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Lionel Pariset adjoint au Nautisme des Sables d’Olonne apporte sa vision des choses




Lionel Pariset adjoint au Nautisme des Sables d’Olonne apporte sa vision des choses

Avant-Propos: Lionel Pariset est adjoint au Maire des Sables d’Olonne, chargé du Nautisme – En raison de la forte actualité nautique et du nombre de compétitions ou événements nautiques se déroulant à partir de la ville phare de la Côte de Lumière, et du fait de ses connaissances certaines sur ce secteur et le milieu nautique, il nous est apparu intéressant de dresser avec lui un panorama des dossiers qu’il gère ou dont il a à connaître. Lionel Pariset a accepté de se dévoiler dans une interview exclusive au Reporter sablais.
Le Reporter sablais

Le Reporter sablais: Quel est votre parcours dans le secteur du nautisme?
Lionel Pariset: Ma famille a toujours aimé la voile, j’ai donc effectué des stages de planche-à-voile et de voile – dériveur, catamaran – mais pas là où on peut le penser… c’était sur des lacs, dans la région de Clermont-Ferrand. Je viens en effet de la capitale de l’Auvergne.

LRS: Et un jour, vous avez quitté les lacs?…
LP: Entre 19 et 24 ans, j’ai effectué 4 saisons à l’UCPA comme moniteur de voile estival, à Quiberon, Concarneau etc… Alors que j’étais moniteur, j’ai effectué des formations afin de devenir chef de bord. Ensuite à la fin de mes études, fin 1995, j’ai connu mes premières expériences de Course au large avec la « Transat des Alizées », une course entre Brest – Casablanca – Pointe-à-Pitre. Nous étions 4 sur un « Romanée », un bon bateau en alu de 10,20m.

LRS: Vous êtes chirurgien-dentiste, comment vous êtes vous retrouvé aux Sables d’Olonne?
LP: J’ai fait mes études pour devenir chirurgien-dentiste à Clermont-Ferrand mais, en raison de ma passion pour la voile et la navigation je voulais me rapprocher du littoral. J’ai d’abord exercé entre 1996 et 99 à Quiberon, puis en 1999 j’ai exercé à La Roche-sur-Yon tout en vivant à Montaigu. En 2001, j’ai monté un cabinet, toujours à La Roche-sur-Yon et j’ai quitté Montaigu pour venir vivre aux Sables d’Olonne.

LRS: C’est le Vendée Globe qui a servi d’aimant?
LP: J’adorais la voile, mais depuis la naissance du Vendée Globe en 1989 j’avais une passion extrême pour cette course devenue mythique. Un peu plus de dix ans après ce « flash » incroyable pour le Vendée Globe, j’habitais donc aux Sables d’Olonne.

LRS: Il y a certes la course qui est très belle en soi, mais les rencontres avec les skippers entretiennent le mythe. Avez-vous une anecdote particulière à nous raconter?
LP: C’était lors du Vendée Globe 2000, j’habitais encore à Montaigu. En raison de fortes tempêtes, le départ du Vendée Globe avait été reporté du lundi au jeudi. Le jeudi soir, après la première journée de course je regardais à la télévision les classements des skippers lorsque je reçois un appel de la clinique de La Roche-sur-Yon pour soigner une dent cassée d’un des skippers! Il s’agissait de Roland Jourdain qui avait fait demi-tour et rentrait au port car son bateau avait un problème technique (NDLR: il fallait réparer une drisse) et, en plus, il avait glissé sur le winch et s’était cassé une dent. (NDLR: Roland Jourdain finira 3ème du Vendée Globe sur Sill Matines La Potagère)

Accueil des skippers – Vendée Globe 2016 – A gauche, Lionel Pariset – © Photo: En Mille & Une Images

LRS: Votre premier contact au coeur du Vendée Globe est donc dû à la dent cassée d’un des skippers. D’autres expériences du même genre?
LP: Non, mais pourtant j’étais spécialisé en la matière car pour ma thèse de chirurgie dentaire le sujet que j’avais choisi était: « Prévention des troubles bucco-dentaires chez les marins en Course au large » et pour cette thèse j’avais interviewé des navigateurs comme Olivier de Kersauson, Loïc Peyron, VDH etc..

LRS: Quelles expériences avez-vous avec la Course au large?
LP: A partir de 2002, je me suis occupé des démarches de recherches de sponsors, de dossiers administratifs et de la préparation du bateau pour un jeune skipper qui allait participer à la Mini-Transat 2004. Il a ensuite poursuivi en Class40.
En 2004, j’ai rencontré un skipper du Vendée Globe 2004, Norbert Sedlacek. J’ai été l’un de ses aides pour la partie administrative et technique (NDLR: 1er autrichien à participer au Vendée Globe, Norbert Sedlacek, après un départ marqué par de nombreux problèmes techniques – perte de deux voiles et rupture de la tête de mât – a dû abandonné au large de Cape Town en raison de la casse d’un élément de la quille.)
En 2008, je l’ai aidé à nouveau, notamment sur la communication. Pour cette édition, Norbert est arrivé 11ème et dernier de l’épreuve (NDLR: 19 autre skippers avaient abandonné).
En 2010, c’est en tant que navigateur que j’ai participé à un convoyage entre Les Bermudes / Ortha (Açores) avec Norbert Sedlacek et deux autres marins.

LRS: Après les aspects sportifs et professionnels, passons au dossier politique… Comment vous retrouvez-vous au Conseil municipal des Sables d’Olonne?
LP: En 2008, je faisais partie de la liste d’opposition pour les élections municipales contre la liste du Maire sortant Louis Guédon. Nous avons eu 5 élus, par exemple Geoffroy de Baynast, Isabelle Gallot etc.. Moi j’étais 6ème sur la liste et donc non-élu. Mais j’ai siégé au bout d’un moment à la suite d’une démission, mais bien sûr dans l’opposition donc sans pouvoir de décision.
Pour les élections municipales de 2014, notre petit groupe a pris de l’ampleur. A l’époque, Didier Gallot hésitait à se présenter puis a pris la décision d’y aller vers juin/juillet 2013. Et notre liste a remporté les élections. En raison de mes connaissances sur le sujet, j’ai été nommé adjoint au Nautisme.

Lionel Pariset, adjoint au nautisme Les Sables d’Olonne – © Photo: DR

LRS: Le nautisme, c’est incontournable aux Sables d’Olonne. Que pouvez-vous en dire et quels sont les projets?
LP: Le nautisme, c’est bien sûr une valeur importante pour Les Sables d’Olonne, c’est un vecteur à la fois sportif et économique. On le voit avec le Vendée Globe, mais aussi pour tout un environnement nautique hors du Vendée Globe qui permet la création d’emplois et le développement d’entreprises de constructions nautiques.
Le nautisme est un véritable axe de développement économique pour la ville des Sables d’Olonne et cela permet aussi d’attirer des sponsors pour des projets porteurs.

LRS: Quel a été le projet de votre équipe, lorsqu’elle a pris les rênes  en matière de nautisme?
LP: Dans le projet de Didier Gallot, nous souhaitions développer un Pôle nautique pour des marins qui seraient installés aux Sables d’Olonne afin de les aider à se préparer pour le Vendée Globe et d’autres courses maritimes. Cela en visant au départ le potentiel des skippers du Vendée Globe. Arnaud Boissières, par exemple, est resté aux Sables d’Olonne en partie grâce à un soutien pour préparer son bateau dans le Village nautique. Il serait peut-être parti ailleurs sans la mise en place de ce pôle qu’ont rejoint Nandor Fa, Manu Cousin (Class40) qui est Normand et a vraiment l’esprit Vendée Globe, Xavier Macaire (classe Figaro) champion de France 2015, et d’autres marins de la classe mini etc… Ces marins ont intégré le pôle aux Sables d’Olonne car notre Ville reste aux yeux des skippers et des sponsors le meilleur endroit pour une préparation au Vendée Globe. Il devrait y en avoir 5 ou 6 pour 2020, c’est déjà un bon début.

LRS: Et sur les autres activités nautiques?
LP: Nous souhaitons recréer une vraie dynamique autour du nautisme et des activités nautiques. On veut développer la pratique de la voile légère en bord de plage. Le projet est de ramener les jeunes à la pratique de la voile car on constate un nombre insuffisant de jeunes dans l’Ecole de sport du SNS. On travaille avec la direction de l’Institut Sports Océan (ISO) à Tanchet et avec l’Education nationale sur un projet pédagogique global qui concernerait les écoles, collèges et lycées des Sables d’Olonne et ensuite éventuellement sur l’Agglomération. L’objectif étant de donner aux jeunes le goût des sports nautiques et de la voile en particulier.

Remise des Prix de la Solo Maître Coq 2017 – A gauche Lionel Pariset – © Photo: Le Reporter sablais

LRS: En matière de compétitions nautiques, pouvez vous nous éclairer sur les épreuves et leur hiérarchie?
LP: Les Courses au large ont un rôle important car elles sont initiatiques au Vendée Globe, elles en constituent le réservoir. Chaque classe – mini, 40, Figaro – est une étape vers le Vendée Globe, et permet d’emmagasiner  de l’expérience. D’autre part, nous souhaitons que pour chaque course organisée aux Sables d’Olonne, dans chacune des classes, le départ et l’arrivée se fassent aux Sables d’Olonne. Vous l’avez vu, il y a une émotion exceptionnelle pour les skippers du Vendée Globe lorsqu’ils traversent le fameux chenal; on souhaite que l’esprit Vendée Globe auquel on peut aussi ajouter ce franchissement du chenal, crée une émulation pour les jeunes.
Pour la hiérarchie, en class mini se déroule tous les deux ans Les Sables d’Olonne / les Açores. En class40, c’est Les Sables d’Olonne / Ortha (tous les deux ans, en alternance avec la class mini). En classe Figaro, il y a la Solo Maître Coq tous les ans. Cette hiérarchie a été mise en place depuis environ 2003 / 2005, l’idée étant donc de promouvoir et de donner une visibilité au Vendée Globe. Tout cela est difficile à gérer car les moyens publics sont en baisse et les coûts augmentent toujours; il est donc désormais nécessaire de développer le sponsoring privé.

LRS: Les Sables d’Olonne connaît quelques conflits entre organisations nautiques. Pouvez-vous nous en dire plus et nous donner votre point de vue?
LP: Les Sports Nautiques Sablais (SNS) avaient décidé de ne plus organiser la course Les Sables d’Olonne / Ortha, en tout cas le président du SNS de l’époque l’avait expressément formulé. Lorsque l’association Les Sables d’Olonne Vendée Course au large s’est montée, le seul objectif était alors d’apporter un soutien et une logistique pour les skippers et leur préparation en vue du Vendée Globe. Devant les événements et l’obligation de faire perdurer la course Les Sables d’Olonne / Ortha, j’ai proposé à LS Vendée Course au large de prendre l’organisation en charge tout en prévoyant d’en laisser la partie mer et technique au SNS, en tant que prestataire. Cette solution semblait convenir aux protagonistes.
Là dessus, il y a eu un changement de président au SNS et se sont enchaînés des problèmes de personne et l’absence d’entente entre les deux associations.
Après l’organisation par LS Course au large de Les Sables d’Olonne / Ortha (class40), les deux autres classes (class mini et classe Figaro) ont demandé que l’organisation soit effectuée également par LS Course au large.
Notre souhait était de fédérer et non pas de déclencher une guerre qui n’a pas lieu d’être. Cela peut avoir des conséquences irréversibles sur la Course au large aux Sables d’Olonne, ce qui serait dommageable.

LRS: Les Sables d’Olonne doit-elle se reposer presque exclusivement sur le nautisme?
LP: Le nautisme est un vecteur important en matière touristique. Après, effectivement, il faut développer d’autres axes. La fusion entre les trois villes du Pays des Olonnes devrait nous y aider afin de mettre en place d’autres activités. Je crois, par exemple, beaucoup au développement par le biais des ressources marines, c’est sans doute une mine d’or. Ces ressources sont peu exploitées aux Sables d’Olonne, et même ailleurs. On doit travailler sur ces potentiels en visant un développement scientifique et technologique.

LRS: Les activités sont souvent saisonnières et, par exemple, au sein du département de la Vendée des diversifications sont mises en place en s’appuyant sur la gastronomie ou le tourisme d’affaires. Quelle est votre vision?
LP: Il faudrait trouver quelque chose en lien avec le Vendée Globe et qui s’appuie sur le tourisme d’affaires. Le Vendée Globe est un « aspirateur » avec 2 millions de visiteurs sur 3 semaines!

LRS: Le Vendée Globe a lieu tous les 4 ans. Le monde va désormais beaucoup plus vite. Faut-il l’organiser tous les 3 ans pour à la fois permettre aux apprentis skippers d’y participer plus rapidement et pour dynamiser la découverte de la Vendée et de son littoral, et parallèlement accroître les retombées économiques créatrices d’emplois pour les Vendéens?
LP: je pense que 4 ans c’est un bon rythme. Quand un skipper souhaite un bateau neuf, quatre années ne me paraissent pas de trop pour la préparation nécessaire. Le rythme me paraît bon, surtout pour les skippers. Mais il pourrait y avoir des événements intermédiaires au Vendée Globe vers les Açores, Barcelone, New-York … mais toujours avec des Imoca, afin comme vous l’indiquez de dynamiser les différentes retombées, économiques et médiatiques.

LRS: La course New-York / Vendée-Les Sables d’Olonne sera-t-elle à nouveau organisée?
LP: Aux Sables d’Olonne nous y sommes favorables, mais ce sont Océan Masters et Imoca qui sont les décideurs ainsi que le département de la Vendée. C’est désormais validé par l’IMOCA, mais il reste à savoir qui va l’organiser. Ça apporterait un plus en matière de prestige aux Sables d’Olonne en tant que ville d’arrivée. C’est une course qui est un bon galop d’essai pour le Vendée Globe.

LRS: Que pensez-vous de l’organisation du Air Show Vendée, un grand meeting d’aviation aux Sables d’Olonne prévu au mois de juin?
LP: C’est un de ces événements qui sortent du nautisme et qui vont apporter une diversification.

LRS: Il ne suffit pas d’organiser des événements, encore faut-il que les accès au département de la Vendée soient facilités. Alors que Paris / Bordeaux s’effectue désormais en 2h, que pensez-vous du TGV qui met 1h1/2 entre Nantes et Les Sables d’Olonne? N’y a-t-il pas un nouveau risque d’enclavement?
LP: Le mot est un peu fort, mais c’est une vraie calamité. On va plus vite en voiture, c’est incongru! On parle de développement vert, mais parfois pour des raisons d’horaires ou pour rattraper une liaison vers Paris, je suis obligé de monter en voiture jusqu’à Nantes!

Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais




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