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Golden Globe Race – L’étonnante lettre de la FF Voile

Golden Globe Race – L’étonnante lettre de la FF Voile




Hier, se déroulait la présentation des skippers de la Golden Globe Race 2018 aux Sables d’Olonne. Dix huit parmi les vingt-trois sélectionnés avaient fait le déplacement et la présentation fut effectuée par Don McIntyre, l’organisateur, accompagné de Yannick Moreau, président de l’Agglomération des Sables d’Olonne.
Beaucoup se sont satisfaits de l’organisation de cette course à l’ancienne, et le soutien de la société PRB au navigateur Philippe Péché fut remarqué.
Dans les couloirs – ou plutôt sur les pontons – avant la photo de famille, plusieurs spécialistes se sont étonnés de la très récente position de la Fédération Française de Voile à propos de la course et ont considéré que la lettre envoyée avait plutôt valeur de position politique….

Nous nous sommes procurés cette lettre fédérale, signée du vice-président de la FFVoile, Henry Bacchini, étonnamment envoyée le 30 novembre 2017, juste quelques jours avant la réunion des skippers avec les organisateurs en ce mercredi 6 décembre 2017. Que dit-elle?
Dans un long paragraphe, la FF Voile rappelle qu’elle « a délégation de l’Etat via le Ministère chargé des sports pour édicter la règlementation sportive de la discipline » et « pour transposer la règlementation internationale en vigueur. » Elle précise également qu’elle « édicte des normes internes » relatives « tout particulièrement à la sécurité des participants. »


Reste à savoir si cette compétition doit être considérée comme une compétition française relevant donc des règles fixées ou transposées par ladite fédération. On rappellera que le siège social de la société organisatrice est aux îles Tonga, en Polynésie (Océanie).
Rien n’est moins sûr, et c’est donc pourquoi, dans son courrier, la fédération concernée n’hésite pas à mettre en garde en indiquant qu’elle se verrait « tenue de communiquer (sa) position à l’autorité administrative maritime compétente pour autoriser les manifestations nautiques en mer. » (NDLR: en l’occurence la Préfecture maritime).
Sa position étant donc à ce jour un « avis réservé, voire défavorable. »

Lors de la réunion des skippers d’hier, Yannick Moreau a déclaré que la « Golden Globe Race était une longue route qui peut croiser de petits vents contraires, mais la navigation au près est incontournable dans ce type d’événement nautique. »
Il a ajouté, de manière non anodine… qu’il ne fallait pas « opposer les courses les unes aux autres. La Grande famille de la Course au large en solitaire peut et doit rassembler. Il y a de la place dans cette grande famille pour les courses rapides de haute technologie comme pour les marathoniens des océans qui sont prêts à naviguer neuf mois autour du monde comme vous vous apprêtez à le faire l’année prochaine. »
Etait-ce alors une manière d’indiquer qu’il ne fallait pas intégrer la politique et les luttes intestines de pouvoir au sein de la Course au large?

Don McIntyre est, lui, intervenu sur le dossier de la sécurité. Il a déclaré que, « concernant la sécurité, il faut savoir que l’on est au point, que l’on a testé de nombreuses choses et, il n’y a aucun doute la course présente les garanties de sécurité pour les participants. »
Une position que semblait partager Jean-Luc Van Den Heede (il partira sur un Rustler 36 au nom de la Matmut) – dont l’expérience en la matière est considérable et qui a déjà participé au Vendée Globe et à de nombreuses courses* – qui a bien sûr étudié le déroulement du projet et qui répondit durant la cérémonie aux questions concernant le tracking. Les bateaux pourront être au contact direct avec les organisateurs et leur visualisation pourra être faite.
(*5 tours du monde en solitaire dont 4 en course, et un record du Tour du monde contre les vents et les courants en 2004).
Plus précisément, les voiliers seront « équipés de balise de suivi de position, de balises de détresse et d’un téléphone satellite iridium pour avoir un contact hebdomadaire avec le Comité de course. »
(Note de la revue: il existe 4 sociétés de téléphone satellitaire: Iridium, Inmarsat, Thuraya et Global Star. IRIDIUM possède un réseau de plus de 70 satellites gravitant en permanence autour du globe, et c’est le seul opérateur à ce jour capable d’assurer une couverture satellite mondiale. Il est donc possible d’envoyer (ou de recevoir) un appel (ou également un sms) depuis n’importe quel endroit dans le monde (y compris aux pôles).
Jean-Luc Van Den Heede indiqua donc qu’un contact pourrait être pris à tout moment avec les organisateurs, et qu’également était prévu en secours des panneaux solaires.


Pour continuer sur la sécurité, autant Yannick Moreau que Don McIntyre semblaient ouverts à toutes les discussions pour avancer sur les points qui pouvaient éventuellement poser problème en matière de sécurité. McIntyre lui-même a déjà annoncé que certains points avaient évolué pour coller aux demandes et suggestions émises, notamment en matière de technologie embarquée.
Henry Bacchini indique d’ailleurs dans son courrier que ses services « travaillent activement avec les organisateurs de la compétition pour trouver des solutions efficaces visant notamment à assurer, dans la meilleure mesure possible, la sécurité des concurrents (…) »

Il n’en reste pas moins que la lettre du 30 novembre 2017 est étonnante, notamment car on a appris depuis que les organisateurs avaient un rendez-vous avec la Fédération Française de Voile le….14 décembre 2017 ! Une lettre donc très étrange, à 15 jours d’un RDV pour continuer à mettre au point l’organisation et la sécurité….!
D’ailleurs Don McIntyre ne dit rien d’autre que nous…..:
“(…) We have a meeting with the FFV set for December 14 to discuss these issues so I am at a loss to understand why the FFV would go public before that meeting.”.
(Nous avons une réunion avec la FFV le 14 décembre pour discuter des problèmes, aussi j’ai du mal à comprendre pourquoi la FFV a voulu rendre public ce courrier avant cette réunion.)
Sous le sceau de la confidentialité, un skipper très connu nous indiquait que cela était très politique. La FF Voile se sentirait-elle à l’écart de cette Golden Globe Race et donc comme partie insignifiante mettant à mal son ego?

Mise à jour: La réponse de Van Den Heede
« Je suis stupéfait d’appendre par voie de presse les déclarations de la FFV disant que : « Le GOLDEN GLOBE est une épreuve complètement aléatoire et dangereuse » alors que la sécurité est le souci principal de l’organisateur et que nous disposerons de tous les éléments modernes pour assurer notre sécurité.
Dangereuse… alors que nous marchons à 6 nœuds avec de petits bateaux de 11m, alors que cette même Fédération encadre les épreuves avec participation de bolides mesurant 30m et dépassant les 40 nœuds !
J’ai personnellement apprécié cet autre commentaire : « On ne part pas comme ça avec des gens qui ont un certain âge ». J’ignorais qu’il y avait un âge limite pour faire de la voile à la Fédération ! Enfin il parait que cette course est un « doux rêve », j’acquiesce à cette dernière réflexion en précisant que c’est plutôt un beau rêve en passe de devenir réalité !
La publication est faite alors que la réunion avec l’organisation de la course n’a lieu que dans une semaine. J’ose espérer que cette réunion avec la FFV se déroulera dans un esprit plus constructif que polémique ! »  Signé Van Den Heede

Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais

 




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