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Au coeur de la vie quotidienne à La Chaume 1917 – 1936




Gaby Anger est née à La Chaume en 1917. Mon propre père, d’origine chaumoise, est lui né aux Sables d’Olonne en 1912.
Je n’ai pas connu Gaby Anger, mais elle m’a désormais tout dit de La Chaume; j’ai connu mon père, mais il ne m’a rien dit de La Chaume. Où alors j’ai tout oublié….
Je ne me souviens que de l’histoire qu’il nous racontait à propos du phoque Loulou. Gaby, aussi, la raconte cette fameuse histoire, celle de ce phoque échoué sur la côte de La Chaume, sur la route menant aux parcs à huitres, et qui fut recueilli par un ostréiculteur qui le baptisa Loulou. Il fit longtemps la joie des visiteurs et donna son nom au parc ostréicole, à la Côte ainsi qu’au futur restaurant. 

La Chaume 1917 – 1936

Mais La Chaume, c’est bien plus que quelques anecdotes. Gaby Anger née Louineau, dans son ouvrage « Souvenirs d’une enfant de La Chaume » nous fait pénétrer avec force détails dans le quotidien des Chaumois, au début du 20ème siècle. Tout n’est pas rose à cette époque car les péris en mer sont très nombreux.
Nous sommes en 1924 et Gaby a 6 ans.
Son père, Frédéric Louineau, est marin-pêcheur sur un dundee, L’Elite, et il est parti pour la pêche depuis un bon moment lorsqu’elle reçoit deux cartes de lui en provenance de La Rochelle, depuis le port où le patron est allé vendre sa pêche. Il apprend à Gaby, par sa missive, que le poisson de la troisième marée sera vendu aux Sables d’Olonne vers le 10 janvier 1924. Il ne sera donc pas là pour Noël!
Gaby raconte:
« Au matin du 9 janvier, je me réveillai comme d’habitude. Mais comme dans un flou, je sentis qu’il y avait quelque chose d’inhabituel. Et la seule image nette qui me soit restée de cette journée, c’est maman assise, Jean et moi contre elle, ma soeur, Léandre, mes frères debout et maman disant: Mes pauvres petits qu’allez-vous devenir?  »
« J’ai compris ensuite qu’il y avait eu un grand mauvais temps et que mon père ne reviendrait pas.  »
Gaby poursuit: « Dans les semaines suivantes les corps de trois marins furent retrouvés sur la côte au-delà du Phare rouge. Le 9 février on vint chercher ma mère. Elle dut aller sur la plage reconnaître le corps de mon père. (…)  »

Les débris de L’Elite

Les péris en mer
Les marins de La Chaume prenaient des risques durant l’hiver, il fallait bien nourrir les familles. Pratiquement dans chaque famille, il y avait eu un disparu, un péri en mer. La Chaume, c’était ça aussi: de jeunes veuves habillées de noir qui portaient le deuil de leur mari pêcheur.
L’auteur nous fait heureusement découvrir bien d’autres choses sur La Chaume, et de belles choses. La force de cet ouvrage est de nous faire voyager à travers les ruelles de La Chaume, dans l’intimité de la vie quotidienne des Chaumois: la soupe, les écoles, les chemins de traverse et les passages en forêts, le travail à l’usine de sardines, l’allumage des réverbères, les missions du garde champètre, tout ceci, cette vie chaumoise, est découvert dans le détail.
On y apprend l’origine du nom bien spécifique de ramasse-bourrier et même l’existence des octrois (impôt perçu pour faire entrer une marchandise dans une ville) dont l’un se trouvait face au pont de La Chaume, à l’entrée des Sables.

Gaby Louineau, alors jeune-fille

Gaby nous fait vibrer à travers les fêtes de La Chaume, détaille l’activité des petits métiers et l’ambiance des rues qui comportaient de nombreuses épiceries. Ah! ces épiceries… Car si les familles étaient informées des nouvelles du canton par La Vendée républicaine qu’elles achetaient presque toutes, les commérages dans les épiceries apportaient leur lot d’informations…

Nous arrêterons là notre incomplète description de cet ouvrage tant il y aurait à dire sur la richesse de son contenu. Croyez-moi, vous en apprendrez beaucoup plus sur La Chaume en lisant cet ouvrage incontournable qu’en déambulant le long de ses quais.
Et lorsque vous l’aurez lu, il vous prendra une envie soudaine d’aller vous promener entre dune et marais dans ces beaux prés où « les graminées en fleurs ondulent sous la brise en reflets argentés » ou d’aller voir ces « sauniers qui aux heures chaudes du jour sortent le sel de l’eau et élèvent sur les chaussées de blancs mulons. »
Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais

En vente dans toutes les bonnes librairies
« Souvenirs d’une enfant de La Chaume » – 2016
350 pages – Geste Editions – 25€




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