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La Vendée s’invite dans le débat NDDL Aéroport Une épine pour la présidentielle ?

Le dossier de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes s’étend dangereusement pour le Président de la République François Hollande. Ce pourrait être une sacrée épine pour sa campagne présidentielle s’il confirme sa volonté de se présenter aux élections d’avril-mai 2017.

Car ce dossier soutenu à bout de bras par son ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, est loin d’être résolu dans la mesure où le Gouvernement ne semble pas, malgré les promesses, vouloir évacuer le périmètre par la force. Quoi de mieux alors que de faire traîner les choses et, comme Ponce Pilate, s’en laver les mains en proposant un référendum local pour renvoyer dos-à-dos les protagonistes. Une manière de ne pas perdre d’électeurs parmi les écologistes et défenseurs de la nature, d’un côté, ou les tenants du développement économique de l’autre.
Le 11 février 2016, François Hollande déclara à la télévision qu’il « demandait au Gouvernement, avec les élus locaux d’organiser un référendum local » et cela avant le mois d’octobre 2016 puisque c’est à cette date que devait démarrer les travaux.  Il précisa au surplus que si la réponse était positive tout le monde devrait l’accepter !  Et a contrario, si la réponse est négative l’Etat en tirerait les conséquences…..
Bruno Retailleau, président de la région des Pays de Loire estime que ce projet de référendum découle des tractations pour l’entrée des anciens de EELV Ecologie au Gouvernement alors que François Hollande assure de son côté qu’il « n’y a pas eu de négociations avec Emmanuelle Cosse » ce que cette dernière confirme aussi.

Toujours est-il que le dossier s’étend dangereusement car depuis la proposition de référendum, supposé circonscrit au seul département de Loire-Atlantique – « il pourrait correspondre au département de Loire-Atlantique » déclara Manuel Valls – ce sont désormais quatre départements de plus qui seront sans aucun doute consultés à la demande de leur président : la Mayenne, le Maine-et-Loire, le Morbihan et la Vendée.

Le référendum doit concerner la Vendée
Yves Auvinet, le président du Conseil départemental de Vendée, bien que favorable au nouvel aéroport – c’est un fidèle de Bruno Retailleau qui réclame que l’Etat fasse respecter la loi et évacue le site – s’est exprimé ce jour par communiqué :
« L’idée d’organiser un référendum sur le projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne peut qu’interpeller les élus locaux, et tout spécialement ceux du Grand Ouest : comment peut-on en effet passer outre les choix des élus, dont la légitimité démocratique ne peut être remise en cause ? Et comment peut-on faire comme si de très nombreuses décisions de justice n’avaient pas validé le projet en rejetant les recours intentés.
Au-delà du principe même de cette consultation, les modalités qui semblent prévaloir ne peuvent que nous interroger: car comment est-ce possible d’imaginer un seul instant que ce référendum puisse être réservé à la population de la Loire-Atlantique ? Envisager cette exclusivité sur un projet aussi structurant pour l’ensemble du Grand Ouest n’est pas sérieux.
Je demande donc au gouvernement, d’abord, de faire prévaloir les règles qui sont celles d’un Etat de droit : le référendum n’a pas d’utilité ; la ZAD doit être évacuée sans délai et les travaux doivent être lancés. J’appelle ensuite le gouvernement, s’il devait persister dans l’idée d’une consultation sur ce projet, à permettre à tous les départements concernés de se prononcer. Je rappelle enfin la position du département de la Vendée : oui au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il va de soi qu’il devra être accompagné d’un nouveau franchissement sur la Loire. »

Yves Auvinet exige donc – si l’Etat persistait dans la volonté d’organiser ce référendum – « que le département de la Vendée puisse se prononcer » – et rappelle qu’en cas de construction de ce nouvel aéroport « un nouveau pont devrait être construit sur la Loire » afin de faciliter l’accès à l’aéroport pour les Vendéens.

Bruno Retailleau opposé au référendum
Bruno Retailleau a compris depuis longtemps que ni le Président ni le Premier ministre ne veulent bouger sur ce dossier malgré les nombreuses demandes de sa part : « Il y a plus de 155 décisions de justice favorables à Notre-Dame-des-Landes. François Hollande n’arrive pas à décider car il n’aime pas ça ».
Quant au référendum, Bruno Retailleau y est totalement opposé car inutile pour lui : « Le problème de ce référendum, outre qu’il n’a pour l’instant aucune base légale, est qu’il sera contesté par les pro et par les anti. Vous croyez que les zadistes vont partir parce qu’il y aura eu une consultation? C’est inextricable. On se perd! La seule question qui vaille est: faut-il oui ou non transférer l’aéroport de Nantes? La réponse est oui. Sinon on  va empêcher les régions Pays-de-la-Loire et Bretagne de se développer, une entrave de plus au développement de nos emplois ».

Une Vendée mal desservie
Quant à Yannick Moreau, député de la Vendée littorale, il considère que « Notre-Dame-des-Landes est un aéroport défavorable à la Vendée (…), trop loin, trop cher, trop inaccessible, trop nanto-nantais, trop pénalisant pour l’économie vendéenne, et particulièrement pour l’économie touristique, fleuron de notre économie. »
« Même avec un nouveau pont sur la Loire à l’ouest de Nantes, pourtant indispensable avec ou sans nouvel aéroport, ce projet pharaonique ne peut avoir que des conséquences défavorables à l’attractivité et au dynamisme vendéens » ajoute-t-il.
Plus virulent : « L’aéroport de Notre Dame des Landes est un fiasco, un scandale, et le symbole ultime d’un président de la République qui n’assume pas ses responsabilités de « chef » de l’Etat, garant de l’Etat de droit. »

Un dossier loin d’être clôt
Mais ce référendum résoudra-t-il les problèmes comme voudrait le faire croire François Hollande : est-ce que les zadistes abandonneraient leur opposition alors que le dossier est bloqué depuis des décennies ? Et en cas de non, les politiques et élus qui y sont favorables lâcheraient-ils si facilement leur souhait de création de cet aéroport, d’autant plus qu’une nouvelle majorité pourrait accéder au pouvoir en 2017 !!?

L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes va s’inviter à la prochaine présidentielle et peut-être en être un des arbitres : avant la présidentielle en pourrissant la campagne de François Hollande, après la présidentielle car si la droite revient au pouvoir elle aura les coudées franches pour une évacuation par la force.

Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais

 

Note : 1) – Les référendums locaux consultatifs existent depuis février 1995. Un cinquième des électeurs inscrits sur les listes électorales peuvent saisir le Conseil municipal en vue de l’organisation d’une consultation sur une opération d’aménagement relevant de la décision des autorités municipales. Mais cette consultation n’est qu’une demande d’avis.
2) – Les référendums locaux à valeur décisionnelle peuvent être organisés par les collectivités locales depuis mars 2003 et ont été formalisés par la loi du 1er août 2003. Un taux minimum de participation de 50% des électeurs inscrits est exigé pour que la consultation ait une valeur décisionnelle et doit concerner une affaire de la compétence de la collectivité territoriale. 

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