’études repose sur différents aspects juridiques, économiques et financiers avec la réalisation de scénarios d’évolution.

Aéro-Club de la Vendée

Le non-transfert de l’aérodrome est, à ce jour, acquis
Parmi les hypothèses avancées du temps de la CCO figurait le transfert de l’aérodrome dans la zone du Vendéopôle – la communauté disposant de 58 hectares – afin de pouvoir envisager un allongement de la piste et parallèlement moins de nuisances.
A ce jour, nous indique Jean-Paul Dubreuil, trois réunions ont eu lieu avec ce cabinet qui ont conduit au non-intérêt de procéder au transfert.
D’après les premières conclusions, ce serait en raison « d’importants travaux de terrassement » ainsi que « d’aménagements pour le franchissement des cours d’eau. » L’ensemble auraît nécessité une opération d’un coût de 20 à 25 millions d’euros!
Plus étonnant, « l’implantation de la piste et les emprises contigües à la piste n’auraient laisser que peu de place pour les bâtiments de la zone aéronautique. »
Mais surtout, les nuisances auraient pu être encore plus importantes que celles de l’aérodrome actuel avec « une zone de survol au décollage comprenant 1400 habitations! »
Restent à l’esprit les difficultés, de nos jours, de pouvoir procéder à de nouvelles installations en matière aérienne. Notre-Dame des Landes, à une autre échelle, en est l’exemple.
Afin de ne pas rester aussi rapidement sur un constat d’échec et aller au bout des possibilités, un tour d’horizon complémentaire fut effectué avec une étude sur d’autres terrains disponibles. Mais le même constat a dû être fait: « soit ceux-ci posaient des problèmes de faisabilité, soit les coûts restaient élevés, soit le survol à basse altitude se faisait sur des zones d’habitat » nous a-t-on assuré.

Développer l’existant
A partir de ce constat, il a été décidé d’étudier la manière et « les possibilités de développer l’existant » c’est-à-dire comment développer les activités et l’intérêt de l’aérodrome de la Lande, créé en 1924, et connu comme étant le plus ancien aérodrome de Vendée.
Un petit groupe a été formé afin de travailler sur le sujet et entendre tous les groupements et personnes concernés :
– l’aéro-club. Avec 80 adhérents et 3 avions, il totalise environ 1000 heures de vol par an (baptêmes de l’air, initiation au pilotage, instruction vers les brevets de pilotage). Chaque année une douzaine de jeunes sont formés au Brevet d’initiation aéronautique;
et les nouvelles structures aériennes dont:
– Vendée Evasion (parachutisme avec 3000 sauts par an environ, et publicité aérienne, désireux de développer les vols taxi),
– Aéro-Air Atlantic (publicité par banderolles, et vols en hélicoptères)
ainsi que l’association de riverains à propos des nuisances.
L’objectif étant de trouver une entente entre toutes les parties, en composant si nécessaire afin que tous y trouvent leur intérêt.

Les réflexions
Les réflexions portent donc aujourd’hui sur la manière de redonner davantage de vie au site de l’aérodrome de La Lande. « Le bar était à l’époque un joyau » nous dit-on, apportant beaucoup de vie et de chaleur humaine, mais il est fermé depuis huit ans! « C’est une nécessité que d’avoir un bar-restaurant pour la vie de la plate-forme » précise Jean-Paul Dubreuil.
Autre réflexion, étudier la possibilité d’agrandir le hangar, sa petite taille obligeant des avions à rester parqués à l’extérieur. Aujourd’hui, l’aéro-club possède en propre 3 avions de type Rallye ou Dauphin). Ce type d’avion vaut 350.000€ à l’état neuf, mais les achats par les aéro-clubs se font presque toujours d’occasion.
Tout en faisant des projections, il est nécessaire d’étudier les éventuelles nuisances; les trois avions de l’aéro-club ont été équipés de silencieux, très visibles sous leur carlingue. Vendée Evasion a remplacé son avion à pistons par un avion à turbines, moins bruyant. Et il est prévu d’aménager une plate-forme à proximité de la piste qui permettrait aux avions en attente de décollage d’être plus éloignés des habitations. Mais il apparaîtrait raisonnable, aussi, d’éviter toute nouvelle construction aux abords de l’aérodrome.

Joël Mercier, le maire du Château d’Olonne, a rappelé que des réunions avaient eu lieu avec le sous-Préfet, l’aéro-club et les associations de riverains. Après avoir indiqué qu’il fallait conserver un « axe de vigilance » – à propos des nuisances possibles – il s’est félicité du choix du maintien de l’aérodrome sur le site actuel, plus proche géographiquement, et pleinement en activité alors même qu’un nouveau projet aurait nécessité un délai d’au moins 7 ou 8 ans.
Olivier Fontaine, président de l’Aéro-Club s’est dit lui aussi favorable à 100% pour le maintien de l’aérodrome sur le site actuel.

La piste
La piste de Notre-Dame de la Lande fait environ 700m. Pour pouvoir faire atterrir des avions de grand tourisme, il faut une piste de 850m tandis que pour des bi-réacteurs d’aviation d’affaires il faudrait 1200m de longueur.
Mais pour Jean-Paul Dubreuil, l’aérodrome de La Roche-sur-Yon reste bien positionné sur le tourisme et ne se trouve qu’à une demi-heure des Sables d’Olonne. La piste de l’aérodrome est de 1400m et peut donc accueillir des avions de 70 places de type ATR**, et permet le vol aux instruments (sans visibilité) et même les vols de nuit.
(**ATR: groupement d’intérêt économique italo-européen fondé en 1982, spécialisé dans la construction aéronautique d’avions turbopropulseurs pouvant transporter de 48 à 78 personnes pour des déplacements dits de transport régional. ATR42: de 40 à 52 places – ATR72: jusqu’à 78 places.)
D’ailleurs, durant le dernier Vendée Globe, la société PRB avait fait venir des invités de toute la France par des avions ATR72 qui ont atterri à La Roche-sur-Yon, les occupants poursuivants ensuite en car vers Port Olona aux Sables d’Olonne.

Poursuite des études sur l’avenir de l’aérodrome
Les études continuent, les premiers éléments devraient arriver dans les semaines à venir et l’étude complète devrait être achevée à la fin de l’année 2017.
D’ores-et-déjà, le maintien de l’aérodrome semble acquis et les objectifs vont vers une rénovation ou un agrandissement de l’aérodrome afin de coller aux besoins d’une ville fusionnée de 55.000 habitants et à la montée en gamme de la station balnéaire, tout en répondant aux besoins en matières de loisirs touristiques. Le positionnement de l’aérodrome, proche de la mer, avec des décollages au-dessus de la mer reste aussi un atout.
Les représentants de l’Agglo restent vigilants; ainsi ils déclarent « qu’en dépit des conclusions défavorables sur le déménagement de l’aérodrome, celui-ci demeure un équipement contribuant à l’attractivité économique et touristique de l’Agglomération. Aussi, une attention particulière sera apportée pour conforter le site existant dans le respect de l’urbanisation existante. »
On le voit, le dossier est loin d’être anodin: il s’inscrit dans une stratégie de développement économique et touristique dont l’importance pourrait être encore plus importante en cas de véritable activité de transport aérien régional.
Ça n’est pas encore le cas aujourd’hui mais est-ce que ça pourrait l’être en 2040/50…? L’aérodrome de La Roche-sur-Yon est nettement mieux positionné avec une piste de 1400 mètres.
L’étude en cours devrait apporter des éléments intéressants sur ce sujet aussi.

Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais

(*Devant le manque d’empressement des collectivités locales, les préfets ont fortement incité les élus locaux les plus récalcitrants! En l’absence de décisions, les aérodromes ont été transférés au Conseil général concerné. Dans d’autres cas, le transfert se faisant à titre gratuit, certains élus ont été suspectés de vouloir faire une opération foncière…malgré un délai de trois ans.
Le ministre de l’équipement, des transports, de l’aménagement du territoire, du tourisme et de la mer et le secrétaire d’Etat aux transports et à la mer à Mesdames et Messieurs les préfets de région (pour attribution) ; Mesdames et Messieurs les préfets de département (pour information).
L’article 28 de la loi no 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales prévoit le transfert, au plus tard le 1er janvier 2007, d’un grand nombre d’aérodromes appartenant à l’Etat au profit de collectivités territoriales ou de leurs groupements. Ce transfert représente un enjeu majeur pour le secteur aéroportuaire français. Il constitue l’un des volets de la réforme d’ensemble prévue dans ce domaine par le Gouvernement et qui fait pour le reste l’objet de la loi no 2005-357 du 20 avril 2005 relative aux aéroports. Le législateur charge les préfets de région dans le cadre de ce processus de décentralisation d’assurer la concertation et, le cas échéant, l’arbitrage entre des collectivités présentant des candidatures concurrentes, ainsi que de désigner in fine l’attributaire en l’absence de candidature.)

 






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